Sur le campus santé au sein de l’École de Chirurgie de Nancy, Hôpital Virtuel de Lorraine, s’est tenu un Brunch au cœur de machines innovantes et d’apprentis volontaires, prêts à se rapprocher au plus près de la réalité professionnelle médicale. Une approche ludique placée dans le cadre de l’apprentissage, avec pour méthode la mise en situation des étudiants et l’utilisation de nouvelles approches pédagogiques afin d’acquérir des techniques, sous l’égide d’un principe fondamental : “jamais la première fois sur le patient”. Le Brunch s’est immiscé le 27 juin dans les pas du 5ème workshop européen sur la Surgical Simulation pour articuler sa table ronde gourmande autour du thème “Simulation numérique et développement économique”.
Une fois plongé dans la réalité de l'hôpital grâce à ces outils, la ressemblance avec un établissement médical est palpable. Des murs simples, d’un blanc cassé, où s’étirent des lignes rouges comme traits décoratifs, coulant le long des allées entrecoupées de salles d’opération. Au coeur de celles-ci, des patients alités. La surprise se révèle une fois le contact pris avec ces sujets en réalité cobayes, leurs tissus de plastique permettant aux futurs professionnels de pouvoir pénétrer le concret sans risques. Les autres pièces se dévoilent dans le même esprit, expérimental, laissant aux mains le soin de pratiquer, aux yeux celui d’apprendre, tout en gardant la distance entre le réel et le virtuel.
Praticiens et apprentis, startupers et chercheurs comme artistes forment le cercle de réflexion tracé dans les bordures d’un Brunch animé par Nguyen TRAN, co-directeur de l’École de Chirurgie de Nancy, Hôpital Virtuel de Lorraine. Face à l’évolution exponentielle des technologies se pose l’enjeu de faire émerger de nouvelles visions. Arnaud COSSON, dirigeant de l’entreprise HRV Simulation, propose d’explorer les nouveaux modes d’interaction entre praticien et patient. Par la simulation d’entretiens, la modélisation numérique par des avatars virtuels ou par la recherche de sensation physique d’opérations par l’activation d’outils, l’enjeu pédagogique est de faire évoluer l’étudiant en même temps que la technologie qu’il saisit. L’objectif : rendre la frontière entre le clinique et la simulation de plus en plus floue. Une démarche qui demande du temps, et de l’argent. “Les levées de fonds prennent du temps, mais nous pouvons nous reposer sur des dispositifs que l’on a à notre disposition (...) pour les startupers, on a un écosystème très favorable et plutôt bienveillant” témoigne Arnaud COSSON.
Le constat est clair : l’innovation de la santé va de pair avec l’émergence d’une nouvelle pédagogie, une transformation du modèle qui délaisse la verticalité pour une approche plus horizontale de la transmission du savoir. Jean-Philippe JEHL, chef de projet IDEFI uTOP (IJL - département Nanomatériaux, Electronique Et Vivant (N2EV) de l’Université de Lorraine, alerte sur les usages de la simulation pour recentrer la maîtrise des compétences au cœur de l’apprentissage : “Le patient numérique représente une amélioration de la formation, mais il faut assurer un modèle d’évaluation de ces outils afin de certifier ou non leur valeur ajoutée”. Nguyen Tran rebondit après cet avertissement pour défendre la formation par le compagnonnage. D’un modèle physique, par paire, la pratique a laissé place au soutien virtuel. “Les technologies ne sont pas là pour remplacer les maîtres”. Soutient-il. “Le compagnonnage numérique vient renforcer le modèle préexistant. (...) On ne peut plus travailler pour la première fois sur le patient, mais il faut néanmoins bien travailler sur quelque chose.”
Workshop et Brunch, tressent alors une discussion qui se propage dans les rangs de l’assemblée, se formant de témoignages, animant la maturation de projets ambitieux, déjà tangibles. “La tendance nous amène vers le patient spécifique” témoigne un représentant de l’outil numérique Anatomage, table de dissection virtuelle permettant de modéliser en 3D un corps humain. Au-delà de l’outil à la pointe, “la digitalisation du patient peut permettre une meilleure communication entre les praticiens de spécialités différentes (...). À partir de son patient : mieux comprendre, communiquer avec lui.” conclut cet intervenant. Si l’accompagnement numérique amène à une meilleure communication entre pairs, la modélisation 3D du corps humain peut permettre au patient de représenter plus efficacement son corps, et au-delà, de mieux y saisir ses maux. Tel est peut-être le véritable rôle du robot dans le monde médical : donner les outils aux hommes pour leur permettre de mieux se comprendre eux-mêmes.
Article rédigé par Alexandre POUPENEY, en 1ère année de Master "Documentation numérique", en charge de la digitalisation du Brunch (Mail : alexandre.poupeney3@etu.univ-lorraine.fr)
Photographies et captation par Hugo COHEN et Jean MARQUES, Étudiants à l'IECA.
Dessins réalisés par Catherine CRÉHANGE, Illustratrice de propos.
Le Brunch est un temps fort proposé par l’Université de Lorraine. Programmé pendant la pause déjeuner, ce rendez-vous vous permettra d’échanger, en petit groupe, avec des experts scientifiques, des acteurs du monde socio-économique,
artistique et sociétal : une occasion privilégiée de se restaurer en croisant les points de vue et en partageant les savoirs.
Pour plus d'information sur les Brunchs, contactez Morgane STEFAN, par tél. : 03.72.74.07.12 ou par mail : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr