Rencontre avec Sabrina Sinigaglia-Amadio, maîtresse de conférences en sociologie à l'Université de Lorraine pour en savoir plus sur cette mobilisation ...
Qui est à l’origine du mouvement du « 7 novembre 16h34 » ?
Comme dans de nombreuses autres villes de France, 200 à 300 personnes (personnels et étudiant-e-s) se sont rassemblées lundi 7 novembre 2016 à 16h34 devant le bâtiment de SHS du campus du Saulcy. Ce rassemblement répond à l’appel du collectif féministe « Les Glorieuses » (qui est une lettre d’information en ligne), soutenu également par la Ministre aux droits des femmes, Laurence Rossignol. Cet appel est un appel à se mobiliser contre les inégalités salariales qui persistent entre les femmes et les hommes en France.
Des membres du groupe DADIE (Diversité, Anti-Discrimination, Inclusion et Egalité), piloté par Pascal Tisserant, chargé de mission Egalité Femmes/Hommes et diversité de l’Université de Lorraine, ont souhaité répondre à l’appel des Glorieuses en invitant celles et ceux qui souhaitaient manifester leur soutien à la lutte pour l’égalité salariale et plus largement l’égalité professionnelle de toutes et tous à se regrouper, symboliquement, quelques minutes.
Pourquoi le 7 novembre 16h34 (et 7 secondes) ?
L’appel a été formulé ainsi "A partir du 7 novembre à 16H34 (et 7 secondes), les femmes travailleront bénévolement". En se basant sur le chiffre de 15,1%, différence de salaire horaire brut entre les hommes et les femmes mesurée par Eurostat en 2010, la fondatrice des Glorieuses, Rebecca Amsellem, a calculé que l'écart représentait environ 38,2 jours ouvrés. Ce chiffre, daté, est surtout "symbolique", dit-elle.
Les chiffres d’Eurostat, montrent ainsi que, si les femmes en France étaient payées autant que les hommes, elles devraient s’arrêter de travailler le 7 novembre 2016 à 16h34 (et non le 31 décembre).
Comment expliquer la persistance de ces inégalités salariales ?
Pourquoi en France, en 2016 – alors que des lois visant une égalité professionnelle entre femmes et hommes existent depuis la loi Roudy de 1983 - existe-t-il encore un écart salarial de 15,1% entre femmes et hommes (voire 19%, si on prend les chiffres de l’INSEE) ?
Parce que de nombreux freins persistent et contribuent à maintenir ces inégalités salariales :
- Des secteurs d’emplois différenciés, avec des emplois non qualifiés où les femmes sont particulièrement présentes (métiers du soin et de l’éducation par exemple)
- Des temps partiels subis et choisis beaucoup plus nombreux pour les femmes : + de 30% des femmes (moins de 8% des hommes) ; presque 80% des postes à temps partiel sont occupés par des femmes
- Davantage de carrières interrompues du côté des femmes (grossesses, congés parentaux et congés enfant malade davantage pris par les femmes, etc.)
- Une articulation des temps de vie toujours défavorable aux femmes (3h26 de tâches ménagères contre 2h au quotidien pour les hommes)
- Un plafond de verre qui limite la proportion de femmes aux postes à responsabilité : plus on progresse dans la hiérarchie, moins il y a de femmes (cela vaut dans le privé comme dans le public ; avec de grosses différences en termes de primes associées à ces postes ; grosso modo, ce sont toujours environ 10% de femmes aux postes les plus importants, c’est le pourcentage de présidentes des universités, de fédération sportive ou d’institution culturelle par exemple)
- Une évaluation différenciée des compétences entre hommes et femmes
- Une autocensure des femmes liée aux stéréotypes sexués qui enferment femmes et hommes dans des types de métiers, de secteurs professionnels, une naturalisation des compétences…
Les conséquences de ces situations sont graves, car en fin de carrière, quand arrive le temps de la retraite, toutes ces inégalités cumulées font que les femmes touchent en moyenne une retraite qui représente 70% de celle des hommes (1259€ contre 1797€ - montants mensuels bruts).
PHOTOS DU RASSEMBLEMENT A METZ