Suite à la parution de la nouvelle édition du Baromètre français de la Science Ouverte, les indicateurs pour l’Université de Lorraine sont à présent disponibles. Ils montrent une progression stable vers plus d’ouverture des productions scientifiques. Pour la première fois, découvrez également où nos chercheurs et chercheuses ont publié leurs données de recherche !
L’essentiel à retenir
- 71.8% des publications 2023 sont en accès ouvert, contre 70.6% des publications 2022 ;
- De fortes disparités disciplinaires subsistent ;
- Les revues d’Elsevier représentent près d’un quart des publications ;
- La baisse des dépôts dans HAL au profit de l’accès ouvert dit « Gold »payé par des frais de publications pose question ;
- Les logiciels de recherche et jeux de données produits par les auteurs des articles qui les mentionnent sont de plus en plus ouverts ;
- Les dépenses en frais de publication connaissent une baisse, une première en 9 ans ;
- Un nouvel indicateur sur les pratiques de dépôt des données de recherche dans les entrepôts est disponible : la Cambridge Structural Database (CSD) du Cambridge Crystallographic Data Centre est l’entrepôt le plus utilisé aux côtés de figshare et Dryad. La Plateforme Nationale pour les Données de la Recherche (Recherche Data Gouv) commence à entrer dans les pratiques et arrive en 9ème position ;
- Les dépôts dans figshare, entrepôt de données du groupe SpringerNature, sont nombreux et révélateurs du transfert gracieux de propriété des données produites par la recherche lorraine à cette société commerciale. Cela doit poser question : l’utilisation d’entrepôts respectueux de la propriété intellectuelle doit être privilégiée, comme la Plateforme Nationale des Données de la Recherche (Recherche Data Gouv) ;
- Le cahier de laboratoire électronique connaît une très forte adhésion ;
- L’accompagnement à l’édition scientifique ouverte augmente très nettement ;
- Les indicateurs du Baromètre sont déclinables pour une unité de recherche, et sont déjà en place pour 5 laboratoires.
Du côté des publications scientifiques et des logiciels de recherche
Avec près de 72% des publications de l’année 2023 en accès ouvert, l’Université de Lorraine se place 5 points au-dessus de la moyenne nationale. Ce score, qui reste à améliorer pour tendre vers 100% d’accès ouvert, représente la progression des pratiques d’ouvertures au sein de la communauté scientifique.
Cette moyenne ne doit cependant pas occulter de fortes disparités disciplinaires qui restent indéniables, par exemple entre la biologie (près de 81% d’accès ouvert) et l’ingénierie (66%).
Sur les 4300 publications de l’établissement en 2023, plus de 1000 l’ont été chez l’éditeur Elsevier, ce qui continue à poser question sur cette concentration éditoriale qui reste prépondérante.
Enfin, il est à noter une diminution de la proportion de publications en accès ouvert déposées dans HAL : 74% des publications déposées dans une archive ouverte l’ont été dans HAL en 2023, contre 77% en 2022 et 80% en 2021. La progression de Pubmed et d’arXiv sont ainsi à noter.
La baisse de la proportion de publications en accès ouvert via archive est en cohérence avec la part plus importante des publications en accès ouvert dit « gold », financé par des frais de publications, où seul l’éditeur dispose d’une copie de l’article finalisé. Pour rappel, seul le dépôt dans HAL, même si l’article est déjà en accès ouvert chez l’éditeur, permet un archivage pérenne du fichier et maximise la visibilité des publications.
On peut lire dans cette évolution un effet des accords dits transformants, qui visent à affaiblir les archives ouvertes au profit de l’accès ouvert payant sur la plateforme de l’éditeur. Pour rappel, l’Université de Lorraine a adopté une position critique à l’égard de ces types d’accord.
Les thèses en accès ouvert connaissent un léger recul, qui est à surveiller, notamment dans les disciplines des Sciences Humaines et Sociales.
Les logiciels de recherche produits par les scientifiques du site lorrain et mentionnés dans leurs publications sont quant à eux nettement plus ouverts que lors de la précédente édition (17% contre 10%). Ce chiffre connaît toutefois un taux de variation important et doit faire l’objet d’un suivi plus approfondi.
