Jocelyne Colle : un témoignage pour sensibiliser à la schizophrénie

 
Publié le 16/10/2024
Jocelyne Colle automne du handicap

Jocelyne Colle est chargée d’appui aux gestionnaires Ressources humaines à l’Université de Lorraine. Et Jocelyne Colle est schizophrène. Pour faire tomber les barrières et faire connaître le handicap psychique, elle a décidé de parler de son parcours.

Jocelyne Colle intègre l'Université de Lorraine en décembre 1991, après huit ans passés dans le secteur privé. Elle commence sa carrière en tant que directrice des études d’un DESS en mécanique et productique à l’UFR MIM (Mathématiques, informatique, mécanique) avant d’être nommée responsable de la formation continue en 1998.

Le diagnostic de schizophrénie

C’est en 1993 que Jocelyne est diagnostiquée schizophrène. « Et ce n’est qu’en 2012 que j’ai demandé la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). J’ai mis du temps à accepter la maladie. J’ai mis du temps à réaliser que je pouvais être aidée », analyse-t-elle. La RQTH permet à Jocelyne de bénéficier du soutien d'un psychologue de l’association Espoir 57, pour rester dans l’emploi.

Mais la méconnaissance, à l’époque, du handicap psychique, ne facilite pas ce maintien dans l’activité. En 2015, Jocelyne est hospitalisée et reste en arrêt de travail durant quatre ans. En 2018, elle demande sa réintégration et est affectée à la direction des ressources humaines (DRH), à Metz. Depuis lors, elle travaille en tant que soutien au gestionnaire de paie et partage également des responsabilités en tant que secrétaire de service.

Un environnement bienveillant

Le soutien de ses collègues à la DRH a été déterminant pour son bien-être au travail. « Le psychologue d’Espoir 57 qui me suit est intervenu deux fois auprès de mes collègues pour les sensibiliser au handicap psychique. J'ai eu beaucoup de chance parce qu'ils étaient tous là, ils sont tous venus », souligne Jocelyne. Cette bienveillance et cette compréhension ont été des facteurs clés de son intégration dans le service.

Jocelyne reconnaît qu’elle fait partie des 5 % de personnes schizophrènes qui parviennent à s'insérer socialement et professionnellement. Elle est consciente de sa chance et du soutien dont elle bénéficie, ce qui contraste avec la réalité de nombreux autres individus souffrant de la même maladie. Toutefois, elle souligne que la route a été semée d’embûches, notamment à cause des stéréotypes liés à la schizophrénie, souvent associés à la violence dans l’imaginaire collectif.

Certes, la maladie a un impact sur son travail, en particulier sur sa capacité relationnelle et la gestion du stress. Bien que la remédiation cognitive l’aide à atténuer certains effets, elle admet que la maladie a évolué, rendant la gestion des émotions plus difficile.

Témoigner pour faire connaître le handicap psychique

Aujourd'hui âgée de 64 ans, Jocelyne envisage de continuer à travailler encore deux ans avant de partir à la retraite. Son parcours personnel et professionnel est un témoignage de la lutte quotidienne contre un handicap invisible. Elle aspire à une sensibilisation accrue au handicap psychique dans les milieux professionnels, pour que des parcours comme le sien soient mieux compris et soutenus.

En dépit des défis, Jocelyne garde espoir en l'évolution des mentalités, même si elle reste consciente des stigmates persistants liés à la schizophrénie. Son expérience met en lumière la nécessité d'une plus grande sensibilisation et d'une meilleure reconnaissance des handicaps psychiques. « Ça évolue lentement, mais je trouve que ça évolue. Quand je compare les réactions autour de moi dans les années 90 et les réactions aujourd’hui, elles ne sont plus les mêmes. Il y a une ouverture qui, à mon avis, est toute débutante, mais qui est réelle », conclut-elle.