La forêt de demain : les nouvelles approches pour l'information forestière

 
Publié le 1/12/2017 - Mis à jour le 11/05/2023

Le secteur forestier est, en France, souvent mal perçu du grand public, parce que mal connu. Pourtant, la forêt couvre 17 millions d’hectares en métropole (soit 31 % du territoire), auxquels se rajoutent 8 millions d’hectares supplémentaires dans les territoires d’outre-mer – essentiellement en Guyane. La France est également, avec 10 % des surfaces forestières de l’Union européenne, le 4e pays le plus boisé, après la Suède, la Finlande et l’Espagne.

Les principales régions forestières françaises sont le massif landais, les zones montagneuses, le pourtour méditerranéen et l’est du pays. Dans les deux premiers espaces, ce sont les résineux qui prédominent, alors que les feuillus, eux, sont majoritaires dans les deux autres zones.

Un quart environ de ces espaces boisés est public, propriété directe de l’État (forêts domaniale) ou des collectivités locales et géré, à ce titre, par l’Office national des forêts (ONF). Mais près des trois quarts sont des forêts privées, souvent de petite taille (plus de 3 millions de propriétaires, avec une forte de proportion possédant moins de 1 hectare). Cela se traduit par une gestion très inégale de ces forêts.

Sur cet ensemble, 5 millions d’hectares sont des forêts de production, qui constituent la base d’une filière économique qui mobilise directement presque 60 000 entreprises, et occupe plus de 220 000 salariés.

Ainsi, on le voit, le secteur forestier est au centre et cristallise aujourd’hui de nombreux enjeux économiques, sociaux et environnementaux, avec un niveau de complexité renforcé du fait de l’éclatement à la fois de la propriété forestière, mais également des acteurs de la filière. La gestion et le pilotage institutionnel de ces enjeux nécessite d’être en capacité de fournir des données spatiales sur les forêts qui soient à la fois de qualité et adaptées aux besoins des utilisateurs, particulièrement diversifiés. Autrement dit, il est légitime de se demander comment acquérir de façon efficiente ces données, comment les traiter, comment les rendre accessibles.

Ce sont ces questions qui ont été abordées lors du brunch consacré aux usages de données spatiales sur les forêts, organisé le 19 octobre 2017, par la Direction des partenariats de l’Université de Lorraine, en collaboration avec le centre AgroParisTech Nancy et l’Inra Grand Est-Nancy.

Devant un public comptant 62 personnes, l’animateur du Brunch – Sylvain Caurla, du laboratoire d’économie forestière de l’Inra – et quatre intervenants ont présenté et confronté leurs points de vue. Christian Piédallu, ingénieur de recherche à AgroParisTech, a présenté sa vision de géomaticien, pour qui l’enjeu est d’améliorer « la façon de représenter la variabilité spatiale et temporelle des facteurs écologiques » qui influent sur la production et la vulnérabilité des forêts, dans le contexte du changement climatique en cours. Antoine Colin, chef du département expertise et prestation de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), a pour sa part décrit ses missions, qui consistent à produire études, expertises et indicateurs sur la ressource forestière, la disponibilité en matière première bois et la bonne durabilité de la gestion nationale. Stéphane Godard, chargé de mission en système d’information et innovation à la direction de l’Office national des forêts (ONF), a insisté sur l’enjeu qu’il y a pour l’ONF à renforcer ses capacités à passer des données brutes recueillies sur le terrain à une information valorisable. Pascal Yonet, directeur de l’association Vent des forêts, espace d’art contemporain, a montré comment, dans le cadre du processus de création artistique, il accompagne les artistes appelés à s’emparer non seulement d’un lieu mais aussi des données qui sont générées à partir de ce dernier.

Ce temps d’échange a permis de mettre en lumière la complexité de la question, à la fois au vu de la difficulté à récolter certaines des données, de l’importance des volumes à traiter, et de la multiplicité des utilisateurs potentiels – chacun ayant des attentes différentes –. Il a également permis de mettre l’accent sur l’importance croissante qu’il y a « à passer d’une culture de la tradition et de l’entreprise individuelle à un système partagé, voire participatif », comme le souligne Mériem Fournier, directrice du centre nancéien d’AgroParisTech, et hôte de la manifestation. Y parvenir, ce serait réunir dans la même clairière tous ceux qui acceptent de penser dans une même direction, pour reprendre l’idée de Jules Renard selon laquelle « Penser, c’est chercher des clairières dans une forêt » !

Les étudiants présents ont également insisté sur l’intérêt pour eux de participer à ce brunch, mettant notamment en avant l’aspect « motivant […] de se rendre compte des enjeux et des attentes de leurs futurs employeurs, clients et usagers ».

Les mêmes partenaires – Direction des partenariats de l’Université de Lorraine, AgroParisTech Nancy et Inra Grand Est-Nancy – se retrouveront, au printemps 2018, pour organiser un autre Brunch sur une thématique autour du bois et des champignons.

Pour tout renseignement complémentaire, contactez Morgane STEFAN : morgane.stefan@univ-lorraine.fr ou à l'adresse suivante : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr

Article rédigé par Thierry DAUNOIS, chargé de projet et référent de la filière numérique au sein de la Direction des Partenariats.
Dessins réalisés par Catherine CRÉHANGE, Illustratrice de propos.