« Quel est votre parcours ? »
Après un bac scientifique, j’ai décidé de me tourner vers une licence en Sciences du langage, que j’ai réalisée à Nancy, à l’Université de Lorraine. À l’époque, je souhaitais devenir professeure des écoles.
Durant ma licence, j’ai eu le plaisir de découvrir la linguistique et ses multiples facettes, mais aussi la langue des signes française (LSF), lors de cours proposés par l’université. J’ai eu un véritable coup de foudre pour cette langue et son histoire, et la culture Sourde plus généralement. Au moment de choisir mon master, j’avais finalement très envie de continuer à apprendre la LSF et d’approfondir mes connaissances en linguistique. J’ai alors revu mon projet professionnel et j’ai décidé de me lancer dans un monde que je ne connaissais que très peu : celui de la recherche ! J’ai fait un master de recherche en Sciences du Langage (Analyse et Traitement du Lexique), avec une option en Traitement Automatique des Langues, toujours à Nancy.
Au cours de mon master, j’ai découvert une équipe de recherche qui s’intéresse au traitement automatique des langues des signes, au LISN, un laboratoire d’informatique situé en région parisienne. Cela alliait toutes les disciplines qui me passionnaient ! J’ai eu l’occasion de faire deux stages dans cette équipe, et ceux-ci n’ont fait que renforcer mon envie de continuer à travailler dans la recherche, au plus près des langues des signes. J’ai alors décidé de me lancer dans cette grande aventure qu’est la thèse, toujours dans cette équipe, et je suis aujourd’hui à la moitié de mon doctorat.
« Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ? »
Je fais du traitement automatique des langues des signes, et je m’intéresse plus particulièrement à la modélisation de la LSF. Je travaille sur un modèle qui s’appelle AZee. Il nous permet de représenter la LSF formellement, c’est à dire d’une façon à ce que la description d’un discours, par exemple, puisse être lue par des ordinateurs, sans aucune ambiguïté.
Je m’amuse à chercher des contraintes sur ces descriptions : puisqu’elles représentent la langue, toutes les contraintes présentes dans celle-ci devraient se retrouver dans nos descriptions. On cherche ainsi à créer une grammaire formelle de la LSF, basée sur AZee.
Mon travail vise ainsi à mieux décrire la langue (et donc mieux la comprendre !) et à restreindre linguistiquement AZee. Celui-ci a des applications plus pratiques, comme générer des discours avec des signeurs virtuels ou bien aider à la traduction automatique entre français et LSF.
« Pourriez-vous partager avec nous ce qui vous a poussée à faire ce métier ? »
J’ai toujours mis un point d’honneur à étudier des choses qui me plaisaient, j’ai donc suivi mes envies tout au long de mon parcours et je ne le regrette pas. Le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur est un milieu très stimulant, dans lequel je m’épanouis totalement. Un jour, j’enseigne et je lis des articles ; le lendemain, j’analyse des vidéos en LSF et j’écris un résumé ; le surlendemain, je pars en conférence présenter mes recherches… On ne s’ennuie pas vraiment lorsque l’on est doctorant·e, et cette effervescence me plaît beaucoup !
« Quels conseils souhaiteriez-vous adresser à des jeunes filles et/ou femmes qui s’orienteraient vers la Recherche et/ou l’enseignement supérieur ? »
Qu’elles n’hésitent surtout pas si elles en ressentent l’envie. Les femmes ont tout à fait leur place dans le monde de la Recherche, quelle que soit la discipline, à n’importe quel poste !
Contact
Camille Challant | camille.challant [at] universite-paris-saclay.fr
Doctorante à l’Université de Paris-Saclay | Laboratoire LISN, ancienne étudiante à l’Université de Lorraine
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-> Consultez le programme de la 4e Journée d’étude Master Sciences du Langage «Langue et interface» | vendredi 31/03/2023 | 9h > 17h