Des étudiantes engagées au service de l’autisme : rencontre avec Arije Benfartoun et Inès Allag

 
Publié le 10/07/2024 - Mis à jour le 12/07/2024
Arije Benfartoun et Inès Allag

Arije Benfartoun est étudiante en master 1 en sciences des matériaux et Inès Allag est en master 1 en sciences cognitives. Elles partagent une chose en commun : elles sont employées par l’Université de Lorraine comme accompagnatrice du foyer pour étudiantes et étudiants autistes de la résidence Le GEC. Rencontre.

Comment avez-vous décidé de travailler au foyer pour étudiantes et étudiantes autistes de la résidence Le Gec ?

Arije : J’ai postulé à ce poste sans vraiment connaître les problématiques liées à l’autisme. Heureusement, nous avons suivi une formation avec Eric Landfried, directeur du Foyer d’accueil médicalisé de Jury et intervenant du dispositif Univ-TSA proposé à l’Université de Lorraine pour l’accompagnement des étudiants autistes. Il nous a notamment expliqué que les personnes autistes ressentaient de la solitude. Sans être comparable, c’est une sensation que j’ai pu ressentir, à ma manière, en tant qu’étudiante étrangère. Je pense que cela m’a aidé à les comprendre pour les faire sortir un peu de cette solitude.

Inès : De mon côté, je suis déjà sensibilisé à l’autisme car j’ai des proches qui sont concernés. Et j’aimerais pouvoir travailler dans le champ du handicap, notamment dans le domaine du numérique pour l’inclusion, d’où mes études. Cette offre d’emploi entrait donc en correspondance avec mes projets. Je voudrais trouver une activité me permettant d’aider mon prochain avant tout. Quant on apporte quelque chose à quelqu’un, il nous apporte en retour.

Comment est organisé votre travail ?

A : Nous travaillons de 17h à 22h, un jour sur deux, en alternance. Nous commençons la « journée » en passant voir les résidentes et les résidents. On discute avec eux, on échange sur leur journée, s’ils ont besoin de quelque chose. Ensuite, nous restons à leur disposition, ils peuvent venir toquer à nos portes, puisque nous logeons dans la même résidence.

I : Ils peuvent faire appel à nous pour n’importe quelle raison. Ce sont souvent des petits problèmes quotidiens. Par exemple, un résident ne pouvait plus fermer la porte de son congélateur car il y avait trop de glace. Je lui ai montré comment faire pour s’en débarrasser.

A : Ça peut aussi être pour l’utilisation d’un nouvel appareil ménager. La plupart des résidentes et résidents vivent pour la première fois loin de leur parent, et en situation d’autonomie, nous sommes donc un élément rassurant.

I : Une autre de nos missions consiste à travailler la socialisation de ces étudiantes et étudiants. Nous les accompagnons aux manifestation organisées dans la résidence, et nous leur proposons des activités à réaliser ensemble afin de créer du lien entre eux. Il n’y a bien entendu aucune obligation, tout est libre, et si certains ne souhaitent pas s’inscrire dans cette dynamique de groupe, nous ne les forçons pas. Mais je pense que nous avons réussi à créer un noyau solide.

Que vous a apporté cette expérience ?

A : Pour moi qui ne connaissais pas l’autisme, ce qui m’a le plus frappé, c’est que la relation est tellement naturelle que, dès mon arrivée, je ne les ai pas perçues comme des personnes en situation de handicap. Avec notre accompagnement, elles réussissent à être autonomes.

I : Moi, j’ai apprécié le travail du SISU (Service d'intégration scolaire et universitaire), qui est le prestataire de l’Université de Lorraine pour l’accompagnement des étudiantes et étudiants en situation de handicap. Il a été réellement présent et a pris le relais lorsqu’il y avait des situations un peu plus compliquées. Nos échanges avec lui nous permettait aussi de connaître l’état d’esprit des résidentes et résidents, notamment lors de certaines périodes de Stress comme les examens.

A : Ça a été  une expérience positive. D’ailleurs, nous continuons l’année prochaine !