[Franco-allemand] Rencontres avec l’École Doctorale Transfrontalière LOGOS : échanges entre les responsables, et deux doctorantes

 
Publié le 23/04/2025

Factuel est allé à la rencontre de M. Christoph Brüll et Mme. Françoise Lartillot, respectivement directeur et ancienne directrice de l’Ecole Doctorale transfrontalière LOGOS. Se sont joints à la conversation Chrystalle Zebdi-Bartzet et Emma Alvarez Hernandez, doctorantes ayant participé aux Journées doctorales de LOGOS.

Factuel : Christoph et Françoise, pourriez-vous décrire l’Ecole doctorale transfrontalière LOGOS en quelques mots ?

Christoph : LOGOS est né sous sa forme actuelle en 2011 comme « Ecole doctorale transfrontalière en sciences humaines et sociales » au sein de l’Université de la Grande Région.

Françoise : Mais, de fait, le format est plus ancien, il remonte à une initiative des collègues et présidents des universités partenaires de 2000, formalisée en 2005, puis comme projet-pilote de l’UniGR à partir de 2007.

Christoph : Il s’agit d’un réseau de partenaires universitaires (encadrants et doctorants) de la « Grande Région » et au-delà focalisés sur les interactions doctorales et adossé pour la Lorraine à l’Ecole Doctorale Humanités Nouvelles – Fernand Braudel. Ce réseau s’est doté d’un conseil scientifique où siègent trois titulaires par site (trois suppléants pouvant les représenter) ainsi que plusieurs doctorants.L’action phare de LOGOS est actuellement un colloque doctoral annuel. Il a lieu selon un principe de rotation alternativement dans l’une des six universités partenaires : Liège, Lorraine, Luxembourg ,Mannheim, Sarrebruck et Trêves. Il se focalise sur des questions liées à l’interculturalité et aux identités.

Françoise : Il est à noter que cette action a permis aussi un rapprochement avec d’autres institutions, notamment l’Université Franco-Allemande qui a souvent soutenu nos rencontres ou encore pour la Lorraine, le Center for Border Studies ou le dispositif ORION qui soutient les écoles doctorales d’été et à ce titre la manifestation de 2025.

Factuel : Quels sont les objectifs ouverts de LOGOS ?

Christoph : L’objectif est que LOGOS permette d’abord des échanges structurants, scientifiques et humains entre des universités proches de part et d’autre du Rhin et de la Meuse.Structurants car les réunions de Logos sont l’occasion pour les encadrants et doctorants d’échanger sur les modalités de la vie doctorale dans les régions connexes. La comparaison entre les systèmes est souvent instructive.

Françoise : Structurantes aussi, puisqu’elles sont l’occasion de promouvoir la qualité franco-allemande des échanges qui entre en résonance notable avec la volonté de l’Université de Lorraine de faire reconnaître ce domaine d’activité et d’action qui est prépondérant dans son cadre. Ainsi, par l’effet d’un volontarisme déterminé aussi par le cadre de l’UniGR mais que prennent à cœur les responsables de cette entité, les rencontres se tiennent en allemand et français, qui sont les deux langues pratiquées en principe dans les universités partenaires. Les passerelles entre les langues s’effectuent via des présentations écrites pouvant switcher entre les langues à l’aide de différents supports et avec l’appui de collègues et doctorants bilingues qui proposent leur interprétariat. La méconnaissance de l’une des deux langues n’est pas un obstacle, de l’aide est fournie aux doctorants si nécessaire, en revanche, l’usage des deux langues est un enrichissement  manifeste, car finalement chacun s’exprime d’abord dans sa langue, ce qui évite surtout en SHS de présenter son sujet de manière réductionniste et chacun peut ensuite profiter d’une aide fournie sous différentes formes pour faire entendre son propos dans l’autre langue d’usage.

Christoph : Les atouts sont naturellement aussi scientifiques, car les encadrants et les doctorants peuvent échanger à la fois au plan disciplinaire (les rencontres comprennent des ateliers) et interdisciplinaire (les rencontres favorisent aussi les échanges entre les disciplines internes aux SHS) ainsi que sur les méthodes de travail et conceptions de la scientificité dans les différents pays concernés.

Françoise : Et last but not least, les atouts sont de qualité humaine, car les rencontres se font dans la bienveillance, elles sont destinées à conforter les doctorants dans leur démarche et à les accompagner au mieux ; par ailleurs, elles permettent aussi aux doctorants de découvrir les villes universitaires proches sous l’angle de la découverte culturelle et de la convivialité (programme d’accompagnement).

