Ce colloque se propose d’aborder la question des liens entre manifestations de racisme et activités sportives. La recrudescence des actes de violences verbales et physiques depuis quelques années interrogent la propension à l’intégration des doctrines d’exclusion et de hiérarchisation des individus et des groupes sur la base d’appartenances réelles ou supposées. De ce point de vue, les communications apporteront des éclairages originaux et argumentés des processus de construction de différences socialement construites et naturalisées. Pour cela les interventions aborderont le sport sous l’angle d’un espace de normalisation et d’émancipation des assignations, les mécanismes de racialisation et d’ethnicisation des corps des athlètes tout en réservant un regard spécifique sur l’aspect politique du sport.
A l’image de ce qui se produit sur l’ensemble du territoire, notre région et ses espaces trasnfrontaliers est aussi le théâtre de faits racistes liés aux événements sportifs. Qu’ils se produisent sur les lieux même d’exercice ou qu’ils soient transfigurés dans les discours médiatiques. Ce colloque entend interroger ces doctrines d’exclusion et de hiérarchisation des individus et des groupes sur la base d’une appartenance quelconque. Il suffit pour cela de prendre l’exemple du joueur marocain Abdelslam Ouaddou qui, en février 2008, fut victime de propos racistes par un supporter du FC Metz (condamné par la suite à 3 mois de prison avec sursis). Au-delà de ce seul cas, il s’agit d’un problème profond de société qu’il est urgent de saisir en tant qu’objet scientifique et qui a occupé nombre de travaux dont ceux sur les discriminations dans le sport, l’émergence des questions d’ethnicisation dans les pratiques physiques et les récents développements des queer studies. Ceux-ci illustrent l’existence de contradictions auxquelles l’éthique sportive est confrontée. L’affirmation d’une égalité formelle, entre les individus, qui prônent le sport comme une pratique universelle sans distinction d’origine phénotypique, sociale, sexuelle ou culturelle est mise à mal par l’épreuve de la réalité. Notamment lorsque celle-ci se banalise par des discours diffusés dans l’espace public par les médias, véritable reflet équivoque de la société.
Bien que relativement épargné et plutôt engagé dans les luttes contre les discriminations, le champ sportif accueille des discours de disqualification qui illustrent une manière d’ethnicisation et de racialisation que ce colloque international entend contribuer à éclaircir en cherchant à engager un dialogue raisonné entre des chercheurs de tous horizons disciplinaires : sociologie, ethnologie, anthropologie, sciences de l’information et de la communication, histoire, philosophie, science du sport, science de l’éducation, etc. L’échange revendiqué entre les sciences humaines et sociales participe à la compréhension du phénomène de société, surtout s’il trouve un écho voire une pratique que le grand public peut s’approprier. A ce titre, les acteurs du monde sportif auront toute leur place dans le colloque.
