[ANNIVERSAIRE] Regards croisés : le DMF, un dictionnaire de bien plus de vingt ans d’histoire …

 
Publié le 20/12/2021 - Mis à jour le 4/01/2022

Tout au long de 2021, l’ATILF a fêté ses 20 ans. Nous ne pouvions pas clore cet évènement sans évoquer le DMF | Dictionnaire du moyen français, qui doit sa pérennité à l’ATILF. Non pas que le laboratoire soit à son origine ; celle-ci remonte à 1980, et le projet était même bien avancé au moment où l’INaLF (Institut national de la langue française devenu ATILF en 2001) a été conduit à sa fin. Mais en 2001, une idée nouvelle s’est imposée, celle d’une "lexicographie évolutive" : le DMF s’est ainsi construit à l’ATILF par une suite d’étapes dont chacune a marqué un incontestable progrès.

 Membre de l’Institut de France, Professeur émérite à la Sorbonne, Directeur de l’INaLF (1992-1997)Nous avons donc saisi l’opportunité de croiser les regards de Robert Martin, Membre de l’Institut de France (1), Professeur émérite à la Sorbonne, et Directeur de l’INaLF (1992-1997),

et de Sylvie Bazin-Tacchella, Professeure des universités, Directrice du collégium Arts, Lettres et Langues | ALL de l’Université de Lorraine, Responsable de l’équipe de recherche ATILF Linguistique historique française et romane, et Gilles Souvay (2), Ingénieur de recherche CNRS, spécialisé dans le TAL | Traitement automatique des langues.Sylvie Bazin, Professeure des universités, Directrice du collegium Arts, Lettres et Langues (ALL) de l’Université de Lorraine, Responsable de l’équipe de recherche ATILF "Linguistique historique française et romane"

>> Naissance du projet – Mise en place d’une collaboration internationale

La naissance du projet DMF se situe en 1980, lors du 3e colloque international sur le moyen français qui s’est tenu à Düsseldorf (Allemagne). À la demande de l’organisateur du colloque, Peter Wunderli, et avec l’appui chaleureux de Paul Imbs, Robert Martin a pu, dans un exposé liminaire, esquisser les finalités d’un Dictionnaire du Moyen Français et en tracer les options fondatrices, illustrées par un premier article-témoin, celui du verbe mander ; cet exposé a donné lieu à un large débat, aussi encourageant que fructueux. Dès le démarrage, le DMF s’est placé dans le sillage du TLF : il serait dans l’idéal pour le moyen français ce que le TLF devait être pour le français des 19e et 20e siècles. Le projet avait ainsi trouvé ses premiers contours. Grâce à une subvention spécifique allouée par la commission compétente du CNRS, quelques éditions de textes de moyen français ont pu être saisies dès cette date à l’ILF | Institut de la Langue française à Nancy (devenu ensuite INaLF puis ATILF).

>> L’ATILF, le sauveteur du DMF

Dès la création de l’ATILF, avec l’accord de son directeur Jean-Marie Pierrel associé à Bernard Combettes et Robert Martin ont pu, le 31 mai et le 1er juin 2001, organiser une table ronde afin de redonner une place au DMF. Des interventions solidement argumentées, notamment celles de Jean-Pierre Chambon et de Frankwalt Möhren, ont fait renaître l’espoir. Tout portait à croire que le DMF se poursuivrait.

À partir de 2001, la rédaction du Dictionnaire du Moyen Français a pu se poursuivre grâce au travail de longue haleine de Robert Martin et des principaux collaborateurs en poste, mais également grâce au soutien du laboratoire.

Sept nouvelles versions du Dictionnaire du Moyen Français ont vu le jour depuis lors (2002, 2007, 2009, 2010, 2012, 2015, 2020). Robert Martin, dans son témoignage, en indique les principales caractéristiques. Il est important de souligner également le travail souterrain de montage des articles et l’évolution de l’interface lors des différentes versions du Dictionnaire du Moyen Français. Mais, au-delà de la continuité de ce grand projet scientifique, que l’ATILF a toujours défendu, le laboratoire attendait l’émergence d’un nouveau projet scientifique.

De 2001 à 2021, le DMF a acquis un degré de maturité apprécié par les utilisateurs à en juger par le nombre moyen de consultations quotidiennes ; environs 450 depuis la France et aussi l’étranger. Des liens hypertextuels permettent un accès commode aux ouvrages de référence. Il semblerait, en raison de toutes sortes de contraintes, que le DMF version 2020 soit à considérer comme la version ultime de référence. Dans un dessein de pérennité informatique du DMF, la plate-forme technique doit être adaptée aux normes informatiques les plus récentes et durables.

Créé par Gilles Souvay (2), Ingénieur de recherche CNRS, spécialisé dans le TAL | Traitement automatique des langues pour répondre à la difficulté de la variation graphique, tant dans l’élaboration que dans la consultation des articles du dictionnaire, le lemmatiseur LGeRM a été constamment repris et amélioré au fil de ces années. Il a élargi son champ d’intervention grâce à toute une série de collaborations scientifiques et a participé à la production de nouvelles ressources : il est le cœur désormais d’une plate-forme de lemmatisation accessible sur la page d’accueil du DMF.

Pour en savoir +, lire la suite et visiter le site "Les 20 ans de l'ATILF"

-> Consulter la page personnelle de Sylvie Bazin-Tacchella | Lire l'article de Sylvie Bazin promue au grade d'officier "Palmes académiques 2021" de l'UL

-> Consulter la page personnelle de Gilles Souvay

-> Consulter la page personnelle de Bernard Combettes

-> Lire le portrait de Jean-Marie Pierrel

 


nbp

(1) Créé en 1795, l’Institut de France a pour mission d’offrir aux cinq Académies un cadre harmonieux pour travailler au perfectionnement des lettres, des sciences et des arts, à titre non lucratif. (Académie française, Académie des inscriptions et belles-lettres, Académie des sciences, Académie des beaux-arts, et Académie des sciences morales et politiques)

(2) Gilles Souvay est responsable pour chacun de ces textes du traitement automatique et ses adaptations, Sylvie Bazin de la relecture et de la correction de la lemmatisation automatique, à l’exception du texte de Chrétien de Troyes traité en collaboration avec Pierre Kunstmann et adossé non pas au DMF mais au DeCT | Dictionnaire électronique de Chrétien de Troyes et des deux derniers Les Poésies de François Villon, La Mort du Roi Arthur, produits en collaboration avec Jean-Michel Jézéquel et pour le dernier, également avec Corinne Denoyelle, de l’Université Grenoble Alpes.