Les alternants peuvent être précurseurs et apporter de nouvelles méthodes au sein de l’entreprise 

 
Publié le 4/03/2019 - Mis à jour le 4/05/2023
Maquette d’analyse vibratoire

La licence professionnelle Maintenance des Systèmes Industriels, de Production et d’Energie (MaSIPE) existe depuis 2001, et Patrick Sibille en est le responsable depuis le début. A noter que cette LP a porté plusieurs dénominations, initialement, elle a été inscrite dans la mention ``Automatique et Informatique Industrielle" (AII) puis dans la mention "Gestion de la Production Industrielle" (GPI).

Actuellement, cette LP comporte 3 parcours qui sont ouverts en alternance (apprentissage et contrat de professionnalisation) :

  • Maintenance avancée (site de Thionville)
  • Maintenance prévisionnelle (site d’Épinal)
  • Méthode et Outils pour la Maintenance Intelligente (site de Vandœuvre-lès-Nancy, Faculté des Sciences et Technologies).

L’objectif de cette formation est de former des personnels techniques possédant les compétences pour gérer tous les aspects de la maintenance d’une installation de production.

Maquette analyse vibratoire

(crédit photo : Faculté des Sciences et Technologies - Nancy)

Pouvez-vous nous présenter le parcours MOMIE ?

Le parcours MOMIE est ambitieux et novateur, il se déroule au sein de la Faculté des Sciences et Technologiques et est rattaché au Département d’Automatique. Ce parcours vise essentiellement les métiers liés à la maintenance des systèmes automatisés de production.

Il donne aux étudiants des compétences en maintenance mais également en informatique industrielle (API et réseaux industriels, supervision, réalité augmentée...) et automatique, ce qui est un atout indéniable car ils peuvent postuler sur tous les emplois qui émanent de ces secteurs. Ainsi, cette formation peut notamment intéresser des étudiants de BTS CIRA, BTS AII, BTS SE, BTS Électrotechnique, BTS IRIS, BTS CRSA, BTS MS, BTS ATI...

Les unités de production sont de plus en plus robotisées et complexes pour prendre en compte les contraintes sécuritaires et économiques. Ainsi, l’industrie évolue et le concept d’Industrie 4.0 devient réalité ! Un des objectifs principaux est la mise en place d’usines intelligentes : adaptation de la production aux contraintes, allocation des ressources en fonction des contraintes de production. Cette reconfiguration quasi-permanente est rendue possible grâce à une instrumentation dite intelligente (les instruments de mesures s’autocontrôlent) de plus en plus connectée (internet des objets) qui s’appuie sur des réseaux de plus en plus performants (Ethernet, WiFi). L’ensemble des informations recueillies (Big Data) est stocké sur des serveurs (Cloud Computing). Ces données sont exploitées naturellement dans le cadre de la surveillance des performances des équipements et contribuent donc à la définition d’une politique de maintenance.

Dans l’industrie du futur, les agents de maintenance seront équipés de lunettes connectées sur lesquelles sera adjointe de la réalité augmentée. Grâce à ces lunettes, les hommes de la maintenance pourront transmettre des images ou des vidéos en temps réel de façon à échanger plus efficacement avec des experts à l’autre bout du monde. Les flux de données seront chiffrés (pour des raisons de sécurité) et transférés par connexion cellulaire (4G), Wi-Fi, ou par câble Ethernet. Les dépannages seront donc beaucoup plus rapides. Ces nouvelles technologies conduiront à une qualité de service grandement améliorée. C’est dans ce cadre que s’inscrit le parcours « Méthodes et Outils pour la Maintenance IntelligentE » (MOMIE).

Ce parcours bénéficie, pour certains de ses enseignements, de résultats de travaux faits dans le cadre du Centre de Recherche en Automatique de Nancy. En effet, plusieurs intervenants de la licence ont une activité de recherche centrée sûreté de fonctionnement – maintenance avec des orientations novatrices autour de la maintenance prévisionnelle (pronostic, bilan de santé, aide à la décision opportuniste) et du PHM (Prognostics and Health Management). C’est une spécificité nancéienne, qui n’existe à ma connaissance nulle part ailleurs en France.

Pourquoi avoir ouvert cette formation en alternance ?

Le monde professionnel a toujours été très présent dans les formations du Département d’Automatique, c’est historique ! Cette relation remonte à la création des MST (Maitrise des Sciences et Techniques), DESS (Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées), IUP (Institut Universitaire Professionnalisé) … A travers ces formations, nous avions déjà des liens forts avec l’industrie. C’était donc logiquement que nous avons ouvert cette LP en alternance. Par ailleurs, ces liens forts avec l’industrie sont renforcés par nos activités de recherche en maintenance.

