Deux jeunes collègues de la FST nommés à l’Institut Universitaire de France

 
Publié le 6/10/2021 - Mis à jour le 4/05/2023
Institut universitaire de France

Chaque année 134 enseignants-chercheurs, dont 77 juniors et 57 seniors, renouvellent le réseau de l'excellence universitaire en France et à l'étranger. L'Institut universitaire de France a pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités, d’encourager la formation des jeunes chercheurs et de contribuer à la féminisation du secteur de la recherche.

Nommés pour une période de 5 ans, les membres juniors sont placés en position de délégation. Ils continuent à exercer leurs activités dans leur université d’appartenance, en bénéficiant d’un allègement de leur service d’enseignement et de crédits de recherche spécifiques. Au terme de leur nomination, les membres seniors peuvent s’ils le souhaitent, déposer de nouveau une candidature, qui sera alors examinée selon des critères plus exigeants que pour une première nomination, en privilégiant des projets innovants et en apportant une attention particulière aux réalisations consécutives à la première délégation.

La Loi de programmation de la recherche promulguée le 24 décembre dernier a amorcé une montée en puissance de ce dispositif qui fête en 2021 ses trente ans. D’ici 2023, le nombre de nouveaux lauréats va quasiment doubler et passer de 110 futurs membres de l’IUF à 200 soit 100 Juniors et 100 Seniors.

Par arrêté de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, en date du 12 mai 2021, le travail scientifique et le projet de recherche de deux enseignants-chercheurs de la Faculté des Sciences et Technologies ont été récompensés cette année.

Jérémy Couturier, nommé à l’IUF en qualité de membre junior

Mon parcours est un peu atypique et fortement lié à l’UMR1136 UL/INRAE Interactions Arbres/Micro-organismes (IAM). J’y ai préparé un doctorat au cours duquel je me suis intéressé à l’absorption et la remobilisation de l’azote chez le peuplier au sein de l’équipe « Physiologie et génomique fonctionnelle du transport » dirigée par Michel Chalot. Par la suite, de 2008 à 2013, j’ai intégré une autre équipe du laboratoire IAM, l’équipe « Réponse aux stress et Régulation Redox » (RSR2) de Jean-Pierre Jacquot. J’ai été nommé Maître de Conférences à l’Université de Lorraine, en septembre 2013 et je poursuis mes activités de recherche au sein de cette même équipe.

Jérémy CouturierD’un point de vue global, les recherches menées au sein du laboratoire IAM portent sur la biologie et l’écologie des interactions entre micro-organismes et arbres forestiers. Elles visent à améliorer notre connaissance et notre compréhension des interactions qui s’établissent entre les arbres, les champignons et les bactéries rhizosphériques, et qui contribuent au fonctionnement et à la durabilité des écosystèmes forestiers.

Mon travail s’articule autour de trois axes de recherche ayant les plantes comme modèle d’étude. Le premier concerne la régulation redox des protéines au travers de la caractérisation de protéines de la superfamille des thiorédoxines. Le second thème porte sur l’étude des mécanismes moléculaires impliqués dans la maturation des protéines à centre fer-soufre. Depuis 2017, dans le cadre d’un projet ANR JCJC, je développe un troisième axe de recherche qui concerne les mécanismes moléculaires impliqués dans la mobilisation et le transfert de soufre chez les plantes. Les premiers résultats obtenus dans le cadre de ce projet ont d’ailleurs été à l’origine du projet de recherche que j’ai proposé dans le cadre de ma candidature à l’IUF.

A l’heure actuelle, mes recherches sont surtout fondamentales et visent à améliorer notre connaissance des processus cellulaires fondamentaux pour la physiologie et le développement des plantes. Travaillant sur des familles de protéines également présentes chez la plupart des êtres vivants, nos découvertes ont également un intérêt pour d’autres équipes/laboratoires qui travaillent sur des thématiques similaires chez l’homme notamment.

Une nomination à l’IUF passe par une sélection exigeante par un jury international regroupant toutes les disciplines universitaires (lettres, sciences humaines et sociales, disciplines scientifiques et médicales). En ce qui me concerne, j’ai mûrement réfléchi à ce projet en essayant également de le rendre le plus accessible possible pour les membres du jury extérieurs à ma discipline. Il faut également proposer une ouverture sur un projet européen ERC et un projet pédagogique innovant. Bien que chronophage, cette candidature fût un temps de réflexion sur mon activité de recherche à moyen/long terme et à la nouvelle impulsion que je souhaitais lui donner.

Bien qu’une nomination IUF soit une reconnaissance personnelle, c’est aussi une reconnaissance de tout le travail collectif réalisé depuis une dizaine d’années maintenant avec les autres membres de l’équipe et notamment les doctorants et post-doctorants que j’ai eu la chance de superviser. C’est également une opportunité de booster ma carrière et de développer un nouveau projet de recherche en lien avec mes activités actuelles.

