[Franco-allemand] Rencontre avec Hélène Vinckel-Roisin, Nicolas Batteux et Alicia Knecht autour du diplôme de Licence Bilangue-Biculture Anglais-Allemand

 
Publié le 15/04/2025

Factuel est allé à la rencontre d’Hélène Vinckel-Roisin et de Nicolas Batteux, responsables de la partie “Allemand” de la Licence Bilangue-Biculture, respectivement en présentiel et à distance, ainsi que d’Alicia Knecht, actuellement étudiante en 3e année de Licence Bilangue-Biculture Anglais-Allemand (en mobilité ERASMUS à l’Université de Vienne).

Factuel : Helène et Nicolas, pourriez-vous décrire la formation en quelques mots ?

Nicolas Batteux : La licence Bilangue-Biculture propose aux étudiantes et étudiants une formation à la fois linguistique et culturelle (historique et littéraire) dans les deux langues étudiées, l’allemand et l’anglais. Cette formation dispose également d’une forte dimension professionnalisante, en proposant une initiation aux métiers de la culture et du tourisme, ou à la traduction, ou au journalisme… dès la deuxième année.

Depuis la rentrée de septembre 2024, il est également possible de suivre ce cursus à distance. C’est le département ERUDI (Études et Ressources Universitaires à DIstance) qui gère cette formation.

Hélène Vinckel-Roisin : L’originalité de cette Licence à l’UFR Arts, Lettres, Langues, sur le campus de Nancy, est qu’elle s’adresse à des diplômé·e·s du baccalauréat qui souhaitent étudier deux langues vivantes étrangères dans une même Licence. La Licence Bilangue-Biculture Anglais-Allemand LLCER est ainsi en quelque sorte un compromis idéal entre une Licence LLCER anglais ou une Licence LLCER d’allemand et une Licence de Langues Étrangères Appliquées (LEA), qui ouvre la porte à une variété de parcours de Masters, impliquant soit les deux langues de spécialité, soit l’une des deux langues selon le profil de professionnalisation envisagé. S’engager dans la Licence Bilangue-Biculture « Anglais-Allemand », c’est faire le choix d’acquérir, consolider et développer des compétences solides et variées dans les deux domaines de spécialité.

Factuel : Quels sont les objectifs de la formation ?

Nicolas Batteux : Cette licence pluridisciplinaire vise à former des spécialistes des aires germanophone et anglophone disposant d’un bagage à la fois linguistique et culturel. Les étudiantes et étudiants disposent du même nombre d’heures de cours dans les deux langues, ce qui leur permet de développer un profil linguistique solide et équilibré. Ils y suivent à la fois des cours de pratique de la langue, de grammaire-linguistique et de traduction et des cours de culture. Ils développent une maîtrise fine et réflexive des deux langues, et une connaissance de l’histoire et du monde contemporain, tout comme de la littérature.

Par son ouverture thématique large, ce cursus permet d’envisager des poursuites d’études très diverses, avec un accent tout de même sur les thématiques de la culture, du tourisme et de la traduction.

Hélène Vinckel-Roisin : La formation vise à terme la maîtrise des deux langues vivantes étudiées, à l’écrit et à l’oral, au niveau C1 du Cadre européen commun de référence pour les langues (CERCL). Cela représente un atout considérable sur le marché du travail actuel. Outre la formation disciplinaire double, en études anglophones et en études germaniques, le Licence Bilangue-Biculture permet d’acquérir des compétences transférables dont la maîtrise s’avère elle aussi fondamentale pour être compétitif·ve sur le marché du travail. L’équipe enseignante propose des activités régulières telles que l’implication dans le projet d’auteur / autrice en résidence ARIEL, la participation à des manifestations offertes par le Goethe Institut de Nancy ou le Germanopôle de la Maison des Sciences humaines et sociales Lorraine (MSH L). La licence vise aussi à développer la curiosité disciplinaire et à accroître la mobilité géographique des jeunes générations, fortement appréciée dans le monde professionnel. Ainsi, il est possible en troisième année de Licence de séjourner six mois ou une année complète dans l’un des pays étudiés – pays anglo-saxons, pays germanophones, via une mobilité Erasmus.

Factuel : Quels sont les débouchés ?

Nicolas Batteux : Les débouchés sont divers et particulièrement riches dans la Grande région (Sarre, Rhénanie-Palatinat, Luxembourg, Wallonie, Lorraine). Dans cet espace, la maîtrise de l’allemand et des spécificités culturelles et historiques de l’espace est particulièrement demandée. Nos étudiantes et étudiants peuvent travailler dans les domaines de la gestion de projets culturels, dans un contexte franco-allemand ou, plus largement, européen, en tant qu’attaché de conservation du patrimoine, guide conférencier… mais aussi dans l’économie de la culture, avec la direction d’organismes touristiques, agences de voyage… ou dans la traduction, dans le domaine littéraire comme dans la gestion de projets, le secrétariat de direction bilingue ou trilingue… ou encore dans le journalisme. Les étudiantes et étudiants ont la possibilité, par le biais des enseignements de pré-professionnalisation suivis dès la 2e année de Licence, d’affiner leur projet et peuvent également effectuer un stage au cours de leur formation.

