Conférence "L'éducation civique comme politique scolaire : les enseignements d'une enquête sur la réforme de l'EMC de 2015"

 
Date(s): 
Mercredi 25 mai 2022 - 14:00 - 16:00
Lieu(x): 
Inspé de Lorraine - site de Maxéville
5 rue Paul Richard
MAXEVILLE
affiche cycle de conférences "fait didactique et éducation à" INSPÉ de Lorraine

L'ÉDUCATION CIVIQUE COMME POLITIQUE SCOLAIRE : LES ENSEIGNEMENTS D'UNE ENQUÊTE SUR LA RÉFORME DE L'EMC DE 2015

Par Thomas DOUNIÈS

L’éducation civique est centrale dans le discours que l'institution scolaire française porte sur elle-même, son évocation réactivant une mise en récit où l’École se trouve une raison d'être favorable parmi les fonctions sociales des institutions d’État. Tantôt loué comme garant de la bonne santé démocratique, tantôt décrié comme instrument d'assujettissement, cet enseignement est en outre le catalyseur d'imaginaires contradictoires qui brouillent l’École imaginée avec l’École telle qu'elle est. Par contraste, il s’agira dans cette intervention d’éclairer l’éducation civique telle qu’elle se déploie en pratique, à l’aune d’une analyse transversale de la réforme de l’Enseignement moral et civique de 2015. Cette politique se façonne dans les rapports de pouvoir à distance qui structurent l'institution scolaire, les différents protagonistes disposant de ressources contrastées pour déterminer la réalité de l'enseignement. En mettant en lumière les ambivalences de la performativité de la réforme, l'étude de l'EMC contribue ainsi à la compréhension des modalités du changement dans l’Éducation nationale.

  Thomas Douniès, doctorant en science politique (UPJV – CURAPP-ESS) et ATER à l’Université de Lille. Sa thèse en cours porte sur la gestion de la scolarisation des exilé·e·s aux marges de l’État social national. Sur la base de ses précédentes recherches, il a notamment publié Réformer l'éducation civique ? Enquête du ministère à la salle de classe (Paris, PUF, 2021), La double vérité de la mise en œuvre. Jeu entre le dire et le faire dans l'application de la réforme de l'Enseignement moral et civique (Gouvernement et action publique, vol. 9, n°2, 2020, p. 41-64), Parler politique en classe. Ethnographie de la socialisation politique en contexte scolaire (Sociétés contemporaines, vol. 114, n°2, 2019, p. 151-179).

Mercredi 25 mai 2022, 14h-16h / Maxéville, salle des conseils (bâtiment C, 1er étage)

Cycle de conférences "FAIT DIDACTIQUE & ÉDUCATION À"

Cette année, nous soulèverons la question des rapports des médias et de l’école à la laïcité mais aussi à la religion, aux religions, à l’enjeu du religieux dans nos sociétés que nous avions cru définitivement sécularisées dans la modernité, sous l’effet des impératifs de la rationalité. Lorsque Régis Debray, dans son rapport de 2002 sur l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque, proposait, après l’historien et recteur Philippe Joutard en 1989, d’introduire l’enseignement du fait religieux à l’École de la République, l’on percevait que ce nouvel enseignement touchait, voire ébranlait, quelque chose de l’École, de l’institution scolaire, dans ses rapports au dehors, et notamment à l’intime des familles. Qu’en est-il près de vingt ans après, alors que l’École et la société tout entière ont été bouleversées par les attentats terroristes et la mort par décapitation dans la rue en plein jour d’un professeur d’histoire ? Au moment où le principe de laïcité ne semble plus aller de soi pour appréhender les valeurs d’égalité et de fraternité, au moment aussi où les injonctions sont fortes pour faire partager les valeurs de la République au regard des violences commises par des fondamentalistes religieux, comment l’EMI (Éducation aux Médias et à l'Information) et l’EMC (Enseignement Moral et Civique) peuvent-elles contribuer à préparer les élèves d’aujourd’hui à devenir des citoyens de demain ?

Lors de ce séminaire, il s’agira de comprendre ces retours du religieux, ses résurgences et réapparitions et d’interroger en quoi certains discours constituent une forme d’attaque à la laïcité. Une approche culturelle et humaniste pour aborder ces questions est-elle toujours possible au sein de l’ultramodernité contemporaine, à la fois interconnectée et pénétrée d’incertitudes ? En quoi la laïcité soustraite à toute sacralité permet-elle de libérer l'espace de la foi et de garantir le libre examen, le discernement critique et le débat contradictoire ? Enfin, comment éviter les dérives identitaires et les discriminations, quand les croyances se figent en identités et quand les préjugés font de la religiosité un motif de rejet qui empêche le projet d’émancipation et d’égalité ? Au final, est-il possible d’oeuvrer à la construction d’une laïcité qui reconnaîtrait les pluri-identités constitutives de chacun ?

Sylvie Pierre

Nolwenn Tréhondart

Responsables du séminaire :

Maîtresses de conférences en sciences de l’information et de la communication

Université de Lorraine, CREM-Praximédia, INSPÉ de Lorraine

Conférences en présentiel, ouvertes à tout public : dans la limite des places disponibles, sans inscription préalable.

Programme complet et bibliographies (préparées par les équipes de nos BU)disponibles en ligne : http://u2l.fr/fait-didactique

Merci de respecter les gestes barrières en vigueur (masque, gel hydroalcoolique et aération régulière de la salle)