Label Enseignement Supérieur du doctorat de l’Université de Lorraine : témoignages.
La démarche du label « Enseignement supérieur » a pour objectif d’amener des doctorants à réfléchir sur leurs compétences d’enseignants à l’université sur la base d’une expérience qui conjugue la pratique de l’enseignement et l’acquisition d’une formation à la pédagogie universitaire.
La session 2021 du jury de soutenance du label s’est déroulée le 8 juillet. A cette occasion quelques candidats se sont exprimés sur l’intérêt qu’ils ont pris à cette démarche.
Fabien Bessière (IAEM, IECL)
Vous êtes agrégé de Mathématiques, vous aviez déjà suivi une formation à la pédagogie et enseigné dans le second degré. La démarche du label « Enseignement supérieur » vous a-t-elle apporté quelque chose de nouveau ?
J’ai effectivement une expérience d’enseignant en lycée antérieure à mon doctorat. J’ai constaté qu’enseigner dans le supérieur était un métier bien différent de celui d’enseignant dans le second degré.
Je n’ai jamais eu à faire de discipline à l’université : les étudiants m’ont paru plus discrets que les élèves ; j’imagine que c’est parce que les étudiants qui viennent en cours sont vraiment intéressés. Les étudiants sont également plus mûrs que les lycéens et ils sont plus ouverts à la discussion sur leur avenir. Cependant j’ai eu l’impression d’une moindre proximité avec mes étudiants qu’avec mes élèves de lycée car si j’étais le seul professeur de mathématique de mes élèves, je suis à l’université membre d’une équipe pédagogique qui regroupe plusieurs chargés de TD et le professeur qui donne les CM.
Ainsi mon travail à l’université était beaucoup plus cadré et on me donnait des feuilles de TD toutes prêtes. Mais cela ne m’a pas empêché de mettre plus de personnalité dans mes TD, par exemple d'y intégrer quelques logiciels pédagogiques (notamment Socrative) en début d'heure : j'ai remarqué que ça plaisait beaucoup aux étudiants (ludique, sentiment de "challenge" entre eux, met tout de suite les étudiants en activité).
Stéphanie Debray (SLTC, AHP-PReST)
Vous avez eu vous aussi une expérience d’enseignement assez riche (lycée, université de Lorraine mais également des cours à l’Université pédagogique d’Etat de l’Altaï, en Sibérie) avant de vous engager dans la démarche du label « enseignement supérieur », qu’est-ce que les modules de formation à la pédagogie vous ont apporté ?
Certaines formations permettent d’initier les doctorants aux sciences de l’éducation et d’acquérir des connaissances communes et/ou de poursuivre le développement de compétences essentielles pour enseigner. Elles permettent d’augmenter la valeur des enseignements que nous proposons, en apprenant à renforcer l’alignement pédagogique au sein d’un cours, à rendre les étudiants plus actifs et à maintenir leur motivation, ou encore, à donner du sens aux activités mises en place. D’autres formations, davantage fondées sur l’innovation techno-pédagogique, permettent de découvrir et de s’approprier de nouveaux outils tout en apprenant à en faire un usage raisonné. D’autres encore, visent à développer un regard réflexif et constructif sur nos différentes pratiques d’enseignement.
Au-delà du contenu même des formations, ces moments représentent également l’occasion de réunir des jeunes enseignants issus de champs disciplinaires très variés n’ayant pas l’habitude de se rencontrer, ce qui suscite des échanges riches grâce auxquels chacun peut se nourrir des expériences des uns et des autres. À titre personnel, ces échanges m’ont permis de prendre du recul sur les façons d’enseigner au sein de ma discipline de prédilection, et d’élargir considérablement le panel d’activités que je me permets aujourd’hui de proposer aux étudiants.
Edma Hung Kung Sow (SJPEG, IFG)
Les enseignements en Droit sont réputés pour respecter un certain nombre de traditions très formelles : les formations à la pédagogie universitaires vous ont-elles cependant paru utiles pour votre métier d’enseignant en Droit ?
Les formations à la pédagogie universitaires permettent de prendre du recul sur son enseignement et de porter à la connaissance des doctorants divers outils pédagogiques.
Ce « pas de côté » est utile pour identifier ses propres faiblesses et tenter de s’améliorer.
Les conditions particulières de la crise sanitaire, notamment la nécessaire adaptation à l’enseignement en ligne ont-elles eu une influence sur votre pratique ?
Sans contact visuel avec les étudiants, il a été plus difficile de jauger le niveau de compréhension ou de s’assurer du maintien de leur attention.
La diffusion d’un diaporama m’a parue nécessaire pour rendre les séances plus faciles à suivre, ce que je ne faisais pas lorsque les cours étaient en présentiel. Cela permet aussi de gagner du temps et de laisser une place plus importante à la participation.
De même, la plateforme Arche regorge d’outils intéressants pour favoriser le lien avec les étudiants ou mettre à leur disposition des exercices.
Pensez-vous que ces nouvelles pratiques pourraient garder une influence sur la manière d’enseigner en Droit, une fois les conditions revenues à une situation moins contrainte ?
Certains outils pédagogiques mis en place pendant la crise sanitaire m’ont paru convenir aux étudiants au-delà du contexte. Il est tout à fait possible de penser à les utiliser même lorsque l’enseignement sera de nouveau totalement en présentiel. Tout dépend du niveau d’apport constaté par l’enseignant et de son aisance avec ces outils.