[DHC 2019] 3 questions à Joao F. Mano, professeur au département de chimie à l‘Université de Aveiro (Portugal) et Docteur Honoris Causa de l'Université de Lorraine

 
Publié le 2/12/2019

João Filipe Colardelle da Luz Mano (João F. Mano), professeur au département de Chimie à l‘Université de Aveiro (Portugal) et fondateur - directeur du Groupe de recherche COMPASS issu du Laboratoire associé CICECO au sein de l'institut des Matériaux d'Aveiro, recevra les titre et insignes de Docteur Honoris Causa de l'Université de Lorraine lors de la cérémonie qui se déroulera le 12 décembre 2019 à Nancy.

Cette cérémonie sera suivie d'une conférence en anglais intitulée " Ingénierie des tissus humains intégrant des biomatériaux et des micro-technologies avancées".

Quelles sont vos relations avec l'Institut Jean Lamour et l’Université de Lorraine et depuis quand durent-elles ? 

La collaboration avec l'Université de Lorraine a officiellement débuté à la fin de 2012, où j'ai été invité en tant que rapporteur de l’Habilitation à diriger des recherches du Dr Franck Cleymand. Sur le plan scientifique, une relation plus étroite a été établie avec l’Institut Jean Lamour (IJL) les années suivantes pendant lesquelles j’ai participé à plusieurs séminaires à Nancy, ainsi qu’à des jurys de thèse de doctorat. Nous avons mené des projets collaboratifs communs dans le domaine de la matière molle, de l’ingénierie supramoléculaire et des nanotechnologies pour des applications biomédicales avancées. Le projet «chercheur d’avenir», soutenu par la Région Lorraine et l’Europe, a joué un rôle crucial dans notre collaboration au cours de la période 2015-2017. L'interaction avec l’équipe du professeur Franck Cleymand de l'IJL et l'échange d'étudiants ont été assez productifs en terme de publications communes et de présentations lors de colloques internationaux. Notre collaboration avec des groupes de l’UL s’étend également à d’autres laboratoires, tels que le Laboratoire d’Ingénierie des Biomolécules et l’École de chirurgie de la Faculté de médecine ou encore IMoPA (Ingénierie Moléculaire et Physiopathologie Articulaire) du Biopôle.

Mes relations avec l'Université de Lorraine ont concerné également l’enseignement. J'ai eu le plaisir d'interagir avec des étudiants en ingénierie des matériaux de l’Ecole des Mines de Nancy, en créant notamment avec le professeur Franck Cleymand, un nouveau module d’enseignement (4 ECTS,) intitulé « Biomimétisme: de la vie aux innovations nanotechnologiques », qui fonctionne depuis 2014. Pour cela, j'ai eu le privilège d’être professeur invité international, dans le cadre de la levée de fonds « Ambition 2016» de Mines Nancy. J'ai eu également l'honneur de recevoir le titre de professeur@Lorraine en 2018 et d’avoir la prestigieuse chaire Gutenberg en 2019, soutenue par la région Grand-Est. Ce sont et seront des instruments d’excellence uniques qui me permettront de continuer à participer à la vie de l’Université de Lorraine dans des projets de recherche, d’enseignement.

Que représente le titre de Doctor Honoris Causa pour vous ? 

J'ai reçu cette nouvelle avec une immense joie et une grande fierté. Ayant toujours travaillé dans le milieu universitaire, je suis tout à fait conscient que le titre de docteur honoris causa est le plus grand honneur qu'une université puisse attribuer à un individu. Pour moi, c’est une grande responsabilité que de faire inscrire mon nom parmi les récipiendaires de ce titre dans cette prestigieuse université. J’en suis profondément reconnaissant à l’Université de Lorraine que je salue avec humilité, car je reconnais que mes réalisations personnelles ont été le résultat d’opportunités extraordinaires et ont favorisé de belles rencontres professionnelles au cours de ma carrière.

Quels sont vos projets de recherche et en particulier ceux que vous développez avec l'IJL?

Nous avons travaillé avec l’équipe du professeur Franck Cleymand et d'autres collègues de l'Université de Lorraine sur des projets liés au développement de stratégies en combinant des biomatériaux et des outils de bio-ingénierie avancés, qui pourraient être utilisés en médecine régénérative et dans le développement de plates-formes de médicaments. Nous avons récemment reçu des fonds du Cancéropôle Grand-Est, dans le cadre de « Soutien à l'Emergence de Projets 2019 », pour élaborer des tissus humains à partir de protéines humaines qui pourront être utilisées comme modèles 3D pour tester des médicaments anti-tumoraux. Cet exemple montre la façon dont l'ingénierie tissulaire pourrait être utilisée dans la découverte de médicaments ou le test de nouveaux médicaments. Nous développons des technologies pour concevoir des dispositifs implantables hybrides qui pourront être utilisés en médecine régénérative. À titre d'exemple, nous avons un doctorant commun, soutenu par Lorraine Université d’Excellence (LUE), qui travaille sur la bio impression tridimensionnelle de tissus à l'aide de polymères naturels qui incorporent des cellules humaines lors de leur construction.

À long terme, j'aimerais que les efforts actuellement déployés aboutissent à la création d'une masse critique de compétences et à un réseau efficace à l'Université de Lorraine, dans le domaine des biomatériaux avancés et de l'ingénierie tissulaire.