[Prix littéraire Léonora Miano] Portraits croisés d'Océane et Sonia, membres du jury

 
Publié le 29/04/2021 - Mis à jour le 19/05/2021

Chaque semaine deux nouveaux portraits à découvrir en lien avec le prix littéraire Frontières Léonora Miano ! Cette semaine, faisons connaissance avec Océane Richet, étudiante en Master 1 de Droit pénal à l'Université de Lorraine et Sonia Zannad, journaliste au sein de The Conversation.

Factuel : Pourquoi avoir accepté de participer à cette 1ère édition du Prix littéraire-Frontières Léonora Miano ?

Océane Richet : "Je suis étudiante en Master 1 Droit Pénal à Nancy, de ce fait, j’ai suivi au premier semestre un cours facultatif nommé « Droit et littérature », c’est par le biais de ce cours que j’ai entendu parlé de prix, je me suis donc dit : Pourquoi pas ? Je suis adepte de la lecture, qui a été un refuge personnel, dès mon plus jeune âge. Selon moi, la lecture permet de vivre des centaines de vies différentes. L’idée de participer au Prix, en tant que juré, était aussi l’idée de connaître d’autres vies, d’autres auteurs, d’autres styles littéraire autour d’une sujet qui nous touche tous, de près ou de loin. C’est aussi connaître les joies de lecture sous un autre angle, non plus comme « simple » lectrice mais de façon active menant à des débats que nous n’avons pas forcément avec notre entourage."



Sonia Zannad : "D'abord parce que cette thématique m'a semblé très porteuse, très actuelle. A l'heure d'une crispation identitaire et nationaliste qui va grandissant dans l'Union Européenne et dans le monde, je crois qu'il est nécessaire de réfléchir à ce que veut dire vivre ensemble, comprendre l'autre malgré les différences, et bien sûr cette question des frontières prend tout son sens dans le champ littéraire puisque le roman est précisément ce lieu qui permet de transcender les limtes, d'explorer d'autres vies, d'autres lieux, de confronter des mondes qui ne nous seraient pas accessibles autrement. J'étais aussi très curieuse de ces lectures "imposées" qui permettent de décaler le regard et de s'intéresser à des oeuvres que l'on n'aurait peut-être pas choisi spontanément. Et bien sûr, le grand plaisir d'échanger avec des personnes issues de différents horizons, dans un cadre universitaire qui me tient à coeur."

Factuel : Qu'évoque pour vous la thématique de la frontière dans votre quotidien ?

Océane Richet : "Selon moi, la frontière est présente dans le quotidien de chacun d’entre nous : de part nos habits, nos meubles, nos objets, dans nos assiettes… La frontière est ce qui nous fait vivre finalement. C’est ce mélange de culture, de savoir-faire, de compétence qui permet à l’humanité de survivre, ou de vivre simplement. Que serions-nous à l’heure actuelle sans l’aide de nos pays voisins ou plus lointain ? D’une autre manière, la frontière se retrouve dans toutes nos relations : notre voisin, l’inconnu qu’on croise dans un bus, notre ami(e), notre propre famille… Nous ne savons pas toujours l’histoire des personnes que l’on rencontre, même notre propre histoire, d’où ils viennent, leur voyage… La frontière est présente tout autour de nous, à chaque instant, c’est d’une certaine manière le cœur de l’humanité."

Sonia Zannad : "Dans mon quotidien professionnel, il est question de franchir les frontières entre le "savant" et le "profane", mais aussi entre les disciplines universitaires. La vulgarisation scientifique (en l'occurence, en sciences humaines) m'impose de traverser sans cesse les frontières dans un effort d'empathie et de curiosité sans cesse renouvelés. Donc je dirais que ce qui m'intéresse, c'est précisément la porosité des frontières, qui peut créer de l'intelligence collective! La question de la traduction m'intéresse beaucoup aussi, en ce qu'elle est un outil d'agrandissement du monde : elle nous donne accès à des textes qui sans elle resteraient hermétiques - qu'il s'agisse d'essais, d'articles de recherche ou de romans."

Factuel : Quel livre a marqué votre vie et pourquoi ?

Océane Richet : "Le livre « Patients » de Grand Corps Malade a marqué ma vie à sa façon. D’une part, parce que je peux m’y rattacher, m’y retrouver en raison de mon passé personnel qui est d’une certaine façon commun à celui de Grand Corps Malade. D’autre part, parce que cette œuvre reflète pour moi le courage, l’espoir, ce combat interne que l’on doit mener sans jamais baisser les bras pour vivre des jours meilleurs."
 
Sonia Zannad : "Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour?" de Georges Perec, lu à l'adolescence. J'ai découvert avec ce livre le plaisir sans fin du jeu avec les mots, du jeu tout court d'ailleurs, la capacité à prendre de la distance avec le réel grâce à l'expression, à sublimer le quotidien pour mieux l'apprécier, et à manier l'humour sans modération. Ce livre m'a montré que la littérature était un espace de liberté, de mise en abyme et d'amitié. "Peut-être le bonheur n'est-il que dans les gares", y écrit Perec : une belle ode aux éternels recommencements, et à l'élan vers l'inconnu... et au franchissement des frontières."
 
 



Océane Richet est étudiante en Master 1 de Droit pénal à l'Université de Lorraine.

 

 

 

Sonia Zannad est journaliste. elle cheffe de rubrique Culture de The conversation depuis Janvier 2016. Plus d'informations

 

Les livres sélectionnés pour le prix 

RV le samedi 19 juin au Festival "Littérature et Journalisme" de Metz pour la remise du prix aux lauréats !