Rencontre avec Eddy Bajic, chargé de mission Référent défense et sécurité nationale

 
Publié le 28/01/2016 - Mis à jour le 5/05/2023

Depuis le 1er septembre 2015, l’Université de Lorraine s’est dotée d’un chargé de mission Référent défense et sécurité nationale. Rencontre avec Eddy Bajic, 54 ans, professeur des universités et chercheur au CRAN, qui occupe cette fonction.  Eddy Bajic, auditeur IHEDN 2010 (Insitut des hautes études de défense nationale) , est en poste à l’IUT Nancy-Brabois, dont il a été directeur, spécialiste des systèmes et technologies à intelligence ambiante, il développe ses travaux de recherche dans le domaine des objets communicants et de leurs interactions pour l‘optimisation des systèmes de production et logistique, et la sécurité des biens et des personnes. Expert indépendant auprès de la commission européenne, il est évaluateur et rapporteur de projets scientifiques et appels d’offres FP7 et H2020 dans les domaines des smart cities et de l’internet des objets. Il est aussi évaluateur du programme ERASMUS+ 2014-2020 auprès de l’agence ERASMUS France.

Pourquoi la mise en place d’une telle mission à l’Université de Lorraine en septembre 2015 ?

Chaque université doit aujourd’hui disposer d’un tel référent en son sein. Cette mission a été renforcée par un protocole d’accord en 2012 entre le Ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche, et le Ministère de la Défense, afin d’encourager le rayonnement de l’esprit de défense au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le référent a ainsi un rôle de facilitateur pour mettre en relation les corps de défense (gendarmerie, pompiers, armée, sécurité civile, …) et les composantes de formation, laboratoires, personnels et étudiants …

Comment est organisée la mission sécurité-défense à l’Université de Lorraine ?

Je travaille en collaboration avec 2 personnes, dont les fonctions sont bien distinctes : Jean-François Molter, fonctionnaire sécurité défense et Didier Husson, chargé de mission sécurité et défense, qui a un rôle plus opérationnel concernant la sécurité au sein de l’établissement, dont notamment l’application du plan Vigipirate, et les conditions d’accès dans les bâtiments  sensibles et ZRR. Je travaille également en étroite collaboration avec le conseiller défense du rectorat, et l’association régionale IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale).  Je représente l’établissement au sein du trinôme académique qui comprend en fait 6 membres sur notre académie, qui sont: IHEDN 54, Armée Zone de Défense et de Sécurité Est, Rectorat Nancy-Metz, Gendarmerie, IRA Metz ( Institut régional d'administration) et Université de Lorraine.  

Quel est votre rôle, en tant que Référent sécurité et défense nationale ?

L’objectif de la mission est de diffuser l’esprit de défense en développant et en encourageant les liens possibles entre les formations, les laboratoires, les personnels et les étudiants avec les corps de défense. Des synergies peuvent être développées entre tous ces acteurs des sociétés actuelle et future, dont notamment les étudiants d’aujourd’hui seront les futurs responsables économiques, scientifiques, culturels, sociaux et environnementaux. La mission étant récente au sein de l’établissement, les projets sont en cours d’élaboration.

Des exemples de projets ?

Il faut premièrement développer la venue d’intervenants des corps de défense au sein des formations et la tenue de conférences sur les enjeux de défense et de sécurité nationale, l’intelligence économique, la responsabilité citoyenne et les grands enjeux géostratégiques mondiaux. Il faut aussi pouvoir offrir la possibilité à des étudiants de réaliser une immersion dans les différents corps de défense; par exemple passer une journée dans un PC de crise ou dans une caserne pour en découvrir le fonctionnement, tant d’un point de vue organisationnel et humain que technologique et scientifique.  Tous les secteurs de formation et recherche de l’Université de Lorraine peuvent être concernés. Autre point important : il apparaît essentiel aujourd’hui d’intégrer la dimension défense et sécurité dans nos diplômes voire de développer de nouveaux diplômes en lien avec la défense. Ainsi, il sera proposé de mettre en place des unités d’enseignement libre (UEL) autour de l’intelligence économique et de la stratégie géopolitique et des nouveaux risques du 21e siècle. Ces unités pourraient être accessibles en licence et master, quel que soit le profil de l’étudiant. Un projet est en cours pour une réalisation à compter de septembre 2016. Des créations de diplômes universitaires (DU) sont également envisagées. De plus, il est important de rappeler que l’armée offre des opportunités de carrière et a besoin de personnes qualifiées de Bac+2 à Bac+5, et pas uniquement dans ses unités de cyberdéfense.

Concernant le volet recherche ?

Il faut encourager le rapprochement des laboratoires avec les grands corps de défense régionaux et nationaux, et donc encourager les sujets de recherche liés aux enjeux de défense nationale. L’IHEDN souhaite mettre en place un réseau d’écoles doctorales « Stratégie, Défense et Sécurité nationale » inspiré du fonctionnement du Réseau doctoral national en santé publique, et permettant d’échanger au niveau national, et d’avoir un accès ouvert aux ressources et partenaires nationaux et internationaux de l’IHEDN.

Les attentats qui ont touché la France en 2015 ont entraîné une prise de conscience d’un besoin d’une force armée et ont renforcé le lien citoyen avec les corps de défense et la nation. Il est donc essentiel de mettre l’accent sur le rapport armée, citoyen et nation au sein de l’enseignement supérieur.