À la suite de la licence, il est possible de s’engager dans un Master Métiers du Tourisme, Métiers de la Traduction à l’UFR ALL (Nancy) avec la combinaison de langues « Anglais-Allemand », afin de perfectionner les compétences et connaissances des deux langues et aires culturelles étudiées. Les étudiantes et étudiants bénéficient également de cours assurés par des professionnels des mondes de la culture, du tourisme et de la traduction, en histoire de l’art et patrimoine, en traduction technique… Ainsi, ils affirment leur profil en fonction de leurs goûts et de leur projet. Les stages organisés au cours du cursus donnent à ce parcours une coloration résolument professionnalisante.

Hélène Vinckel-Roisin : Celles et ceux qui s’engagent dans une licence Bilangue-Biculture font le choix d’un trilinguisme affirmé – de langue maternelle française, elles et ils deviennent expert·e·s des langues anglaise et allemande et des spécialistes des sphères géographiques, culturelles, littéraires concernées. En ce sens, la formation répond pleinement aux besoins sur le marché du travail – après l’anglais, langue de communication incontournable au XXIème siècle, ce sont la maîtrise et des connaissances solides de l’allemand et des pays germanophones qui font la différence sur le CV, en premier lieu dans le Grand Est avec ses trois frontières. A l’échelle européenne, l’anglais, le français et l’allemand sont les trois langues les plus parlées et les plus demandées en 2024 sur le marché du travail  – comme le révèle la dernière enquête Eurobaromètre de la Commission Européenne intitulée « Les Européens et leurs langues »

L’Association pour l’emploi des cadres en France (APEC) va dans le même sens au terme de son enquête consacrée aux langues demandées par les employeurs dans les offres d’emploi : avec 39,5%, l’allemand est la langue la plus demandée après l’anglais (période considérée : 01.02.2023-31.03.2023).

Factuel : Alicia Knecht, vous êtes actuellement en mobilité Erasmus à Vienne. Pourriez-vous nous présenter votre parcours et votre ressenti sur cette mobilité en Autriche ?

Alicia Knecht : Je m’appelle Alicia Knecht, j’ai 22 ans, je suis actuellement étudiante en L3 LLCER Bilangue-Biculture Anglais-Allemand à Nancy, et j’ai eu l’opportunité de partir en ERASMUS à Vienne (Autriche) pendant un semestre (S5) puis de prolonger sur l’ensemble de la L3, soit un total de deux semestres en Autriche !

La formation reçue à Nancy était non négligeable pour pouvoir m’adapter correctement à un pays où l’allemand est la langue officielle. Je dois dire que mes cours de langue à Nancy m’ont permis d’être sûre de moi à l’oral dans des discussions entre personnes du même âge que moi mais aussi lorsque je suis interrogée en cours. Et je vois à quel point j’ai progressé en peu de temps. De plus, la connaissance du monde germanique que j’ai notamment acquise à l’Université de Lorraine m’est d’une grande aide pour pouvoir prendre part à des évènements culturels ou pour savoir me situer dans mes cours de culture autrichienne. Que ce soit au niveau de l’art, de la littérature ou de l’histoire, je ne me suis jamais sentie en retrait par rapport à des natifs autrichiens.

L’Université de Vienne propose un large choix de cours, qui sont assez souvent revisités, pour proposer du contenu actuel (LGBTQ+ friendly, beaucoup de cours sont en anglais pour les internationaux…).  Grâce à mon cursus, mes cours ont lieu dans le Hauptgebäude de l’Université de Vienne, un bâtiment à visiter absolument si l’on visite la capitale !

Mis à part l’Université, qui est en elle-même déjà magnifique, Vienne m’a plu pour son architecture impressionnante, pour l'accès à la nature en relativement peu de temps et pour son authenticité. S’ennuyer n’est pas une option, car il y a toujours des nouvelles activités à découvrir, peu importe ce que l’on aime. C’est une ville accessible à tous, où l’on peut s’exprimer librement, sans craindre le jugement des autres.

Cette expérience m’a non seulement appris à être plus indépendante en habitant dans un autre pays, mais aussi d’avoir l’espace de découvrir ce qui me plaît, et d’avoir une vision plus ouverte des possibilités que j’ai dans cette vie. Entre autres, j’ai tellement apprécié cette mobilité à Vienne que j’ai décidé de prolonger mes études sur l’année et de finir ma licence ici !

Factuel : Hélène et Nicolas, comment définiriez-vous le franco-allemand ?

Nicolas Batteux : Le franco-allemand représente une véritable chance dans la Grande région et apporte de multiples possibilités. C’est une relation marquée historiquement par de grandes tensions, mais qui, par la multiplication des échanges et des initiatives depuis 1945, devient une évidence pour ses acteurs.

Hélène Vinckel-Roisin : S’engager dans un parcours franco-allemand en contexte européen, avec l’anglais, c’est faire un pari gagnant sur le devenir professionnel. Tel est le message que j’aimerais transmettre aux jeunes tandis que la concurrence et la compétition sont de plus en plus rudes dans le monde du travail. À titre personnel, le franco-allemand caractérise à la fois mon parcours universitaire et mon parcours professionnel de sorte que je définirais volontiers le franco-allemand comme une véritable posture de vie, qui s’ancre de fait sur la durée, comme la volonté d’agir – à petite échelle – telle une passeuse de frontières, telle une médiatrice entre deux cultures, entre deux langues.

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