Factuel : Quelles sont les perspectives ouvertes par LOGOS ?

Christoph et Françoise : La longévité de LOGOS est un indice de son succès : le nombre de doctorant.es qui reviennent plusieurs fois ne cesse de croître, tout comme le nombre de cotutelles entre les universités partenaires. 

Elle vient probablement aussi de ce que les obstacles formels sont surmontés par le fait que ce réseau doctoral répond aux attentes des différents systèmes nationaux cumulés sans chercher à les fusionner et par le fait que l’engagement des porteurs se fait sur la base du volontariat et du bénévolat. 

Par ailleurs, cette mise en réseau favorise la progression des doctorants, leur employabilité et elle est incontestablement enrichissante et formatrice pour tous. Ce point a d’ailleurs été relevé par l’instance qui évalue en France les Ecoles Doctorales (le HCERES).Notre engagement est total, étant donné l’enrichissement apporté par «LOGOS ».

Christoph Brüll, actuellement Professeur à l’Université de Luxembourg, est directeur de Logos depuis 2019.

Françoise Lartillot, actuellement Professeur à l’Université de Lorraine, a été directrice de Logos de 2011 à 2019. Elle est actuellement en charge des relations transfrontalières et franco-allemandes en sa qualité de directrice adjointe de l’Ecole Doctorale Humanités Nouvelles – Fernand Braudel.

Factuel est également allé à la rencontre de deux doctorantes, Chrystalle Zebdi-Bartzet et Emma Alvarez Hernandez, qui ont participé aux Journées doctorales de LOGOS.

Factuel : Chrystalle, vous avez participé à deux éditions de Logos, que vous ont apporté ces participations ?

Chrystalle : Étant doctorante en Études Germaniques et en Histoire, mes participations aux journées doctorales de l’école doctorale transfrontalière LOGOS ont représenté de très belles opportunités. Tout d’abord, elles m’ont permis, en 2023, de m’intégrer à un réseau de chercheuses et de chercheurs internationaux aux travaux et aux profils variés, transdisciplinaires et interdisciplinaires, ce qui est une grande chance quand on commence une carrière dans la recherche.Ensuite, j’ai également pu y présenter mes travaux lors de l’édition 2024 qui s’est tenue à l’Université de Mannheim et qui portait sur «  Plurilinguisme - interférences - diversité ». Cela m’a permis d’échanger sur les pratiques et les méthodes tout en recevant des critiques constructives qui ont fait véritablement avancer ma recherche et mon approche scientifique du sujet. Je me réjouis d’avance des prochaines éditions!*

*Prochaine édition des doctorales de Logos à Metz en juin 2025.
Appel à contribution en ligne : Ecole doctorale transfrontalière LOGOS | uni-gr.eu

Chrystalle Zebdi-Bartz écrit une thèse sur  « Les camps de prisonniers de guerre en Moselle et en Sarre dans le système nazi du travail forcé. Territoires, histoire(s), mémoire(s). » Elle est inscrite en thèse depuis 2022 sous la direction en cotutelle d’Ulrich Pfeil (CEGIL, Université de Lorraine) et de Sonja Kmec (IPSE, Université du Luxembourg).

Factuel : Emma, vous avez participé aux doctorales de Logos alors que vous êtes en début de thèse, que vous a apporté cette participation ?

Emma : Je suis en première année de thèse, j’ai pu profiter sans problème de la richesse de ces rencontres. Elles sont rythmées par des conférences magistrales données par des spécialistes, des master classes interactives, ainsi que des présentations, où les doctorant.es ont l’opportunité d’exposer l’état de leurs recherches et de recevoir de précieux conseils qui tiennent compte de leur niveau d’avancement dans la thèse.

Au-delà des barrières linguistiques, géographiques et disciplinaires, Logos stimule les rencontres et le dialogue entre chercheur·es de divers horizons. Ces échanges contribuent à renouveler le champ des sciences humaines et sociales en créant des liens entre leurs différentes branches. En résumé, Logos encourage le développement d’idées innovantes dans un esprit inter- et transdisciplinaire.

Emma Alvarez Hernandez réalise une thèse en Études hispaniques (plus précisément sur les récits de migration mexicains contemporains) sous la direction de Kristine Van den Berghe à l’université de Liège. Elle est inscrite en these depuis 2023.