Participez à la recherche sur les vocaux : 3 questions à Julie Glikman, en délégation à l'ATILF

 
Publié le 20/07/2022
Messages vocaux

Une équipe de chercheuses et de chercheurs des Universités de Strasbourg, de Lorraine et de Liège s’intéresse à ces petits messages vocaux envoyés via les sms et les réseaux sociaux. Nouveau mode de communication, c’est aussi un parfait moyen d’observer la langue telle qu’elle est utilisée tous les jours. Participez à ce projet de recherche en partageant vos messages vocaux. Julie Glikman, porteuse du projet nous en dit plus.

Un VOCAL, vous savez ce que c’est ? Si c’est le cas, ce projet est fait pour vous ! Votre langue, que vous utilisez tous les jours, avec vos mots, vos expressions, votre richesse, c’est une vraie langue, qui mérite qu’on s’y intéresse. Marre de penser que tout le monde parle comme les journalistes de la télévision ? Vous avez raison ! Votre langue, que vous utilisez tous les jours, avec vos mots, vos expressions, votre richesse, c’est une vraie langue, qui mérite qu’on s’y intéresse ! 

Participez à ce projet en remplissant le formulaire en partageant vos messages vocaux au numéro donné dans ce même formulaire. Les vocaux seront anonymisés, ni votre nom, ni votre numéro de téléphone ne sont conservés, confidentialité garantie ! Vous pouvez envoyer vos messages jusqu’au 15/09/2022 -> https://sondagesv3.unistra.fr/index.php/587367.
Vous pouvez aussi suivre cette démarche sur :  Facebook : @lesvocaux | Instagram : #lesvocaux2022

 



Quel est votre parcours ?

Julie Glikman : "J’ai fait ma thèse sur la syntaxe de l’ancien français à l’Université de Nanterre, avec  : "Annie Bertin, et je suis depuis 2012 maître de conférence en linguistique française diachronique à l’Université de Strasbourg, faculté des Lettres, membre du laboratoire LiLPa | Linguistique, Langues, Parole. Je suis en délégation CNRS à l’ATILF du 01/02/2022 au 31/07/2023."



Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?

Julie Glikman : "Mes activités portent sur le changement linguistique. Elles s’articulent autour de deux axes principaux : la diachronie du français (c’est-à-dire l’évolution de la langue française au fil du temps) et l’étude de la variation en français contemporain (c’est-à-dire les différences dans la langue française aujourd’hui, comme les différences d’une région à l’autre par exemple, ou entre la manière dont on écrit et celle dont on parle). En effet, je me suis intéressée au cours de ma carrière à la période médiévale et à l’évolution du français, aux rapports entre l’oral et l’écrit dans l’histoire du français, aux rapports entre les textes normatifs et les usages en français classique, mais également à la variation régionale et à la perception des locuteurs en français contemporain. Le projet de recherche mené à l’ATILF autour des vocaux vient renforcer le lien entre ces deux axes. Mon objectif avec ce nouveau projet est de comprendre les mécanismes en œuvre dans la création, la diffusion de formes émergentes ainsi que les disparitions de formes vieillissantes, et les rapports entre les différentes formes, afin de mieux comprendre le changement linguistique."

Quel est le projet de recherche mené dans le cadre de votre délégation à l’ATILF et quel est son objectif ?

Julie Glikman : "Le titre du projet de ma délégation est le suivant : « Le rapport oral / écrit et les nouveaux modes de communication : étude de diachronie contemporaine ». Pour la constitution du corpus de sms vocaux plus spécifiquement, Christophe Benzitoun et moi-même avons déposé un projet intitulé « Oralité et diachronie : une voie d’accès aux formes émergentes » qui a reçu un financement de l’Université de Lorraine et de nos laboratoires respectifs. Christophe Benzitoun est maitre de conférence, linguiste, et responsable de l’équipe de recherche Discours à l’ATILF.

Comme son nom l’indique, ce projet porte à la fois sur le français parlé contemporain, et c’est la raison pour laquelle nous avons besoin de la participation de tous, et sur la diachronie (l’évolution au fil du temps). Depuis les travaux en sociolinguistique de William Labov, qui ont permis de redonner une certaine publicité et validité aux études diachroniques, on considère que les changements linguistiques peuvent être observés en synchronie (c’est-à-dire à un moment donné de l’histoire) : « les mécanismes qui ont produit les grands changements du passé sont ceux-là même que nous voyons à l’œuvre autour de nous » (Labov, 1976, Sociolinguistique. Les Éditions de minuit, 1972 pour la version originale, p. 232). Ainsi, les différences observables aujourd’hui sont peut-être les changements de demain, ou encore des traces des changements d’hier ! L’oral est souvent considéré comme le lieu privilégié du changement linguistique (voir par exemple C. Blanche-Benveniste 2002, Quel est le rôle du français parlé dans les évolutions syntaxiques ? L’information grammaticale, 94(1), p. 11-17.), c’est pourquoi il nous parait particulièrement important d’observer ces variations dans la langue parlée. Mais aujourd’hui, malgré le développement des corpus oraux, il reste difficile pour le chercheur d’accéder à la parole spontanée des locuteurs. C’est comme cela que l’idée de recueillir les sms vocaux est née : il s’agit de données inédites de français parlé spontané, qui, je l’espère, pourront nous apprendre comment les gens utilisent réellement la langue de nos jours !"

Les partenaires : 

Pour ce projet, je travaille avec Christophe Benzitoun de l’équipe de recherche Discours de l’ATILF, avec Camille Fauth du laboratoire LiLPa de l’Université de Strasbourg, et avec Nicolas Mazziotta de l’équipe de recherche Traverses de l’Université de Liège. A l’ATILF, nous recevons également le soutien de Cyril Pestel du service informatique (STR) pour tous les aspects liés notamment à l’hébergement du corpus.

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