[RETOUR SUR] Inauguration de la halle technique en ingénierie dentaire

 
Publié le 22/11/2022
L. Garcia, S. Claude, S. Hablot, H. Boulanger, K. Yasukawa, F. Remay

La faculté d’odontologie de Lorraine a inauguré mercredi 16 novembre 2022 sa halle technique en ingénierie dentaire en présence d’Hélène Boulanger, présidente de l’Université de Lorraine, Fréderic Remay, directeur général adjoint de l’ARS Grand Est et Stéphane Claude, directeur général délégué de Coltène MicroMéga.

Depuis 2016 les acteurs de la Région Grand-Est ont positionné la santé comme l’une de leurs priorités. Les retours des industriels de la santé font état de la nécessité de créer de l’interactivité entre les formations de santé et l’ingénierie pour inventer les technologies de demain qui seront nécessaires à la prévention des soins bucco-dentaires et à la sécurité des patients.

Partant des contextes que l’innovation en odontologie se retrouve systématiquement marginalisée au sein des universités partout en Europe (voire dans le monde), et que les interactions entre la santé et l’ingénierie sont balbutiantes et éloignées des secteurs industriels, la faculté d’odontologie de Lorraine a misé sur l’environnement exceptionnel au sein de l’Université de Lorraine pour créer le premier pôle d’ingénierie et d’innovations dentaires en Europe.

Une halle technique en ingénierie dentaire

D’une superficie de 150m2, cette halle technique est l’une des pièces maitresses de la vision de la faculté d’odontologie de Lorraine.

Financée à hauteur de 232 000 € par l’ARS Grand Est, ce plateau technique a pour ambition de créer un cadre de travail innovant favorisant une mise en relation des compétences universitaires et du savoir-faire industriel.

Elle est composée d’un centre d’essais et de certification dédié aux essais mécaniques sur dispositifs dentaires complété d’un espace collaboratif étudiants.

Le programme avant-gardiste porté par la faculté d’odontologie s’appuie sur un réseau collaboratif composé de professionnels de la santé, d’écoles d’ingénieurs, d’IUT, de laboratoires de recherche et d’acteurs du monde de l’industrie. L’objectif est de coordonner les initiatives, les ressources matérielles et compétences en matière d’innovation autour d’une filière de l’odontologie

La création de ce « nouvel écosystème » sera propice au dialogue des savoirs, pour résorber le décalage culturel entre les mondes académiques et industriels si problématique en santé.

Cette démarche est donc nécessaire à la compréhension des besoins du secteur de la santé bucco-dentaire, afin de booster les capacités d’innovation du monde industriel sur ce secteur de pointe.

Outre les domaines liés à l’innovation, cette halle technique a une visée pédagogique pluridisciplinaire ouverte sur l’ingénierie en santé. Elle est un véritable accélérateur de travail collaboratif pour les étudiants et élèves-ingénieurs dans le cadre de travaux pratiques, de stages, de thèses, de projets tutorés et d’hackathons. Elle permet dès à présent de familiariser les étudiants aux différents domaines de la recherche dentaire, et de promouvoir les carrières hospitalo-universitaires de demain.

Une dynamique qui fait écho au cursus ODONTO+

Avec une croissance de 3% par an pour un marché estimé aux environs de 7 milliards d’euros, l’industrie dentaire est un marché dynamique qui voit dans l’ingénierie biomédicale un nouveau levier de croissance.

Pourtant les discussions menées avec les industriels du secteur de l’odontologie ont fait ressortir une faiblesse du recrutement de talents ayant à la fois les compétences nécessaires à la compréhension des besoins du secteur de la santé bucco-dentaire, et les capacités à innover technologiquement.

Pour répondre à ce défi, la faculté d’odontologie de Lorraine, Lorraine INP et Mines Nancy se sont rapprochés pour définir un programme de formation nommé ODONTO+ destiné à ses étudiants et aux praticiens déjà diplômés à fort potentiel. (articles factuel : ODONTO + : une synergie entre l’odontologie et l’ingénierie / Biotech Dental, parrain de la 1re promotion d’ODONTO +)

A l’issue de ce programme, les diplômés dentistes-ingénieurs posséderont à la fois la connaissance de la pratique dentaire et les compétences scientifiques d’un ingénieur.