Cette nomination va alléger de deux-tiers ma charge d’enseignement pour les 5 prochaines années. Cela va me permettre de libérer du temps pour la recherche et la réalisation du projet proposé lors de ma candidature. Outre la décharge d’enseignement, une nomination IUF s’accompagne d’un soutien financier de 15 000 euros par an pendant 5 ans et de la prime d’encadrement doctoral et de recherche.

Enfin, cela représente un gage de reconnaissance pour le laboratoire mais également pour la Faculté des Sciences et Technologies et l’Université de Lorraine.

Sébastien Kiesgen De Richter, nommé à l’IUF au titre de l’innovation

Après des études au sein du magistère de physique fondamentale de l’Université de Paris-Saclay et l’obtention de l’Agrégation de Sciences Physiques, j’ai réalisé un doctorat à l’institut de Physique de Rennes. J’ai ensuite été recruté comme Maître de Conférences à l’Université Henri Poincaré. J’effectue mes recherches au laboratoire Energies et Mécanique Théorique et Appliquée (LEMTA) où j’ai mené notamment le projet européen PowderReg à l’origine d’une filière de recherche transfrontalière relative au transport, au stockage et à la mise en forme de poudres d’intérêt industriel. Ce projet regroupe cinq universités et une cinquantaine de chercheurs de la Grande Région. Depuis 2010, j’enseigne dans les formations rattachées au département de Physique et Mécanique de la Faculté des Sciences et Technologies.

Sébastien Kiesgen De RichterDepuis 2018, je suis responsable au sein du LEMTA d’une nouvelle équipe de recherche « Ecoulements de poudres et de suspensions » qui travaille sur la rhéophysique et les écoulements de dispersions granulaires par des approches multi-échelles couplant des travaux expérimentaux, numériques et de modélisation. D’une manière vulgarisée, nous travaillons sur la « physique du tas de sable » que l’on classifie au sein de la matière dite « complexe » car le comportement de ces matériaux divisés est encore mal compris aussi bien au niveau fondamental que des applications. Une meilleure compréhension du comportement de ces milieux est importante pour la conception de nouveaux matériaux intelligents à propriétés contrôlées, à la capture et à la valorisation du CO2 pour des enjeux environnementaux, en passant par la prédiction de l’érosion et du transport de sédiments en rivière.

En ce qui me concerne, je m’intéresse particulièrement à la possibilité de contrôler les écoulements de milieux granulaires pour leur utilisation dans les procédés de fabrication et de mise en œuvre de produits à haute valeur ajoutée. Pour cela, je mène une recherche fondamentale qui vise à mieux comprendre la transition entre leur comportement solide et liquide lorsqu’ils sont soumis à des sollicitations mécaniques. L’objectif principal est de réussir à modéliser les écoulements et l’évolution structurale de poudres cohésives d’intérêt industriel, par exemple pour des applications dans le domaine des énergies, des procédés et des produits.

Cette nomination à l’IUF va m’apporter « l’oxygène cognitif » nécessaire au développement d’une activité de recherche de qualité. Elle va me permettre d’alléger ma charge d’enseignement, et dans une moindre mesure, de diminuer les contraintes administratives inhérentes à la recherche de financement et à la gestion de projet en me fournissant des crédits récurrents de 15 k€ par an sur une durée de cinq ans. Cela me permettra de me concentrer sur ce qui fait sens dans notre métier selon moi, à savoir tenter d’apporter des réponses scientifiques concrètes aux problématiques majeures d’une thématique donnée. Avec le soutien du laboratoire, j’espère donc pouvoir pérenniser mon activité de recherche pour les cinq prochaines années, et avoir l’opportunité d’ancrer ma thématique à l’international en continuant de mener une recherche de qualité et innovante dans le domaine des milieux granulaires.

Cette distinction va me permettre de renforcer et de créer de nouvelles collaborations avec des laboratoires nationaux et internationaux de tout premier plan qui travaillent sur le domaine des milieux granulaires. Cette nomination à l’IUF va me permettre de libérer du temps afin d’aller chercher de nouvelles idées et d’explorer des pistes de recherche innovantes sur les milieux granulaires issues de recherches dans d’autres domaines disciplinaires allant de la géophysique à l’agroalimentaire, en passant par la physico-chimie des interfaces. Mon objectif sera de fournir les bases scientifiques qui permettront de transférer des résultats issus de la recherche fondamentale au domaine de la technologie des poudres pour une optimisation des procédés, respectueuse de l’environnement et en accord avec l’enjeu global de réduction de l’empreinte énergétique des industries de demain.

Félicitations à ces deux collègues pour cette belle réussite qui fait rayonner notre faculté et notre université !