Expo Infinités Plurielles : entretien avec Marie-Hélène Le Ny [JACES 2018]

 
Publié le 21/03/2018 - Mis à jour le 10/05/2023
portrait marie helene le ny

Diplômée des Beaux-Arts de Rouen et titulaire d’un DEA Esthétique sur la notion de modèle en photographie obtenu à la Sorbonne, Marie-Hélène Le Ny effectue un travail photographique qui traite de questions sociales et notamment des représentations des femmes. En proposant d’autres modèles et d’autres mises en images, elle nous pousse à nous interroger sur la définition de la beauté et le statut des femmes, sans en exclure le regard masculin porté sur elles, qui lui aussi peut être renouvelé.

Elle a notamment proposé en 2010 l’exposition On ne naît pas femme, on le devient … , composée de 192 portraits sonores de femmes de tous horizons et tous âges, qui devaient lire un texte qu’elles aimaient. Littérature, poésie, chansons … une grande variété de texte était représentée. Issues de 32 pays des 5 continents, elles nous invitaient à questionner l'universalité du droit à l'émancipation des femmes et la multiplicité de leurs centres d'intérêts et de leurs luttes.

 

L’exposition Infinités Plurielles

Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche s’est intéressé au travail de Marie-Hélène Le Ny et lui a demandé de mettre en valeur les femmes scientifiques.

Il s’agit, au travers de 145 portraits, de donner à voir des femmes de la vraie vie, mises sur un pied d’égalité entre elles et avec le public. Au contraire d’un modèle de réussite inaccessible, la photographe montre des femmes aux parcours variés, à tous les niveaux de carrière qui participent tout autant au monde de la science.

L’idée est de donner un point de vue global, de toutes les régions et de laboratoires variés, 18 nationalités sont représentées. Le projet prenant une dimension internationale, M-H Le Ny est allée photographier des scientifiques américaines et coréennes.

Les techniques employées (photo en noir et blanc, plan américain, pas de maquillage ni de stylisme, pas de retouche) permettent un rendu qui crée l’empathie. Par l’identification, et en faisant ressortir les valeurs humanistes de ces femmes, la science devient accessible et les femmes légitimes dans ce domaine.

Cette exposition est également conçue comme une action de vulgarisation scientifique, parce qu’elle va à la rencontre de son public. Elle a été plusieurs fois accrochée en extérieur. Ici, l’espace Bernard Marie Koltès l’accueille dans le cadre des JACES qui vise à diffuser la culture au sein de l’université, pour la communauté universitaire mais aussi le grand public. Le but est de créer la rencontre mais aussi de transmettre une passion.

Les inégalités perdurent et notamment dans les carrières scientifiques. Il s’agit de conforter les choix des fillettes et de s’adresser aux parents afin qu'ils les soutiennent dans leur goût pour la science. Car au-delà de la valorisation des scientifiques au féminin, on s’interroge ici sur le modèle que l’on propose des femmes dans un contexte où paradoxalement, des luttes commencent à être gagnées- on l’a vu avec le phénomène #balancetonporc - mais où les représentations sont plus sexistes que jamais - par exemple dans la téléréalité, ou avec l’imposition des retouches photographiques.

Pas de larmoiement mais plutôt un nouveau regard, libre de tout cliché, où femmes et hommes sont associés, voilà à quoi nous invite Marie-Hélène Le Ny.

Le vernissage de l’exposition aura lieu pour le lancement des JACES, le 3 avril à12h à l’Espace Bernard Marie Koltès.

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