L’alternance permet de maintenir une relation à double sens : les professionnels peuvent accompagner la formation des étudiants avec leur culture d’entreprise et nos étudiants apportent leurs connaissances en lien avec nos activités d’enseignement. En outre, les petites entreprises apprécient tout particulièrement la polyvalence du parcours MOMIE qui donne à nos étudiants deux cordes à leur arc !

Quelle est la différence entre le stage obligatoire et l’alternance ?

Dans le cadre de l’alternance, les étudiants sont présents plus longtemps dans l’entreprise, ils sont employés et se sentent intégrés au même titre que les autres salariés. Du point de vue de l’entreprise, cette période lui permet de vérifier l’adéquation de l’étudiant à la « culture » de l’entreprise.

De plus, en terme d’insertion professionnelle, à travers le réseau de l’entreprise, il pourra développer son réseau professionnel, que ce soit avec l’entreprise d’accueil elle-même ou avec ses partenaires ou sous-traitants.

Si tout se déroule bien, l’entreprise a peu de raisons de ne pas prolonger le lien avec l’apprenant choisi car elle a investi sur le potentiel de ce dernier.

Ceci étant, le stage permet, d’une façon relativement similaire, de lier une relation entreprise-étudiant. La grande différence provient surtout du fait que l’étudiant a un statut de stagiaire et pas d’employé !

Constatez-vous-vous des différences entre les alternants et les étudiants qui suivent la formation de manière « classique » ?

Cela dépend bien évidemment de l’individu mais en règle générale, de par la confrontation à des problématiques issus du monde industriel, les alternants sont amenés à développer une certaine maturité, de l’autonomie, de l’organisation... Ils se sentent plus impliqués vis-à-vis de l’entreprise, ils comprennent plus facilement comment appliquer les nouvelles méthodologies enseignées, car ils peuvent les projeter dans le cadre des missions ou études qui leur ont été confiées.

Pour les meilleurs apprentis, il peut arriver qu’au sein d’une entreprise, un alternant soit aussi précurseur en apportant de nouvelles méthodes au sein celle-ci. Dans tous les cas, les apprenants doivent être source de propositions.

Maquette analyse vibratoire

(crédit photo : Faculté des Sciences et Technologies - Nancy)

Quels sont les débouchés du parcours MOMIE ?

Nos étudiants se placent au cœur du métier de la maintenance, en y intégrant l’aspect d’informatique industrielle, des réseaux locaux, de l’automatisation.

Les statistiques d’insertion professionnelle font état de 60% d’embauche dans la maintenance et de 40% dans le domaine de l’automatisation. Les petites et moyennes entreprises sont très intéressées par ces profils qui maîtrisent 2 spécificités, ce qui peut permettre l’emploi d’une seule et même personne pour assumer les 2 domaines : un véritable atout pour nos étudiants sur le marché du travail.

Dans quels secteurs et quel type d’entreprise vos alternants peuvent-ils trouver leur contrat ?

Dans l’industrie en général (BTP, fabrication industrielle, automobile, industrie alimentaire, etc.). La recherche d’entreprise se fait en partenariat avec le CFA de la branche, c’est-à-dire le CFAI Lorraine.  Il est important de souligner que nous avons régulièrement plus d’entreprises prêtes à signer des contrats en alternance, que d’étudiants intéressés par cette filière. Si le projet professionnel est bien préparé, les étudiants trouvent donc un contrat en alternance sans grande difficulté.

Comment expliquez-vous cette différence entre une offre importante et une demande faible ?

La maintenance est trop souvent réduite à des postes d’opérationnels de la maintenance corrective, elle souffre d’une image passéiste où elle était associée à l’homme en bleu de travail, les mains dans le cambouis au sein d’une usine « sale », d’une industrie à la « Zola » ! Il faut faire évoluer les mentalités, il faut convaincre nos futurs étudiants de la mutation technologique de l’industrie, c’est un vrai défi culturel ! En effet, les embauchés, au niveau licence, évoluent à terme vers des postes de managers de petites équipes, ils contribuent à la définition de la politique de maintenance. Ils sont en capacité à s’appuyer sur des outils statistiques pour justifier les décisions prises afin d’améliorer, par exemple, le taux de disponibilité des équipements. Avec l’essor des objets connectés et de l’instrumentation intelligentes, la maintenance prend un nouveau virage, il s’agit de la maintenance au service de l’industrie du futur !

Nos diplômés sont formés pour contribuer ou au moins participer aux grands défis de l’industrie de demain !

Fiche formation détaillée.

Patrick Sibille sera présent lors du forum recrutement alternance dans le supérieur à Nancy le 3 avril 2019.