À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous propose de découvrir deux portraits par jour pendant 8 jours de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Zoom sur Mathilde Huguin, jeune docteure à l’ATILF (Université de Lorraine/CNRS), morphologue et Ingénieure de recherche CNRS.
Quel est votre parcours ?
Mathilde Huguin : "Après mon baccalauréat, je me suis inscrite en Sciences du Langage. Cette discipline offre de mieux comprendre la langue sous de nombreux aspects : comment la langue évolue-t-elle ? Pourquoi et comment créons-nous des mots nouveaux ? À la suite de ma licence, j’ai poursuivi avec un master. J’y ai réalisé un mémoire de recherche en morphologie[1] : j’ai spécifiquement analysé des mots construits sur des noms de personnalités politiques comme le nom d’idéologie macronisme issu du nom propre Emmanuel Macron. Je me suis ensuite engagée dans une thèse intitulée « Analyse morphologique des mots construits sur base de noms de personnalités politiques » et financée par un contrat doctoral du MESRI. Pendant mon doctorat, j’ai enseigné à l’Université de Lorraine et j’ai été Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université de Lille. Ces expériences m’ont confortée dans mon objectif de devenir enseignante-chercheuse. Je suis docteure depuis le mois de décembre 2021 et aujourd’hui jeune chercheuse associée à l’ATILF laboratoire de l’Université de Lorraine et du CNRS (UMR 7118)."
Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?
Mathilde Huguin : "Actuellement, j’ai la chance de travailler comme ingénieure de recherche CNRS dans un projet nommé Demonext dirigé par Fiammetta Namer professeur à l’Université de Lorraine, rattachée à l'équipe de recherche ATILF Lexique et financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR-17-CE23-0005). L’objectif de ce projet est de créer une base de données morphologiques de grande envergure (un gigantesque lexique organisé en réseau) qui sera utilisée comme ressource pour confirmer empiriquement des hypothèses en morphologie. Ce projet possède de nombreuses applications plus concrètes notamment en ce qui concerne l’enseignement du vocabulaire (création d’activités d’enseignement du vocabulaire à destination des enseignants du primaire et secondaire) et le traitement des troubles du langage développementaux ou acquis (création de méthodes de remédiation lexicale à destination des praticiens orthophonistes)."
Pourriez-vous partager avec nous ce qui vous a poussée à faire ce métier ?
Mathilde Huguin : "Les métiers de la recherche permettent de laisser libre court à sa curiosité et surtout de prendre le temps de réfléchir longuement sur un sujet qui nous passionne. Les voyages et les rencontres scientifiques constituent la richesse de ces métiers. En contrepartie, je conseillerai à toute personne qui se destine au métier d’enseignant-chercheur d’être méthodique et persévérante car c’est un monde exigeant. Le chercheur doit constamment étayer, approfondir, justifier, voire remettre en question certaines théories établies pour toujours mieux structurer sa description, sa compréhension."
[1] La morphologie (morpho- « forme » et -logie « étude ») est la discipline des Sciences du Langage qui étudie la structure des mots (les corrélations de sens et de forme), par opposition à la syntaxe, qui analyse la fonction des mots et leurs combinaisons.
© Antoine Lambois