-> Domaine : sciences du langage, linguistique
-> Titre : Description syntaxique des interrogatives partielles chez les enfants francophones : situation de diglossie ou exploitations différenciées d’une unique grammaire ?
-> Résumé de la thèse
Dans cette thèse, nous nous intéressons à la manière dont les enfants francophones s’approprient le système des interrogatives partielles directes (désormais IPD), particulièrement riche, du français. Effectivement, la langue française ne compte pas moins de dix tournures interrogatives en usage dans l’hexagone. D’un côté, on distingue les tournures conservant l’ordre sujet-verbe des phrases déclaratives du type comment il s’appelle ? ou bien il s’appelle comment ? Ces tournures, proscrites par l’Académie française et les manuels scolaires, sont pourtant les plus fréquentes à l’oral spontané ainsi que dans certains types d’écrits (SMS) chez les adultes francophones. De l’autre, on rencontre l’inversion sujet-verbe (comment s’appelle-t-il ?). Cette tournure possède un statut particulier en français : bien qu'enseignée à l'école comme étant la forme interrogative par excellence, elle demeure peu usitée dans la langue parlée par une large partie de la population et est minoritaire dans certaines productions écrites des adultes. Par ailleurs, certaines formes sont impossibles à réaliser (*quoi tu fais ?, *pourquoi part Jean ?) et d’autres sont très peu tolérées (?tu pars pourquoi ?, ?quand t’as dit ça ?). De fait, les mots interrogatifs sont soumis à diverses contraintes morphosyntaxiques, ce qui entraine des spécificités dans le fonctionnement des interrogatives en français. Ainsi, ce système étant hétérogène, on peut se demander comment les enfants s’approprient ces tournures entre norme, usages et contraintes grammaticales. Cette question constituera la première thématique de la présente thèse.
Ces tournures, selon qu’elles conservent ou non l’ordre sujet-verbe, ont un statut différent en français ce qui nous amène à nous questionner, dans un second temps, sur la manière de rendre compte de leur mode d’appropriation en tenant compte de l’input et de l’enseignement scolaire. Effectivement, nous défendons l’idée que les interrogatives avec inversion du sujet clitique (comment s’appelle-t-il ?) possèdent un statut grammatical spécifique différent de celles qui conservent l’ordre sujet-verbe comme comment il s’appelle ? et il s’appelle comment ? Et nous formulons également l’hypothèse que les mots interrogatifs ne fonctionnent pas de manière homogène. À cet égard, deux approches théoriques différentes peuvent être mises à l’épreuve des données et ainsi rendre compte de la variation : la théorie des savoirs grammaticaux de Blanche-Benveniste (1990) et l’approche diglossique de Ferguson (1959). À partir de ces deux modèles, nous proposons de réfléchir à l'articulation entre grammaire première/variété basse et grammaire seconde/variété haute en français.
Afin de répondre à ces deux questions de recherche, nous avons mené deux études sur corpus, la première à l’oral auprès d’enfants de 2-5 ans, la seconde à l’écrit chez des élèves de CE1-CM2. Nous avons aussi élaboré un test expérimental de productions orales que nous avons soumis à des élèves de moyenne section de maternelle et de CE1 dont nous avons également testé la compréhension de la tournure avec inversion du sujet clitique. Pour finir, nous avons soumis un questionnaire à des élèves de CM1-CM2 visant à évaluer leur représentation de la norme grammaticale de l’écrit. L’ensemble de ces sources de données nous permet d’étudier la distribution de diverses tournures dans des productions plus ou moins spontanées et en tenant compte du medium (oral/écrit) ainsi que du contexte (familial et/ou scolaire).
-> Composition du jury
Directrice : Marie-Laurence Knittel, maître de conférences HDR, Université de Lorraine / ATILF
Co-directeur : Christophe Benzitoun, maître de conférences, Université de Lorraine / ATILF
Rapporteur : Ruggero Druetta, professeur ordinaire, Université de Turin
Rapporteure : Florence Lefeuvre, professeure des Universités, Université Sorbonne Nouvelle
Examinatrice : Julie Glikman, professeure des Universités, Université de Lorraine / ATILF
Examinatrice : Katerina Palasis, maître de conférences, Université Côte d’Azur
Examinateur : Dan Van Raemdonck, professeur des Universités, Université libre de Bruxelles
-> Mots-clés
Interrogatives partielles, grammaire, acquisition, corpus, test expérimental, diglossie
-> Compléments d'information
- Lire l'article "Retour sur… l’accueil des lauréats des 2ᵉ et 3ᵉ prix du concours régional "La nouvelle de la Classe", 22/06/2022 où Pauline Gillet a conduit un atelier intitulé La linguistique, c’est quoi ? auprès d'élèves de classe préparatoire
- En pleine croissance : bébé sur écoute à l’occasion de la nuit européenne des chercheur·e·s, 30/09/2022, Campus Lettres & Sciences Humaines, Nancy.
- Consulter sa page personnelle
- Contact : pauline.gillet [@] atilf.fr | pauline.gillet [@] univ-lorraine.fr
- Lire l'article dédié sur le site de la MDD | Maison du doctorat de l'Université de Lorraine | ED n° 78 | école doctorale SLTC | Sociétés, Langages, Temps, Connaissances
copyright : SCOM ATILF