Regards croisés entre la France et l’Allemagne sur la situation politique actuelle
Faut-il parler d'une crise de la démocratie en Europe ? C’est la question qu’ont explorée Anne Jadot, politiste à l’Université de Lorraine, et Georg Wenzelburger, professeur à l’Université de la Sarre, lors d’un débat vif et stimulant le 5 juin 2025 au Goethe-Institut de Nancy.
Animé par Grégory Hamez, directeur de la Maison du Franco-Allemand – Jean DAVID, cet échange s’est tenu devant un public nombreux, jeune et engagé. La dessinatrice Catherine Créhange a croqué en direct les temps forts de la discussion, ajoutant une touche artistique à cette soirée.
Crises politiques ou démocratie vivante ?
La discussion est partie d’un constat commun : des recompositions politiques marquées par des élections anticipées dans les deux pays – en juillet 2024 en France (suite à la dissolution de l’Assemblée nationale), en février 2025 en Allemagne (après la chute de la coalition gouvernementale). Résultat : une montée des extrêmes, une fragilisation des partis traditionnels, mais aussi une participation électorale soutenue, qui semble nuancer l’idée d’une crise profonde de la démocratie.
Les intervenant·es ont mis en lumière des différences structurelles entre les deux systèmes. Côté français, l’instabilité est flagrante avec quatre Premiers·ères ministres en un an. Côté allemand, la pratique du consensus politique limite les ruptures, malgré la poussée de l’AfD, en particulier dans l’est du pays, où elle dépasse parfois les 50 % des voix. Le fédéralisme allemand, en intégrant les Länder à la prise de décision, ajoute une dimension territoriale forte au débat démocratique. 
Démocratie, confiance et médias : des enjeux partagés
Au-delà des institutions, les deux politistes ont souligné une crise de confiance envers les responsables politiques, commune aux deux sociétés. Le rôle des réseaux sociaux, la prolifération des fake news, mais aussi les pressions économiques pesant sur les médias ont été discutés, interrogeant les fondements mêmes de la citoyenneté moderne.
Face aux discours simplificateurs, les deux intervenant·es ont rappelé que la démocratie ne se limite pas au vote. Elle repose sur des valeurs partagées, le respect des droits fondamentaux, la liberté de la presse et la dignité humaine.
Une soirée franco-allemande engagée
Le public n’a pas manqué d’interpeller les orateur·ices, prolongeant un échange aussi passionné que rigoureux. Ce « Tête-à-tête » s’inscrit dans une série de débats organisés deux fois par an, en alternance entre la Lorraine et Sarrebrück. Il a été coordonné par le Goethe-Institut de Nancy et la Maison du Franco-Allemand – Jean DAVID, avec le soutien de l’Institut d’Études Françaises de Sarrebruck, du Pôle France de l’Université de la Sarre, et du CIERA dans le cadre de son programme Hors les murs.
Un grand merci aux intervenant·es pour cette brillante démonstration d’échanges intellectuels entre la France et l’Allemagne. Et merci à Gina Jablonski (Pôle France, Université de la Sarre) pour les photos de l’événement.