Du côté des paiements de frais de publications (APC)
Calculées avec une année de décalage pour les mesurer au plus juste, les dépenses en matière de frais de publication (APC), après avoir connu un pic historique d’un million d’euros en 2022 pour le site universitaire lorrain, connaissent enfin une décrue pour l’année 2023 pour se réduire à 850 000 €.
Ces montants sont estimés à partir des publications effectuées par le site lorrain. Si l’on restreint l’analyse à l’Université de Lorraine via son logiciel comptable, ces mêmes dépenses suivent la même tendance en passant de 183 000 à 160 000 €.
Du côté des données issues de la recherche
Les données issues de la recherche effectuée par les scientifiques du site lorrain et mentionnées dans leurs publications sont elles aussi plus ouvertes, passant de 16% à 19%.
Un nouvel indicateur est à présent disponible sur l’ouverture de ces données et permet de visualiser les entrepôts utilisés par les chercheurs pour les partager ou les publier. Cet indicateur est le fruit d’un projet porté par le Ministère chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, l’Université de Lorraine et Inria, pour l’intégration des données et logiciels dans le Baromètre national.
Le recensement des jeux de données sur le site universitaire lorrain a été effectué grâce à l’outil works-magnet, développé par le Ministère dans le cadre de ce projet. Cet outil libre, performant et fiable est une première nationale et permet de disposer d’une solution libre et souveraine pour notamment effectuer le repérage des jeux de données et des publications d’un établissement. La pérennité de cet outil est ainsi tout à fait cruciale.
On constate qu’à l’Université de Lorraine, la base du Cambridge Crystallographic Data Center est l’entrepôt de données le plus utilisé, résultat de la forte activité de recherche en la matière à l’Université de Lorraine. La Plateforme Nationale des Données de la Recherche, entrepôt généraliste français associé à l’écosystème Recherche Data Gouv inauguré en 2022, commence à se faire une place dans les pratiques des scientifiques.
Il est cependant extrêmement inquiétant de voir une proportion importante de jeux de données du site universitaire lorrain déposés dans figshare. Pour rappel, figshare est un entrepôt généraliste privé lié à la maison d’édition Springer-Nature qui n’offre aucune garantie de maîtrise sur les dépôts. Comme le recommande une étude récente du GTSO Données de Couperin[1], il est donc très fortement déconseillé d’utiliser des entrepôts privés. Recherche Data Gouv est ainsi à privilégier en l’absence d’entrepôt thématique de confiance adapté dont la liste par discipline est disponible au bout du lien suivant : https://recherche.data.gouv.fr/fr/entrepots.
Du côté des formations à la Science Ouverte
Le nombre de formations à la Science Ouverte, assurées de manière transversale par les bibliothèques universitaires et la MSH Lorraine, reste stable. L’accompagnement à l’édition ouverte augmente très nettement avec la mise en place de plusieurs formations dédiées.
A noter, la très forte adoption du cahier de laboratoire électronique avec plus de 300 comptes utilisateurs depuis l’année dernière, suite à une année intense d’accompagnement et de formation.
Enfin, un nouvel indicateur sur l’accompagnement à la science ouverte dans le montage de projet entre dans le Baromètre.
Décliner les indicateurs du Baromètre à l’échelle d’un laboratoire
Il est à présent possible d’afficher des indicateurs du Baromètre à l’intérieur d’une collection HAL. En 2024, 5 laboratoires ont déjà eu recours à ce service : l’IJL, le LEM3, le CREM, INTERPSY et le LRGP.
Pour toute demande : hal-contact@univ-lorraine.fr
[1] Akdogan, M., Bracco, L., Du Pasquier, D., Gauvrit, G., Heude, C., Laillier, B., León y Barella, A., Rousselot, C., & Sadowska, J. (2024). Les entrepôts de données d'éditeurs commerciaux : quelle stratégie adopter ?. GTSO Données de Couperin. https://doi.org/10.5281/zenodo.14382823