Un consortium public-privé

Les ambitions la faculté d’odontologie de Lorraine l’amèneront à s’engager dans un programme E-ENDO, en collaboration avec la société bisontine MicroMega, acteur incontournable et historique de l’instrumentation endodontique* en France et la start-up spécialisée dans l’authentification des datas, La Preuve Numérique. (article factuel : E-ENDO program: Connecter l’endodontie d’aujourd’hui au patient de demain)

Bâti sur un partenariat public-privé novateur dans le secteur dentaire, ce programme aura pour principal objectif de doter les actes bucco-dentaires d’un cadre pédagogique (article factuel : Le programme E-ENDO ou de l’importance de “re-certifier” nos praticiens en formation continue / Rapport public de l’inspection générale des affaires sociales : Etat des lieux et propositions en vue de la préparation des ordonnances sur la ‘recertification’ des professionnels de santé à ordre), d’innovation et d’applications orientées vers l’amélioration en continu de la qualité des soins au patient et la sécurisation du dispositif ou de l’acte de chirurgie-dentaire.

Ce consortium sera une première, positionnant le « Made in France » à la pointe de l’innovation en ingénierie dentaire en Europe.

Concrètement, en s’appuyant sur la halle en ingénierie dentaire et en associant les compétences universitaires et le savoir-faire industriels, le programme E-ENDO se donne pour objectif de concevoir un micromoteur dentaire connecté capable d’accompagner le diagnostic, conseiller une lime endodontique* plus appropriée si nécessaire, modéliser le canal de la dent traitée en 3D, ou encore enregistrer le traitement effectué dans un dossier patient anonymisé par blockchain. L’échange des données permettra de certifier le matériel utilisé, mais aussi l’acte en soi, en authentifiant le suivi des protocoles de sécurité. Les informations ainsi recueillies pourront constituer une base pour optimiser la formation continue sur mesure des praticiens.

Un premier brevet déposé

Détecter les signes avant-coureurs de la rupture d’instruments endodontiques* grâce à leur émission acoustique pour anticiper la casse et ainsi alerter le praticien.

C’est dans le cadre du programme E-ENDO en cours de finalisation que l’analyse par émission acoustique des instruments endodontiques* a récemment été mise au point grâce à la collaboration étroite entre la société MicroMéga et la faculté d’odontologie de Lorraine. Cette méthode prometteuse permet de contribuer de façon significative à la collecte des informations multiphysiques (aux échelles méso et/ou macroscopique) liées à la mise en forme canalaire, c’est-à-dire l’usinage des canaux, dans le but de prévenir les potentielles ruptures instrumentales.

D’une manière générale, tous les matériaux émettent des bruits/vibrations qui ne sont pas toujours perceptibles par l’homme (dont l’audition se situe entre 20Hz-14kHz). Or, avant la casse d’un alliage métallique comme le Nickel Titanium (NiTi), utilisé pour les limes endodontiques*, plusieurs signaux sonores sont émis. Une fois les fréquences des bruits moteur isolées et reconnues, il est possible d’identifier les vibrations d’une lime contre la surface de la dent et les signes avant-coureurs de casse instrumentale.

Ces travaux ont déjà donné lieu à un premier dépôt de brevet et un second est en cours.

* Qu’est-ce que l’endodontie ?

L'endodontie est la branche de l'odontologie qui traite de l'intérieur de la dent.  Elle consiste à prévenir et traiter les maladies de la pulpe dentaire et les infections dites péri-apicales. Concrètement, elle englobe tous les soins réalisés par les chirurgiens-dentistes lorsqu’une dent a perdu sa vitalité normale et peut potentiellement s’infecter, ce qui nécessite une « dévitalisation ». Il s’agit donc d’un acte conservateur permettant de pérenniser la dent, réalisé au moyen de techniques complexes.
Aujourd’hui, l’endodontie représente une activité quotidienne en cabinet dentaire, mais elle est souvent source de stress pour le praticien, ce qui dénote un manque d’assurance ; sachant que si l’acte est mal conduit, il risque d’entraîner une infection susceptible de mettre en danger la santé générale du patient.

Kazutoyo Yasukawa
Hélène Boulanger, présidente de l'UL
Stéphane Claude, directeur général délégué de Coltène Microméga
Fréderic Remay, directeur adjoint de l'ARS Grand Est
Les invités
Frédéric Remay (ARS Grand Est) et Hélène Boulanger (UL)
L. Garcia, S. Claude, S. Hablot, H. Boulanger, K. Yasukawa, F. Remay
Espace collaboratif
Centre d'essais et de certification
Centre d'essais et de certification