[Expo] Féminicides : osons en parler !

 
Publié le 20/11/2019 - Mis à jour le 10/05/2023
Détail d'un panneau de l'exposition Féminicides

L'exposition Féminicides rapporte des cas perpétrés par des (ex)compagnons depuis janvier 2019 en France et revient sur le Féminicide de masse de 1989 à Montréal (+ d'explications dans le poster de l'exposition en pièce jointe). Cette exposition a été créée par Candice Egle, Pauline Klein, Emily Kop, Pauline Léger, Solveig Lemale, Damien Losq, Émilie Martin, Anaïs Mathieu, Émeline Maury, Yan Virriat, étudiant.e.s à l’Université de Lorraine (membres de l’Association lorraine de sciences sociales, AL2S, ou étudiante en école d’ingénieur.e) et Sabrina Sinigaglia-Amadio, maîtresse de conférences en sociologie à Metz, membre du Laboratoire lorrain de sciences sociales (2L2S). Nous revenons avec elle sur la nécessité de parler de féminicides.

Comment est née l'idée de cette exposition ?

Elle est venue progressivement. En début d'année civile, j’ai proposé à Pascal Tisserant, vice-président délégué Egalité/Diversité, d’organiser un événement en mémoire du féminicide de masse perpétré à l’Ecole Polytechnique de Montréal il y a 30 ans. Comme depuis quelques années nous mettons toujours en place des actions pour le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, nous avons retenu l’idée d’aborder plus largement la question des féminicides pour en questionner le sens social et politique. Nous avons alors envisagé de « marquer le coup » en ayant une action dans la durée qui, symboliquement, démarrerait le 25 novembre pour se terminer le 6 décembre. Compte tenu du contexte du féminicide de Montréal, il nous a semblé indispensable d’associer les 11 écoles d’ingénieur.e.s de l’université. Emmanuel Gauthier, responsable Communication & Evénementiel auprès des écoles d’ingénieur.e.s, s’est donc joint à nous pour solliciter le conseil de direction des écoles qui a immédiatement accepté le projet. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvé.e.s à travailler à la création de cette exposition, centrée à la fois sur l’événement de Montréal et sur les cas de féminicides actuels en France (et ailleurs dans le monde), qui sera visible dans 13 lieux (soit en se rendant dans les 11 écoles d’ingénieur.e.s et le bâtiment Simone Veil du campus du Saulcy pour découvrir le travail réalisé en plusieurs fois ; soit en allant la découvrir dans sa totalité dans le hall de l’UFR SHS du campus du Saulcy).

Comment s'est passé le travail avec les étudiants ? Comment se sont-ils investis ?

Depuis l’an dernier, l’association étudiante AL2S (Association lorraine de sciences sociales) met en place des rencontres, les « cafés socio », autour de la question de l’égalité femmes/hommes. Les étudiant.e.s ont immédiatement accepté avec enthousiasme de participer au projet. Nous nous sommes réuni.e.s à diverses reprises et nous nous sommes partagé le travail pour rédiger les portraits écrits et les planches explicatives de l’exposition. D’autres étudiant.e.s en formation dans une école d’ingénieur.e.s de l’université, intéressé.e.s par le projet, se sont greffé.e.s à ce groupe de travail. Elles et ils se sont énormément investi.e.s pour tenir les délais et répondre aux attentes institutionnelles et aux objectifs engagés et militants. Compte tenu de l’ampleur assez exceptionnelle du projet, l’équipe composée d’une dizaine de personnes n’a pas été de trop pour le mener à son terme. Ce sont en effet 131 portraits qui ont été rédigés à partir des sources journalistiques ayant fait mention des cas (et précisons que l’exposition n’est malheureusement pas exhaustive puisque depuis que nous avons finalisé le travail, d’autres femmes sont décédées sous les coups de leurs (ex) conjoints). Par ailleurs, quatre planches explicatives ont été élaborées. Enfin, l’Ecole Polytechnique de Montréal a également créé un panneau qui revient sur les commémorations locales de ces trente années. L’objectif était de faire de cette exposition un espace de visibilisation du fait social que constituent les violences faites aux femmes, mais aussi un espace d’information et de sensibilisation. Elle se clôturera le 6 décembre 2019 par une projection-débat du film Polytechnique, réalisé par Denis Villeneuve en 2009. La projection sera suivie d’une table-ronde et d’échanges. 

L'exposition rapporte des cas de féminicides perpétrés en France en 2019, mais rend aussi hommage aux victimes du féminicide de l'Ecole polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989. Comment les mentalités ont-elles évolué en 30 ans ?

Un certain nombre d’évolutions ont eu lieu du côté législatif pour lutter contre les violences faites aux femmes, en ce qui concerne le viol conjugal, les violences conjugales, les violences sexuelles et sexistes, etc. Des campagnes de sensibilisation ainsi que des actions « coup de poing » et des manifestations ont également été mises en œuvre par des associations militantes, professionnelles et des services ministériels, tels que les délégations aux droits des femmes, afin de développer la prise de conscience de toutes et tous. Néanmoins, la transformation durable des représentations reste à faire : dans nombre de cas, on continue de questionner la bonne moralité des victimes de viol ou d’agression sexuelle, on ne perçoit pas toujours certains actes ou propos comme étant de la violence, etc. Et il manque toujours énormément de moyens humains et économiques pour soutenir les structures qui luttent contre les violences de genre.


>> Retrouvez les lieux d'exposition de Féminicides et participez à la projection-débat de Polytechnique, un film de Denis Villeneuve (2009) le 6 décembre 2019

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