L’Université de Lorraine est engagée dans la défense des libertés académiques dans le monde

 
Publié le 27/09/2023
Hélène Boulanger

L'Université de Lorraine s'engage fermement dans la défense des libertés académiques à l'échelle internationale. Elle remplit son rôle de fonction-refuge en offrant un abri aux chercheurs et universitaires persécutés, garantissant ainsi un espace de sécurité pour l'échange d'idées et pour la recherche. Cette démarche solidaire témoigne de l'engagement inébranlable de l'établissement en faveur de la liberté d'expression et de l'accès à l'éducation supérieure, contribuant ainsi à l'épanouissement du savoir dans le monde. Factuel est allé à la rencontre d’Hélène Boulanger, Présidente de l’Université de Lorraine, pour en « savoir + ».

Factuel :  Pouvez-vous expliquer en quoi consiste la fonction-refuge au sein de l'Université de Lorraine et comment celle-ci contribue à la défense des libertés académiques dans le monde ?

Hélène Boulanger : Depuis plusieurs années, les pratiques démocratiques sont en recul dans le monde et les conflits régionaux se multiplient. Cette situation a des conséquences pour les universités et les universitaires parce que cela se traduit par des reculs importants des libertés académiques que l’UNESCO définit comme : «  la liberté d'enseignement et de discussion en dehors de toute contrainte doctrinale, la liberté d'effectuer des recherches et d'en diffuser et publier les résultats, le droit d'exprimer librement leur opinion sur l'établissement ou le système au sein duquel ils travaillent, le droit de ne pas être soumis à la censure institutionnelle et celui de participer librement aux activités d'organisations professionnelles ou d'organisations académiques représentatives ».

La fonction-refuge au sein de l’Université de Lorraine, c’est le rôle que nous jouons pour aider les universitaires qui ne peuvent plus jouir de ces libertés dans leur pays d’origine. Nous l’étendons car nous souhaitons également aider les universités et les universitaires des pays respectant les libertés académiques mais qui sont pris dans la guerre, comme par exemple l’Ukraine. Dans tous les cas, ce sont des personnes (personnels ou étudiantes/étudiants) que nous essayons d’aider au mieux de nos possibilités.

Les libertés académiques constituent le fondement de l’université dans le monde. Il est donc de notre devoir de contribuer à les défendre et les promouvoir.

Les libertés académiques constituent le fondement de l’université dans le monde. Il est donc de notre devoir de contribuer à les défendre et les promouvoir.

Hélène Boulanger

Factuel : Quels sont les principaux défis et enjeux auxquels l'Université de Lorraine est confrontée lorsqu'elle s'engage dans des actions solidaires pour la protection des chercheurs et universitaires menacés ?

Hélène Boulanger : Le premier défi est celui de la rencontre : pour que l’université puisse aider une personne de manière pertinente, il faut que son projet trouve sa place dans l’établissement. Par exemple, si nous accueillons un chercheur, il est indispensable que son projet de recherche s’intègre parfaitement dans la stratégie de l’unité de recherche qui va l’accueillir.

Le second défi est celui de la langue : dans beaucoup de situations, l’apprentissage du français sera nécessaire et nous nous appuyons pour cela sur le département Français Langue Étrangère (FLE) de l’UFR LANSAD.

Le troisième défi, c’est celui des moyens et de la réglementation : obtenir un statut pour la personne, arriver à pérenniser son emploi ou son parcours de formation, cela nécessite un travail de fond. Nous mettons en place un fond d’urgence mais il ne peut pas être sollicité dans la durée ou alors nous ne pourrons rapidement plus aider personne.

Le quatrième défi, c’est celui de l’humain pour offrir à ces universitaires un environnement aussi accueillant que possible. Ce sont des personnes qui n’ont pas choisi de partir de chez elles. Et nous devons collectivement en prendre soin, incarner de la meilleure manière possible les valeurs de notre université, bien loin des extrémismes ou des replis sur soi qui se développent partout autour de nous. Nous sommes « université » et cela dit tout des exigences que nous devons avoir en la matière, pour nous et pour les autres.

Offrir à ces universitaires un environnement aussi accueillant que possible. Ce sont des personnes qui n’ont pas choisi de partir de chez elles. Et nous devons collectivement en prendre soin, incarner de la meilleure manière possible les valeurs de notre université.

Hélène Boulanger

Factuel : Pourriez-vous partager un exemple concret de projet ou d'initiative de l'Université de Lorraine visant à promouvoir les libertés académiques à l'échelle internationale et les résultats obtenus grâce à cette action ?

Hélène Boulanger : Depuis près de 10 ans, nous avons un programme d’enseignement du français pour les personnes sous statut de réfugié ou de demandeur d’asile. Nous avons ainsi aidé des centaines de personnes à reprendre leurs études interrompues par la guerre ou les discriminations de toutes sortes. Aujourd’hui, nous manquons de places et nous devons augmenter nos capacités.

Autre exemple : l’accueil d’universitaires ukrainiens dans le cadre du programme PAUSE du Collège de France. Le fond de solidarité qui a été constitué en 2022, au moment du déclenchement du conflit, est mobilisé pour accueillir à l’Université de Lorraine des chercheurs qui ne peuvent poursuivre leurs travaux dans leur pays en guerre.