En collaboration avec des chercheurs de Israël, de Luxembourg, de l’Allemagne, du Danemark et du Japon, Jaouad Bouayed et Rachid Soulimani, chercheurs en neurosciences à l'Université de Lorraine (LCOMS), défendent, dans un article d’opinion, paru dans le Journal de référence Brain, Behavior, and Immunity, la thèse que le comportement ancestral altruiste constitue la meilleure stratégie à adopter pour endiguer la propagation des pandémies. Le comportement altruiste utilisé depuis la nuit des temps constitue également la clef pour la réussite de l’actuelle campagne de vaccination puisqu’il empêche de mettre le virus sous pression évolutive (pression de sélection), en évitant ainsi de le pousser à muter et à créer de nouveaux variants plus dangereux ou plus contagieux que la souche de base, le non-variant SARS-CoV-2. Jaouad Bouayed nous en dit plus.
Des leçons anti-pandémiques ancestrales : le comportement altruiste
En neurosciences comportementales, la culture est considérée comme étant un facteur puissant qui influence voire détermine le comportement de l’être humain. Depuis plus de 300 000 ans, et grâce à sa plasticité comportementale et d’autres stratégies adaptatives, Homo sapiens a su surmonter tous les défis qui menaçaient son existence et préserver la continuité de notre espèce. Face aux pandémies destructrices de l’Antiquité, telles que la peste, le comportement altruiste constituait la meilleure stratégie de défense, si je ne dirais pas la seule. A travers cette étude de l’histoire de l’humanité, nous avons mis en évidence que l’être humain a employé l’isolement et la quarantaine depuis la nuit des temps contre les pandémies. C’est un concept très ancien que l’on peut trouver dans le Bouddhisme, l’Hindouisme et le Confucianisme, et d’ailleurs peut se présenter sous forme de préceptes dans les religions abrahamiques : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Le comportement altruiste constitue une pièce importante dans le puzzle de l’histoire humaine puisqu’il a été utilisé avec succès comme stratégie de défense collective contre la propagation des pandémies. Il s’agit d’un comportement conservé chez les espèces sociales que l’on peut trouver, en cas de maladie infectieuse, par exemple, chez les abeilles, les fourmis et le blaireau qui quittent leurs colonies (le chien quitte son maître) pour mourir en auto-isolement. Toutes les chauves-souris vampires, au sein de la colonie, pratiquent la distanciation sociale quand certains de leur congénère présentent des symptômes de l’infection. Grâce à l’altruisme, l’être humain a su vaincre les pandémies, jusqu’en se dévouant pour préserver la vie des autres, en privilégiant par conséquent l’intérêt du groupe social. Nos ancêtres ont donné des leçons dans l’altruisme, en appliquant un isolement strict et drastique des territoires entiers afin que la peste ne se propage pas aux territoires avoisinants comme il fût observé en 639 durant la peste de Amwas qui a touché la Syrie, et en 1666 au village de Eyam en Angleterre. Ces actes d’altruisme historiques constituent un héritage universel commun à toute l’humanité, et nous devons en tirer des leçons. Cet article d’opinion adresse un message universel et touche un grand public dans le monde, en abordant les principales religions et croyances mondiales, et nous éclaire sur les comportements ancestraux qui ont été utilisés avec succès contre les pandémies.
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https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0889159121001811
Références
https://recherchecovid.enseignementsup-recherche.gouv.fr/les-microglies-ces-cellules-immunitaires-cerebrales-qui-nous-protegent-49040
https://factuel.univ-lorraine.fr/node/16015
https://factuel.univ-lorraine.fr/node/15298