Barquettes Biosourcées : feu vert pour la phase II

 
Publié le 2/03/2020 - Mis à jour le 5/03/2020

En juillet 2019, la ville de Nancy avait sollicité l’ENSAIA pour concevoir une alternative aux barquettes en plastique utilisées dans la restauration collective et notamment scolaire. Cette sollicitation intervenait en réaction à une forte demande sociétale, émanant notamment de parents inquiets de l’impact du plastique en contact avec les aliments,  tout en s’inscrivant dans la démarche de transition écologique impulsée par la ville. L’ENSAIA s’est emparée de ce projet à la fois ambitieux et novateur en le positionnant dans une démarche d’économie circulaire et de bioéconomie. La barquette de demain devra être biosourcée, biodégradable, valorisable et privilégiera les circuits courts. 2 études de R&D ont ainsi été lancées en parallèle et en complémentarité au sein de l’école.

La première, menée par les élèves-ingénieurs de la spécialisation Packaging et du Master Consertvation des Aliments et Emballages, encadrés par 2 enseignants de l'ENSAISA, Stéphane Desobry et Elmira Arab Tehrany-Kahn, s’est intéressée à la barquette et au liner la recouvrant afin de proposer un contenant répondant aux exigences attendues.  Ils ont ainsi procédé à des essais de fabrication d’une barquette en cellulose, matériau naturel et renouvelable, recouvert d’un enduit de chitosane, une fibre extraite de la carapace des crustacés, dont ils ont testé les caractéristiques d’absorption, de dégradation et de réaction à la chaleur.

La seconde, menée par les éléves-ingénieurs de la spécialisation Développement Durable des Filières agricoles, encadrés par Yves Le Roux, responsable de la spécialisation, et Stéphane Pacaud, directeur de la plateforme méthanisation de l'école,  s’est centrée sur la biodégradabilité de la barquette de cellulose par méthanisation. Si les résultats des expérimentations ont mis en évidence une valorisation agroénergétique significative avec une production de biogaz, ils ont aussi démontré une dégradation de l’ordre de 85 à 90% de la barquette avec un résidu, de 10 à 15%, de matières non méthanisables.

Ces premiers résultats ont été présentés au consortium du projet réunissant la Ville de Nancy, la métropole, la Région Grand-Est, le Centre Technique du papier, et les entreprises Sodexo, Protex international, Tereos, Sorepack, Noske Skog. A l’unanimité les partenaires ont donné leur feu vert à la poursuite des investigations.  Il s’agira notamment de travailler sur différents types de Chitosan pour en tester les capacités de résistance à la graisse, à l’eau, à la chaleur et au transfert de molécules, tout en précisant son niveau d’enduction. En valorisation par méthanisation, il s’agira également d’identifier la nature exacte du résidu obtenu. S’il y a de fortes probabilités que ce résidu soit de la lignine, il conviendra néanmoins de s’en assurer afin de garantir ler etour au sol. La méthanisation de l’enduit de chitosan sera également à tester.

Cette seconde phase du projet est programmée jusqu’en juin 2020 pour aboutir à un dépôt de dossier de transfert afin de passer de l’échelle pilote à l’échelle industrielle en 2022.  50 millions de barquettes plastiques sont utilisées chaque année dans le Grand Est. En France,  ce sont 5 millions de repas quotidiens qui sont distribués par la restauration collective. Le marché est par conséquent significatif avec en perspective l’entrée en vigueur, au 1er janvier 2025, de la loi interdisant l’utilisation des contenants alimentaires en plastique dans la restauration collective.

Contact : Stéphane Desobry, Professeur ENSAIA