Lancement du site international : Interview de Karl Tombre

 
Publié le 6/11/2014 - Mis à jour le 25/11/2014

L’université lance son site web international à destination des étudiants et chercheurs étrangers. Ce portail multilingue est disponible  depuis une dizaine de jours en français, en anglais et en allemand.
Karl Tombre,Vice-président en charge des partenariats socio-économiques et de l'international, revient sur le travail engagé et nous parle de la stratégie internationale de l'établissement en général  ...

L’université lance un site international à destination des étudiants et des chercheurs étrangers. Est-ce la première étape vers un dispositif plus large pour attirer d'avantage d’étudiants étrangers en Lorraine ?

Karl Tombre : Oui et non, on attire déjà en Lorraine beaucoup de personnes pas seulement des étudiants mais aussi des chercheurs, des doctorants, des post-doc, des personnels ...
Le site international est un outil d'attractivité mais c'est surtout un outil d'information qui est nécessaire car l'université accueille déjà beaucoup d'étudiants étrangers et beaucoup de personnes dont le français n'est pas la première langue. Or une université qui veut briller à l'international doit avoir une présence web qui ne soit pas seulement en français. Ce site propose en premier lieu des informations pratiques : comment faire ses études à l'université, vivre à l'université, faire de la recherche à l'université, venir en Lorraine ... L'approche institutionnelle est donc succincte car si elle est importante pour notre écosystème elle intéresse finalement peu notre public.. D’ailleurs le site est aussi disponible en français, car sa présentation épurée peut aussi intéresser des visiteurs francophones.
Elle permet cependant de détailler l'organisation de l'université en France (qui est très spécifique) et d'autres aspects plus généraux tels que la sécurité sociale ou les logements étudiants.

Quelle est la stratégie de l'UL en matière de relations internationales ? Y a-t-il des pays stratégiques sur lesquels nous concentrons nos partenariats ?

KT : Il n'y a pas une stratégie mais des stratégies. En effet, chaque composante de recherche ou de formation peut pour des raisons très légitimes et stratégiques pour elles, avoir des priorités : développer des partenariats avec un pays, une zone géographique, une université... À un niveau central, notre rôle va être de les accompagner. À côté de cela, nous souhaitons définir pour l'ensemble de l'Université une tratégie globale en termes de points de focalisation,  géographiques et d'éléments différenciation. Il faut distinguer plusieurs types de relations internationales:

  • la mobilité étudiante :un flux d'étudiants entrants et sortants (nous accueillons plus de 8000 étudiants internationaux et 1500 étudiants lorrains qui passent une partie de leur cursus à l'étranger)
  • les parcours bi-diplômants, Erasmus Mundus, des formations avec des doubles diplômes ou des accords d'échanges d'étudiants.
  • les collaborations de recherche. La recherche est par essence internationale. Nos chercheurs travaillent dans leur communauté scientifique avec des gens du monde entier - avec des relations fortes plus au moins structurées de collaboration à l'Europe et à l'international. J'aime distinguer l’Europe de l'international. Pour moi, l’Europe ce n'est pas l’étranger, nous en faisons partie.

L'établissement semble privilégier la mise en place de doubles-diplômes ou de formations internationales via les programmes d'échange - Ces diplômes sont-ils en augmentation ?

