[Retour sur] Brunch "Autonomie & Santé"

 
Publié le 1/04/2020 - Mis à jour le 4/05/2023

Le jeudi 13 février dernier s’est déroulé le premier Brunch de la filière "Autonomie & Santé" à la Résidence Autonomie Bon Repos d'Épinal. Labellisé par l’ISITE Lorraine Université d’Excellence, ce rendez-vous gourmand a été co-construit en partenariat avec la Communauté d'Agglomération d’Épinal et la Ville d’Épinal. Les intervenants de la table ronde ont échangé sur les stratégies de maintien de l'autonomie des aînés mises en œuvre dans les territoires ruraux. Les débats ont été enrichis par les retours d’expérience des acteurs du domaine, professionnels, institutionnels, apprenants…

Déjà rompue à l’exercice que constitue l’animation d’un Brunch, Laurence Verger, directrice de la communication recherche du CHRU de Nancy, a présenté le programme de la table ronde et les thématiques qui ont été abordées.

Après une courte introduction, Jean-Claude Moretton (président de l’Union départementale des Centres communaux d’action sociale) a rappelé que les problématiques liées au vieillissement deviennent de plus en plus importantes. À titre d’exemple, le territoire de la Communauté d'Agglomération d'Epinal compte 78 000 habitants et 38 communes. 30 000 habitants ont plus de 60 ans, 10 000 plus de 65 ans. Une part importante des plus de 85 ans sont des personnes isolées. M. Moretton, conseiller municipal délégué à la santé et au 3e âge, précise que la vieillesse ne commence pas à la retraite, mais à l'apparition de la dépendance.

En sa qualité de responsable administrative de la Résidence Autonomie Bon Repos, Carole Poirey souligne que les résidences autonomie sont des alternatives à la maison de retraite. L'avantage d'une telle résidence est de tisser du lien social entre les résidents, grâce à des appartements mitoyens.

Renaud Desriscourt (directeur adjoint de la Fédération ADMR des Vosges) signale que c'est la fragilité grandissante de la personne âgée qui l'amène à la dépendance et constate que le parcours d’accompagnement à la personne est segmenté, voire excessivement cloisonné. Pour pallier cela, le réseau associatif de services à la personne développe un projet de médecine personnalisée, avec la mise en place d'une maison d'accueil rurale pour personnes âgées (MARPA). L’ambition est d'ouvrir l'accès aux services à l'extérieur, dans l’optique de changer le regard des citoyens sur les structures d'accueil de personnes âgées. L’ADMR et la Ligue de l’enseignement portent également le dispositif MONALISA (Mobilisation nationale de lutte contre l'isolement et la solitude des âgés), dont l'objectif est de rompre l'isolement relationnel des personnes âgées.

Depuis 2014, au CHRU de Nancy 500 téléconsultations ont été effectuées en partenariat avec 15 établissements d'hébergements séniors. Julien Azzi (gériatre au CHRU de Nancy et responsable du projet Télémédecine en lien avec des EHPAD et des structures médico-sociales) souligne la polysémie du terme « dépendance » qui porte à confusion. Il suggère de parler de perte d'indépendance fonctionnelle, à distinguer de la dépendance addictive par exemple. Le service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) est porteur d'un projet de télémédecine où l'opérateur se déplace à domicile avec le matériel nécessaire afin d'effectuer la consultation à distance. Mais pour que ce soit efficace, un accompagnement humain est indispensable pour faire accepter ce nouveau mode de rendez-vous.

Directeur du Laboratoire lorrain de psychologie et neurosciences (2LPN), Jérôme Dinet est également référent “Autonomie” au sein de l’Université de Lorraine. Il rappelle que l’aménagement urbain s’avère parfois être un frein à la mobilité des personnes âgées. Mais il insiste également sur le fait que les réponses apportées aux enjeux du vieillissement varient sensiblement d’un pays à un autre. L’approche française consiste à penser les choses en termes d’éthique et d’acceptabilité plutôt que techniques, car une personne âgée n'est pas une personne handicapée ! Quoi qu’il en soit, l’un des principaux défis consiste à adaptées les réponses à la situation de chacun.

Makhlouf IDRI, de la Mutualité Française, observe que les réponses proposées sont plus souvent correctrices et correctives que préventives, proactives ou participatives. La coordination permettrait d'adoucir la complexité des processus.

L'Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil Départemental des Vosges travaillent à formaliser de nouveaux métiers tel que le « coordinateur du parcours de santé », en charge de transmettre les informations clés à l'entrée d’un séjour hospitalier et préparerait le retour à domicile. La mise en place du dossier médical partagé (DMP) fluidifiera les échanges d'informations.

MarieLine Rubini, chargée de développement des usages en santé numérique chez Pulsy, note que l'intérêt de la téléconsultation n'est plus à démontrer, mais que sa mise en place constitue un challenge de taille : définition des besoins, définition d'une vision commune entre acteurs pour rapidement mettre le service de téléconsultation en place.

L’objectif du programme "36 mois de plus", comme son nom l’indique, est de permettre aux personnes âgées de rester plus longtemps à domicile. Didier Mathia, directeur de la Division e-Santé de Pharmagest explique qu’il existe aujourd’hui des systèmes domotiques beaucoup moins intrusifs. Il s'agit de rassurer les familles sur l'aspect sécurité, sans que le concept de surveillance soit prédominant.

À la question de Laurence Verger sur la continuité des services de prise en charge des personnes âgées dans le futur, Renaud Desriscourt répond que celles-ci expriment de plus en plus leur citoyenneté. Il est nécessaire de savoir l'entendre et surtout, de ne pas transposer ce qu'on pense être bien pour elles. Les difficultés rencontrées aujourd'hui sont majoritairement liées aux aidants, davantage qu'aux aidés ; il y a une fatigue générale des aidants.

Pour conclure ces échanges, les différents intervenants ont souligné la nécessité d'amplifier non seulement les partenariats - accueillir des jeunes -, de changer l'image du vieillissement, la logique d'accompagnement et pas uniquement celle d'hébergement. Il est essentiel de développer la pluridisciplinarité au sein et entre les établissements et les dispositifs d'accompagnement.

Le mot de la fin revient à Denis Abraham de l’association Innov’Autonomie, qui observe que l’on ne parle pas assez des personnes âgées en tant que telles. En effet, il faut les inclure, qu’elles soient au centre des discussions et des usages : quelles sont leurs demandes et leurs attentes ? Il faut aller à leur rencontre pour mieux appréhender les enjeux.

Pour tout renseignement complémentaire ou recevoir le calendrier des prochains Brunchs, envoyez un e-mail à l'adresse suivante : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr