[Témoignage] Sarah Garidi, ingénieur et manager hospitalier en 3e année de thèse en Sciences de gestion

 
Publié le 7/04/2020 - Mis à jour le 2/05/2023
Sarah GARIDI, Ingénieur et Manager Hospitalier en 3e année de thèse en Sciences de Gestion

Factuel vous propose de rencontrer Sarah Garidi, ingénieur et manager hospitalier en 3e année de thèse en Sciences de Gestion. Elle revient avec nous sur son parcours et sa thèse, ainsi que sur les problématiques auxquelles elle fait face au regard de l’actualité.

Peux-tu nous présenter ton parcours et ta thèse ?

Je suis doctorante en Sciences de Gestion au CEREFIGE où j’effectue une thèse avec Julien Husson, Directeur de l’IAE Metz School of Management (Collegium Lorraine Management Innovation), sur des questions de management hospitalier.

Après mon bac S, j’ai intégré une formation d’Ingénieur biomédical à la Faculté de médecine de Nancy que j’ai complétée par un Master 2 en Management des organisations sanitaires et sociales à l’IAE de Nancy. Parallèlement à mon doctorat, je travaille dans un Établissement de Santé de l’Association LADAPT. J’exerce les fonctions de Responsable qualité du système d’information et de la logistique. Je suis chargée de piloter le développement et l’amélioration de la démarche qualité dans l’établissement, la gestion du système d’information et du dossier informatique du patient ainsi que la gestion du parc informatique et immobilier.

Mon poste est riche par ses missions et me permet d’offrir un terrain favorable à une recherche intervention propice à mon projet de thèse dont le sujet est le suivant : “ Défi de la performance à l’hôpital : le rôle du système d’information hospitalier dans l’organisation du parcours de soins du patient”. Les travaux de recherche ont fait l’objet de communications et de publications qui m’ont confortée dans le souhait de mener à bien mes travaux et de concilier parfois difficilement une vie professionnelle et un parcours académique semé de défis.

J’interviens comme enseignante à l’IAE Metz dans un cours de M2 Management de la qualité et dans un cours de Master en Management des organisations sanitaires et sociales.

Comment se passe ton activité aujourd’hui sur le terrain ?

Les établissements de santé français traversent actuellement une crise sans précédent. Notre établissement n’y échappe pas. Nous sommes situés en Moselle, une des zones caractérisées par une circulation active du virus.

L’évolution de l’épidémie COVID-19 sur le territoire et le déclenchement de la phase 3 du plan gouvernemental positionne notre établissement comme pouvant accueillir des patients COVID+, une fois leur état stabilisé. Nous accueillons des patients qui présentent une vulnérabilité particulière au virus : personnes handicapées, personnes fragiles polytraumatisées, personnes âgées…

Nous avons dû adapter notre organisation pour œuvrer à la mise en place de mesures barrières tout en maintenant notre capacité de prise en charge et de réponses aux demandes des établissements hospitaliers en tension. C’est encore plus difficile d’appliquer ces mesures avec le public fragile que nous accueillons.

Comment arrives-tu à gérer ton activité professionnelle et ta thèse?

Aujourd’hui, priorité à la gestion de la crise. Je fais preuve de polyvalence et de réactivité. Je participe à la coordination d’une cellule de crise journalière avec la direction, l’équipe médicale, les cadres soignants et les rééducateurs. Chaque jour son remue-méninge pour apporter aux mieux notre aide dans le cadre de cette épidémie.

J’interviens également sur l’information et l’accompagnement des salariés et des patients sur la gestion du risque infectieux à travers des notes d’information, mailing, affichage …pour sensibiliser aux bonnes pratiques et éviter la propagation de l’épidémie.

Face à la crise, la notion du prendre soin va « clairement » au-delà du soin. Mon implication est totale et passe aussi par le soutien des équipes. Pendant ces moments, il est important d’affirmer son rôle de manager de proximité et d’être présente le plus possible sur le terrain aux côtés des équipes soignantes.

Pendant cette période, le projet de thèse est mis à rude épreuve. Mais ce projet me tient à cœur. Je continue à me poser devant mon manuscrit pendant quelques heures nocturnes. Ceci me permet aussi de décrocher du rythme soutenu imposé par le quotidien professionnel. La revue de littérature que j’ai menée sur les risques m’apporte aussi beaucoup de connaissances applicables dans la gestion de cette situation sanitaire exceptionnelle.

Pour ma part, la thèse est une expérience transcendante sur le plan scientifique et humain.  Elle me stimule intellectuellement. En ce moment, ma vie professionnelle à 200 à l’heure et mon projet de thèse m’ont permis de révéler une force de travail que je n’imaginais pas capable de réaliser.

La thèse me permet aussi de donner du sens à mon action du quotidien. Valoriser des petits moments de rigueur imposés par le projet m’aide aussi dans la gestion de la crise. C’est un temps de ressourcement qui contribue à mon épanouissement personnel dans cette période difficile. En fait, ça me permet de tenir.