KT : Tous les programmes d'échange n'ont pas la même finalité. Erasmus est un dispositif qui donne des bourses de mobilité à des étudiants, sans qu'ils obtiennent forcément un diplôme dans l'université qui va les accueillir (ils seront au final diplômés à l'UL). Pour les masters Erasmus Mundus, les étudiants bougent entre différentes universités pendant leur cursus pour obtenir au final un diplôme conjoint, un double diplôme ou un triple diplôme bref un diplôme portés par plusieurs universités européennes ou internationales. Ce sont des modalités que nous comptons développer encore à l'avenir.
Nous avons aussi des constructions plus locales, avec par exemple des formations bi ou tri diplômantes avec nos partenaires de la Grande Région ("Grande Région" englobe la Sarre et la Rhénanie-Palatinat en Allemagne ainsi que le Grand Duché de Luxembourg, la région Lorraine en France et la Wallonie en Belgique). Notre offre de formation présente aussi des cursus particulièrement originaux :comme par exemple l'ISFATES (Institut supérieur franco-allemand de techniques, d'économie et de sciences) où tous les étudiants font un parcours franco-allemand, ou l'EEIGM (École Européenne d'Ingénieurs en Génie des Matériaux) où tous les étudiants doivent passer au moins par 3 pays différents pendant leur scolarité.
Concernant les domaines il y a beaucoup de mobilité dans les sciences et technique, les spécialités de médecine qui sont très attractives, ainsi que les masters en droit spécialisé  et  nos filières de langue professionnalisées et culturelles. 

Est-ce que l'internationalisation passe par le fait d'attirer des étudiants en proposant des formations en anglais ...

KT : Certainement pour une bonne partie, notre déséquilibre entre le flux entrant et sortant (nous avons plus d’étudiants que sortent en Erasmus que d’étudiants qui viennent) s'explique probablement par notre faible quantité de formations en anglais. Que soit un élément à mettre en oeuvre oui, nous souhaitons mettre œuvre plus de formations en anglais, mais ce n'est pas complètement évident  ... Est-ce qu'on dédouble la formation ou pas, engendrant des coûts supplémentaires  que la situation financière actuelle de l’université ne permet pas forcément ? Doit-on imposer à nos étudiants de suivre des formations en anglais ? Il y a une multitude de questions qui se posent autour de cette thématique, mais évidemment c'est une piste pour rendre nos formations plus attractives.  Il en existe d'autres, je prends comme exemple les formations franco-chinoise en médecine où il y a un accompagnement des étudiants qui viennent faire une partie de leur formation de médecin à la faculté de médecine de Nancy et qui au préalable ont suivi une formation en français en Chine - ce qui donne une  filière franco-chinoise équilibrée. L'internationalisation par plus de formation en anglais fait partie du dispositif mais ce n'est pas le seul.

La cérémonie de rentrée a été l'occasion de remettre leurs diplômes à de nombreux docteurs étrangers, est-ce important pour vous d'attirer et de former les chercheurs de demain ?

KT : Oui, le doctorat est la formation où l'on trouve le pourcentage d'étudiants internationaux le plus élevé. Il y a deux raisons principales à cela : la visibilité de certains domaines scientifiques de l'UL attire les futurs docteurs, et il y a la nature même de la recherche, qui fait circuler les personnes. D'ailleurs l'inverse est vrai aussi : les jeunes lorrains vont faire leur doctorat ailleurs. Et c'est encore plus perceptible en ce qui concerne la mobilité des post-docs, qui est devenu une obligation dans un certain nombre de disciplines. La mobilité est inscrite dans les gènes de la recherche. C'est bien dans la fertilisation croisée des approches scientifiques, d'une manière d'aborder un problème, qu'on fait avancer la science. 

Qu'en est-il des chercheurs, la Lorraine est-elle attractive en matière de recherche ? Avons -nous beaucoup de partenariat ?

KT : Oui nous avons un nombre significatif de partenariats, même si nous souhaitons évidemment en avoir plus...
Pour attirer des chercheurs en Lorraine, il faut d'abord être très bon dans un domaine où l'on a de très bons chercheurs, un bon rayonnement scientifique et une bonne visibilité. C'est une condition nécessaire, mais pas toujours suffisante. Il faut également une bonne qualité de l’accueil. Pour ça, nous souhaitons nous appuyer sur ce que nous savons déjà faire avec l'accueil des étudiants étrangers, en ajoutant certaines améliorations. Car accueillir un chercheur, c'est aussi accueillir sa famille. Il y a donc toute une panoplie de services (logement, recherche d'emploi, cours de français, etc.) à développer.