Chaque mois, découvrez le portrait d'un de nos ambassadeurs et ambassadrices de l’innovation formé.es à l’approche du Design de services par le Deep Change Lab et qui s'engagent à transformer nos pratiques pour une administration plus efficace et plus proche des usagers. Le Deep Change Lab s'inscrit dans notre démarche "Réinventons notre rapport au travail" en encourageant l'innovation et les outils qui la soutiennent pour améliorer notre organisation.
On continue notre série avec un nouveau portrait ! Romain Pierronnet, Chargé d'appui à la politique scientifique au Centre Européen de Recherche en Économie Financière et Gestion des Entreprises et Chargé de mission pour le Système d’Information Recherche, nous parle de son expérience d’ambassadeur et de ses motivations à rejoindre ce programme.
Pourquoi avez-vous souhaité intégrer le programme d’ambassadeur de l’innovation du Deep Change Lab ? Quelles étaient vos motivations ?
L’époque veut que l’on parle beaucoup d’innovation et c’est presque devenu un terme « tarte à la crème » et cela amène parfois à passer sous silence une foule de petites innovations du quotidien, des idées ou des initiatives qui prises dans un contexte et à un moment donné sont une innovation pour un collectif professionnel, mais ne le seraient pas pour d’autres ailleurs. J’avais donc envie de travailler sur cette notion d’innovation, mais dans un cadre collectif, en réseau, avec des collègues de tout l’établissement, car dans une université de notre taille, on ne cesse jamais de découvrir de nouvelles personnes … qui sont autant d’innovateurs en puissance. Il faut dire aussi que dans mon laboratoire, le CEREFIGE (Sciences de gestion et du management), l’innovation est un objet de recherche appréhendé dans les cadres théoriques de la discipline : cela rendait l’expérience d’autant plus intéressante et nous avions reçu il y a peu au laboratoire Franck Aggeri, auteur d’un essai « L’innovation, mais pour quoi faire ? » qui a fait parler sur le sujet …
Dans le cadre de ce programme, vous avez suivi une formation au Design de service, qu’en retirez-vous ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Nous avons pu bénéficier d’un vaste panorama de techniques parmi lesquelles piocher, dont certaines que je ne connaissais qu’en surface ou que je n’avais jamais eu l’occasion d’expérimenter directement. Néanmoins, il convient de garder en tête que ces techniques d’innovation s’intègrent aussi à des contextes, à des processus organisationnels qui sont mis en œuvre par des collègues de statuts et métiers différents. Ces collègues font tous leur travail avec leurs propres préoccupations, spécifiques à leur « professionnalité » c’est-à-dire selon des préoccupations et des pratiques légitimes qu’il convient d’intégrer, parfois de questionner ne serait-ce que pour les comprendre. Le design de service forme un ensemble de techniques utiles pour cela, mais il reste inutile s’il n’y a pas un message bienveillant et incitatif vis-à-vis de la prise de risque, du droit à l’expérimentation, du questionnement de règles, en lien avec nos missions fondamentales : le tout doit concourir à un sentiment de « confiance organisationnelle » c’est-à-dire, en somme, le sentiment que « on me laisse tenter le coup parce que ça sert les missions fondamentales de l’établissement ». Une façon aussi de « réinventer notre rapport au travail ».
Cette formation a-t-elle changé votre vision de l'innovation publique et/ou transformé vos pratiques ?
Elle rappelle surtout que contrairement à l’image que chacun se fait souvent du secteur public en général et universitaire en particulier, il y a aussi un souci d’innovation dans nos organisations. C’est un bon signal de voir des opérateurs publics s’en emparer localement, au-delà d’acteurs nationaux bien identifiés comme la DITP. Il faut le faire savoir en dehors de l’établissement, car notre image passe aussi par là.
Comment se décline cette pratique de l’innovation dans vos activités quotidiennes ?
En termes de posture, j’ai toujours une forme de frustration lorsque j’ai besoin de faire quelque chose qui sert les besoins de la recherche, mais qui sur l’instant n’apparaît pas possible … et ça me motive à chercher et parfois à entreprendre la conception de solutions : solliciter les services centraux, faire appel à des collègues d’autres structures, rechercher de l’expertise qu’elle soit administrative, ou parfois scientifique par exemple lorsqu’on monte des projets interdisciplinaires. Nous appartenons à un établissement d’une taille conséquente et je me dis quotidiennement « il y a bien quelqu’un qui doit avoir un bout de ce problème en commun avec moi » … et parfois un bout de solution ? Ce que je retiens du design de services réside donc en particulier dans le rapport à l’autre : chercher la « bonne controverse » pour faire émerger une solution, avec les bonnes méthodes. Ce n’est pas toujours simple ni même possible, mais on apprend toujours quelque chose et on découvre souvent quelqu’un, par la même occasion.
Je vais prendre un dernier exemple, avec ma casquette de chargé de mission « SI Recherche » pour l’Université de Lorraine : un petit groupe « commando » informel travaille depuis plusieurs mois pour améliorer la qualité des données RH et leur restitution dans les outils numériques de notre université. C’est un beau sujet qui associe de nombreux métiers différents qui ont tous des modes d’utilisation et des besoins spécifiques de ces données : c’est toujours extrêmement riche et intéressant de découvrir à quoi ces données servent, quels sens leur sont donnés et dans quels contextes … parce que cela permet de penser des indicateurs de manière plus complexe et robuste, d’améliorer la qualité des données par l’action collective … et pour le collectif.
Si vous deviez donner un conseil à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans une démarche d'innovation, quel serait-il ?
D’être prêt à requestionner sa démarche, car l’innovation est un moyen et pas une fin. A l’Université et en recherche en particulier, on sait bien qu’il faut être prêt à reproblématiser, à reposer les termes de « ce qui fait problème ». Dans une démarche d’innovation collaborative, il faut être prêt à le faire avec d’autres dont la rationalité, les besoins, la vision de l’organisation ne sont pas forcément les mêmes que les nôtres. Il y a donc une posture d’écoute, d’empathie et une recherche de remise en cause à privilégier très en amont : plutôt qu’arriver avec un « projet d’innovation », faire le point sur ses besoins dans la perspective de les discuter et de les enrichir.
Rattrapage :)
Si vous avez manqué nos précédents épisodes, retrouvez-les ci-dessous :
- Épisode 1 : Vincent Bellais, Responsable du pôle communication formations tout au long de la vie et vie étudiante et en charge de la communication de la DACIP à la Direction de la Communication : https://factuel.univ-lorraine.fr/node/28049
- Épisode 2 : Karine Treiber, Responsable Fonctionnel et Usagers CRM UL à la Direction des Partenariats : https://factuel.univ-lorraine.fr/node/28335
- Épisode 3 : Catherine Dine-Christen, Responsable administrative à l’IUT de Saint-Dié : https://factuel.univ-lorraine.fr/node/28542
- Épisode 4 : Cédric Sanlis, Directeur de la Vie Universitaire et de la Culture : https://factuel.univ-lorraine.fr/node/28944
Plus d’informations sur la démarche Réinventons notre rapport au travail : https://factuel.univ-lorraine.fr/node/25698)