Afin de mieux connaître les pratiques et les besoins des chercheurs autour du cahier de laboratoire, une enquête a été menée auprès des utilisateurs du cahier de laboratoire électronique à l’Université de Lorraine.
Ouvert du 11 avril au 15 mai 2023, le questionnaire portait sur la signature et la contresignature dans le cahier de laboratoire papier et sur l’horodatage dans le cahier de laboratoire électronique. Trente-cinq utilisateurs de la solution de cahier de laboratoire électronique eLabFTW ont accepté d’y participer. Qu’ils soient chercheurs (3), enseignants-chercheurs (9), ingénieurs (14), techniciens (5), doctorant (1) et ATER (1), les répondants réalisent en moyenne 108,5 expériences par an1.
Signatures, contresignatures et cahiers de laboratoire papier
Contrairement aux recommandations du Réseau C.U.R.I.E sur l’utilisation des cahiers de laboratoire papier, 58% des répondants ne signent pas les pages de leurs cahiers qui sont très peu contresignés (7,5%). Rarement contresignataires (26%), les répondants contresignent surtout les cahiers de leurs doctorants ou stagiaires, plutôt que ceux de leurs collègues, dans le but d’une validation hiérarchique des expériences. La contresignature n’a pas lieu régulièrement (c’est-à-dire tous les jours, semaines ou mois), mais deux à trois fois par an ou lorsqu’un projet prend fin, car « cela prend du temps » au contresignataire. La contresignature est alors apposée « en série » sur des expériences de qualité, en particulier lorsqu’elles sont réalisées dans le cadre d’un projet industriel. Un enseignant-chercheur explique qu’il contresigne seulement les expériences « correctement décrites ».
Horodatage et cahiers de laboratoire électronique
Dans le cahier de laboratoire électronique, l’horodatage permet de figer, de façon immuable, les expériences dans leur état à l’instant T afin de garantir leur authenticité et de prouver leur antériorité. Qui doit horodater une expérience ? Pour près de 63% des répondants, il revient à l’auteur d’une expérience (ou à l’un de ses auteurs) d’horodater celle-ci. Pour environ 15%, l’horodatage revient plutôt à un tiers (équivalent en quelque sorte du contresignataire) et pour 22% à l’auteur et à un tiers. Le droit d’horodater ou non une expérience a entraîné de nombreux commentaires. Pour certains utilisateurs, seuls les auteurs devraient horodater leurs expériences, un tiers ne pouvant pas s’engager quant à la qualité des expériences qu’il relit. L’horodatage ne serait donc pas à associer obligatoirement à la vérification d’un tiers, sauf dans le cadre d’un stage auquel cas l’encadrant devrait donner son accord au stagiaire avant que celui-ci n’horodate.
Quel est le meilleur moment pour horodater une expérience ? Près de 52% des répondants estiment qu’une expérience doit être horodatée uniquement lorsqu’elle est terminée, plus précisément lorsqu’elle a « abouti à un résultat », qu’il soit positif ou négatif. L’idée d’horodater chaque jour après une modification a moins convaincu (18,5%). Les expériences à « fort potentiel » ou ayant « une réelle plus-value », celles réalisées dans le cadre d’un contrat de collaboration ou d’un accord de consortium devraient systématiquement faire l’objet d’un horodatage. En revanche, ni « les mises au point » ni les expériences « ratées » par exemple pour une raison technique ne devraient être horodatées.
Enfin, 48% des répondants pensent qu’une bonne pratique serait que seul l’auteur (ou un de ses auteurs) horodate l’expérience une fois arrivée à son terme. 26% des répondants sont tout de même intéressés par la possibilité d’un premier horodatage par l’auteur, puis d’un second par un tiers après sa relecture de l’expérience. Néanmoins, l’horodatage reste une préoccupation secondaire chez les utilisateurs. Pour eux, le cahier de laboratoire électronique doit avant tout pouvoir servir à la reproductibilité des expériences et devenir un « vrai outil de travail ».
Des recommandations concernant l’utilisation de l’horodatage et des permissions de lecture et d’écriture dans eLabFTW seront bientôt diffusées par l’Atelier de la donnée ADOC Lorraine.
1. Deux répondants n’ont pas donné leur statut.