[Professor@Lorraine] Et si nos déchets étaient une source de biomolécules ?

 
Publié le 12/07/2019
Professeur Seraphim Papanikolaou
La conférence inaugurale du Professor@Lorraine Séraphim Papanikolaou ce 12 juillet 2019 présente ses travaux dans une stratégie de bio-économie avec le développement de procédés microbiens pour la valorisation de coproduits de procédés agro-industriels tels que le glycérol technique issu de la fabrication de biodiesel, le xylose et autres sucres d’origine lignocellulosique, les eaux usées obtenues après la séparation et la collecte d’huile d’olive, les eaux usées salées p.e. celles issues de l’industrie oléicole… et la production simultanée de biomolécules à valeur ajoutée: polyols, acides organiques (acide citrique, acétique…), huiles microbiennes, polysaccharides… Les résultats majeurs de ces 10 dernières années sur la valorisation de ces coproduits sont présentés et les perspectives d’obtention de nouvelles biomolécules fonctionnalisées par une combinaison de voies microbiennes et enzymatiques sont décrites. Nous posons quelques questions au Professeur.

 

Où travaillez-vous quand vous n’êtes pas en Lorraine et pouvez-vous expliquer la nature de vos travaux à un public de non spécialistes ?

Je suis actuellement Professeur Associé en «Biotechnologie Alimentaire – Bioprocédés» à l’Université Agronomique d’Athènes (UAA), Département des Sciences Alimentaires et Nutrition Humaine (DSANH). Ma recherche s’intègre majoritairement dans les problématiques de valorisation des agro-ressources et des résidus agricoles, par voie biotechnologique et en particulier microbiologique. Je développe des approches de bio-raffinerie en particulier pour l’obtention de lipides microbiens produits par des microorganismes oléagineux, lesquels peuvent servir de précurseurs pour la synthèse de biocarburant, de succédanés de lipides particuliers ainsi que d’intermédiaires pour la synthèse de biosurfactants. De même, j’étudie la production par voie microbiologique d’autres biomolécules présentant une valeur ajoutée souvent importante : des diols tels que le 1,3-propanediol, le 2,3-butanediol, des polyols tels que le mannitol, l’arabitol et l’erythritol, des acides organiques, des polysaccharides, etc. De surcroit, je suis très investi en enseignement à l’UAA ainsi que dans d’autres Facultés avec la responsabilité de plusieurs modules à des niveaux équivalents à la licence et au master. Par ailleurs, je suis responsable scientifique de plusieurs projets au sein de l’UAA, je suis rapporteur pour plusieurs périodiques à comité de lecture et suis régulièrement sollicité pour évaluer des projets de différentes Fondations Internationales telles que la «Czech Science Foundation», la «Danish Agency for Science Technology and Innovation», la «Christian Doppler Research Association», la «French National Research Agency (ANR)», le «German Federal Ministry of Education and Research (BMBF)» etc.



Comment êtes-vous entrée en contact avec les chercheurs lorrains et que signifie devenir Professor@Lorraine pour vous ?

J’ai en fait réalisé une thèse de Doctorat, soutenue en 1998 (il y a plus de 20 ans déjà !) sur les procédés microbiens, au sein de l’Institut National Polytechnique de Lorraine-ΙΝΡL, au Laboratoire des Sciences du Génie Chimique (LSGC). Après mon recrutement en 2004 en tant que Maître de Conférences à l’Université Agronomique d’Athènes, j’ai établi et maintenu des collaborations avec le LSGC pendant quelques années dans le cadre de projets bilatéraux Platon, collaboration fructueuse qui a donné lieu à plusieurs publications communes.

Cette collaboration a pu reprendre en 2015 suite à un séjour d’un mois dans le cadre d’une invitation en tant que Professeur invité par l’Université de Lorraine. Je suis également revenu à Nancy en 2016 (mission de l’UAA) puis en 2017 à nouveau en tant que Professeur Invité. Les travaux expérimentaux qui ont été faits dans ce cadre ont abouti à des résultats très intéressants qui ont déjà été valorisés et d’autres projets de publications sont en cours.



Pour moi, Professor@Lorraine signifie en fait l’établissement d’une collaboration plus étroite et plus durable entre mon équipe et celle de l’invitant enseignant-chercheur, le Professeur Isabelle Chevalot. Cette collaboration va pouvoir être intensifiée par le biais d’échange de stagiaires entre nos universités, ainsi que la mise en place de projet de master ou de thèse en commun.



Quels ont été les fruits/ sont les résultats espérés de votre collaboration avec Isabelle Chevalot ?

Ma présence en tant que Professor@Lorraine permet le développement de projets dans le domaine de la bio-économie qui est un thème phare de l’Impact Biomolécules de LUE.  Mes activités dans le cadre de cette collaboration s’intègrent complètement à cette thématique. En 2019, un étudiant de master de l’Université Agronomique d’Athènes (programme ERASMUS) a réalisé un séjour de 4 mois au LRGP. Les résultats qu’il a obtenus ont permis de compléter ceux obtenus en 2017 et feront l’objet de 2 publications qui sont en cours d’écriture. De même, d’autres échanges entre des étudiants en Master et en thèse de nos deux nos universités sont envisagés pour les prochaines années.



Quels sont vos projets pour la suite ?

Mes projets pour la suite sont de développer des procédés innovants combinant des procédés microbiologiques, que je mets en œuvre depuis de nombreuses années, et des procédés enzymatiques, qui sont au cœur des activités de l’équipe Bioprocédés-Biomolécules du LRGP, pour la production de biomolécules fonctionnalisées, à partir de co-produits ou déchets de l’agro-industrie.

Pour mener à bien ces projets, nous espérons mettre en place des sujets de master ou de thèse en commun (en cotutelle ou en collaboration entre nos universités)

Par ailleurs, j’envisage de participer dans les prochaines années à des enseignements dans le master Génie des Procédés / Bioprocédés à l’UL et en particulier dans la Spécialisation Biotechnologie de 3ème année de l’ENSAIA.

Enfin, nous avons débuté le montage d’un réseau académique et industriel dans l’objectif de rédiger et de déposer un projet européen en 2020, impliquant des équipes de recherche françaises, grecques, italiennes, slovaques et allemandes.

 

Pour plus d'informations sur l'IMPACT Biomolécules c'est ici.