[3 questions à] Myriam Legay, Directrice du campus AgroParisTech de Nancy

 
Publié le 15/05/2023 - Mis à jour le 24/05/2023
Myriam Legay, Directrice du campus AgroParisTech de Nancy

Factuel propose une série de portraits des membres du CCoProLor (Comité de Coordination des Projets du site Lorrain). Pour ce portrait, nous avons interviewé Myriam Legay, Directrice du campus AgroParisTech de Nancy.

Quelles sont vos fonctions actuelles et votre parcours ?

AgroParisTech est un établissement d'enseignement supérieur et de recherche en sciences du vivant et de l'environnement, installé sur 8 sites, dont 4 campus : à Palaiseau, le site principal, Nancy, Montpellier et Kourou, et 3 sites de formation continue, ou de recherche développement à Clermont-Ferrand, Reims et Orléans, ainsi qu'une ferme expérimentale à Grignon. Le site de Nancy, hérité de l'école forestière créée en 1824, est consacré aux formations en sciences forestières, gestion des forêts et des milieux naturels. Nous y formons des ingénieurs, ainsi que des masters et des docteurs en collaboration avec l'Université de Lorraine.

J'ai pris la direction du campus de Nancy en 2019, après un parcours qui m'a menée de la gestion vers la recherche. J'ai débuté à l'ONF, avec la conception du plan d'aménagement, puis la gestion, de la forêt de Fontainebleau, véritable laboratoire à ciel ouvert de gestion forestière multifonctionnelle. J'ai ensuite rejoint le département Recherche, Développement et Innovation de l'ONF, où j'ai passé près de vingt années passionnantes, à l'interface entre recherche et gestion forestière.

La fonction de directeur du campus de Nancy est une fonction multifacette : il s'agit d'assurer la représentation de l'établissement dans la région, mais aussi la représentation dans le domaine de la forêt, de veiller à la cohérence des actions des différentes directions et services, d'avoir une vision prospective sur l'évolution des emplois et des formations, mais aussi de participer (modestement) à l'enseignement et à la recherche.

Quelle est l'implication d'AgroParisTech au sein des projets France 2030 ?

AgroParisTech est impliqué en particulier dans les programmes SIRIUS et ORION. Le programme ORION nous permet de bénéficier de bourses pour attirer de très bons éléments, par exemple vers notre parcours de master AETPF en anglais. Ce parcours bénéficie par ailleurs en M2 du mélange de la population des masters de l'Université de Lorraine avec des étudiants du master Erasmus Mundus European Forestry. Nous avons également proposé avec INRAE un club de sciences Orion, IwoodYou. Même si ce club a connu finalement des difficultés, du fait d'une population trop limitée de doctorants impliqués, l'idée est à poursuivre : le caractère naturellement pluridisciplinaire de la gestion de la forêt et des ressources en bois se prête particulièrement au concept de club de sciences Orion.

Par ailleurs, nous sommes très impliqués dans le programme Sirius, et notamment son volet 4SH  Créer – Prototyper – Tester, et l'action autour des espaces d'innovation, à travers notre Forest'Inn Lab, espace d'innovation autour de la forêt et des ressources forestières, en partenariat avec l'ENSGSI et INRAE. L'objectif est de permettre la rencontre entre des problématiques des entreprises ou des territoires concernant la forêt, des porteurs de solutions, et notre communauté d'enseignement et de recherche, afin de faire émerger des solutions. Le projet Sirius a permis de cofinancer le recrutement d'Alexis Steiner, responsable opérationnel du Forest'InnLab. 

Quelle est votre vision territoriale ? Comment AgroParisTech Nancy collabore avec les entreprises, les collectivités et les citoyens du Grand Est ? Avez-vous un exemple de projet ?

La gestion de la forêt et des ressources naturelles s'inscrit nécessairement dans un territoire, et le choix d'implanter à Nancy la première école forestière en 1824 n'a pas été le fruit du hasard. La forêt et le bois sont des activités importantes du territoire lorrain, et la proximité des frontières allemande et suisse a permis, de 1824 à aujourd'hui, de favoriser les échanges d'idées avec forestiers des pays voisins.

Au-delà du cas de Nancy, AgroParisTech déploie une stratégie d’alliances territoriales sur l’ensemble de ses implantations. La politique d'AgroParisTech est de s'associer, dans chacune de ses implantations, avec le site universitaire, ce qui nous confère une force indéniable sur le plan national. Elle nous permet de valoriser les atouts scientifiques et technologiques locaux mais également de développer des expertises pointues dans les domaines clefs de l’agriculture, du développement des territoires ou dans ceux répondant aux objectifs de développement durable de l’ONU.

Pour former nos étudiants, et notamment nos étudiants ingénieurs, nous mettons l'accent sur les exercices de terrain et les projets en lien avec des commanditaires des territoires : collectivités locales, entreprises, parcs naturels, dans le Grand Est, mais aussi dans l'ensemble de la France. En exemple, je peux citer un projet mené avec nos étudiants ingénieurs de deuxième année l'an dernier, sur cinq semaines, consistant à étudier l'impact de la sylviculture sur la qualité et la quantité de l'eau du lac de Vieilles forges. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une étude commanditée par le Parc Naturel Régional des Ardennes suite à la prolifération des cyanobactéries en période estivale, pouvant entraîner des complications, notamment vis-à-vis du tourisme. Pour estimer les effets de la gestion forestière sur l’érosion et les flux de sédiments vers le lac, différents aspects de la gestion forestière ont été abordés, de l’analyse des peuplements en bord de cours d’eau, aux pistes les traversant, ainsi qu’une analyse générale de l’hydrosystème du bassin versant.

Un autre exemple qui me vient en tête est une collaboration pluriannuelle avec la commune de Masevaux sur la vulnérabilité des forêts de la Doller. Je vous invite à visionner une vidéo réalisée par les étudiants : https://youtu.be/DfdvXDTK5E0