À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous a proposé de découvrir une sélection de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Rencontre avec Carmenne Kalyaniwala, chercheuse à l'ATILF*, dernier portrait de notre série.
Quel a été votre parcours ?
Etudiante, j’ai suivi un double parcours d’apprentissage en littérature anglaise et langue française. D’une part, j’ai obtenu un Master, en littérature anglaise (et américaine) à l’université de Mumbai en Inde (État du Maharashtra). D’autre part, j’ai suivi les cours de français à l’Alliance Française de Bombay, institut éducatif et culturel situé à Mumbai. Après mon master, je suis arrivée en France en 2006 comme assistante d’anglais dans les écoles primaires, afin de maîtriser le français et pour pouvoir l’enseigner dans mon pays d’origine. Je me suis inscrite à l’université Paris 3 – Sorbonne où j’ai obtenu un master en sciences du langage – didactique des langues. De 2006 à 2008, j’ai enseigné le français en Inde et j’ai souhaité m’inscrire en doctorat. Puisque je voulais faire une thèse spécialisée dans les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), un de mes co-directeurs de thèse, François Mangenot, professeur des universités, rattaché au laboratoire LIDILEM** m’a conseillé de faire un master 2 recherche en DILIPEM | Didactique des Langues et Ingénierie Pédagogique Numérique de l’université de Grenoble–Alpes | UGA. Pendant l’obtention de ce master, j’ai travaillé à l’UGA comme maître de langue en anglais et j'ai participé au projet IDEFI Innovalangues. En décembre 2018, j’ai soutenu ma thèse de doctorat et j’ai été qualifiée en sections 7 (sciences du langage) et 11 (anglais) du CNU. Ma candidature a été classée en 1ère position sur trois postes en France, notamment à Lille, à Toulouse et à Nancy et j’ai choisi l’université de Lorraine qui m’avait recruté comme ATER de 2016 à 2018.
Depuis septembre 2019 donc, je suis maîtresse de conférences en didactique des langues. Mes enseignements se font au sein de l’UFR Lansad |
Langues pour spécialistes d'autres disciplines et je suis rattachée pour le volet recherche à l'
ATILF à l'équipe de recherche Didactique des langues et sociolinguistique (Crapel) dirigée par Maud Ciekanski.
Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?
A la base, je suis didacticienne et je m’intéresse, de manière globale, à l’enseignement et l’apprentissage des langues vivantes et notamment de l’anglais. Ma thèse de doctorat a porté sur la description et la modélisation des processus qui participent à ce que je qualifie de la dimension "sociale" de l’autonomie. Pour étudier ces processus, j’ai élaboré un projet pédagogique collectif de digital storytelling avec des petits groupes d’apprenant.e.s inscrit.e.s dans une formation pré-professionnelle au métier d’enseignant d’anglais et des professeur.e.s des écoles. Issue d’un cadre théorique pluridisciplinaire, cette recherche m’a permis d’analyser le rapport des groupes restreints aux outils numériques, mais aussi le fonctionnement collectif du groupe et le feedback donné par les professeur.e.s des écoles.
Dans la continuité de ma thèse, je continue à m’intéresser aux processus d’autonomisation et de travail collectif qui font appel aux outils numériques et multimodaux dans l’enseignement et l’apprentissage de l’anglais. Dès mon recrutement cette année, j’ai intégré l’axe de recherche ‘Autonomie et apprentissage autodirigé’ qui travaille sur le projet
EDOlang dirigé par Anne Château, professeure UL. Nous sommes en train de développer le volet autoévaluation dans le cadre de la plateforme de l’UFR Lansad. Mes recherches peuvent donc être appliquées dans le cadre de l’ingénierie de la formation, mais aussi de la formation des enseignant.e.s de langues vivantes.
Quel conseil donneriez-vous à des jeunes filles qui souhaiteraient s'engager vers la recherche ?
Le même conseil que je donnerai à de jeunes garçons qui s’engagent vers la recherche : restez déterminée et continuez à persévérer quoiqu’il arrive pour voir le bout du chemin … Il faut croire en soi et ses motivations !
* ATILF : laboratoire d'Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française, commun au CNRS et à l'Université de Lorraine
** LIDILEM (UMR CNRS/UGA) : Linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles.