Martine JOLY, Présidente de la Communauté d’Agglomération de Bar-le-Duc Meuse Grand-Sud et Maire de Bar-le-Duc, et Stéphane LEYMARIE, Vice-président en charge de la Stratégie territoriale de l’Université de Lorraine ont accueilli, le 2 avril dernier à la salle de spectacles La Barroise, une cinquantaine d’acteurs du territoire pour travailler à la construction du Schéma de Déploiement Universitaire Territorial (SDUT @UL) initié par l’université.
Contexte
L’Université de Lorraine, au travers de sa stratégie territoriale, a pour objectif majeur de faciliter l’accès des jeunes lorrains à l’enseignement supérieur mais aussi de contribuer à l’attractivité et au développement du territoire. Le souhait de l’établissement est d’instaurer une coordination active et efficace avec l’ensemble des acteurs locaux, afin de faire de son maillage territorial une force reconnue qui donne à voir une autre facette de l’excellence, sociale et sociétale, à partir des atouts et des potentialités de ses campus. De par la multiplicité des interactions qu’ils entretiennent avec leur environnement direct, les campus matérialisent – souvent de la manière la plus concrète – le rôle majeur joué par l’université dans le rayonnement, l’attractivité et l’identité du territoire. Il convient d’assumer la porosité entre le campus et le territoire qui l’entoure et d’en faire un lieu ouvert, accessible, accueillant des publics divers, de tous âges, et proposant des activités multiples. C’est dans cette optique que le Campus Connecté a été relocalisé à l’INSPÉ de Bar-le-Duc.
En pratique, la stratégie territoriale de l’Université de Lorraine est déclinée et adaptée pour chaque territoire sous la forme d’un Schéma de Déploiement Universitaire Territorial (SDUT @UL). Il s’agit, à partir d’un état des lieux partagé, de fixer les objectifs communs, de porter des projets collaboratifs et de déterminer ensemble les services et moyens nécessaires au développement de l’activité d’enseignement supérieur en matière d’orientation, de formation, de recherche, d’innovation, de diffusion de la culture scientifique ou encore de vie universitaire. Cette première réunion avait pour objet de présenter la démarche élaborée par l’université et d’échanger avec les participants sur les éléments de diagnostic qui permettent de caractériser le territoire barrois selon trois axes : accès à l’enseignement supérieur, attractivité et développement économique, responsabilité sociétale (vie universitaire, liens Science et société).
Constats
Après avoir défini le périmètre concerné de façon à tenir compte de la réalité du bassin de formation et d’éducation et, plus largement, des bassins de vie et d’emplois, le diagnostic est une étape indispensable. Afin d’identifier des projets communs à porter avec les acteurs du territoire, il convient de partager un regard aussi complet et objectif que possible sur ce qui caractérise le territoire et ses potentialités.
La réunion du 2 avril a permis de présenter et de compléter le diagnostic territorial selon chacun des trois axes précédemment cités et dont nous proposons quelques éléments de synthèse, à titre d’illustration.
Accès à l’enseignement supérieur
Sur le périmètre étudié, l’INSÉE prévoit une baisse importante du nombre de jeunes dans les vingt prochaines années. On constate un taux de scolarisation des 18-25 ans inférieur – de 15 points – à la moyenne régionale pour un niveau de diplôme généralement moins élevé avec un écart de 8 points de diplômés à Bac+3 et au-delà.
En 2023, 814 lycéens – 396 de la voie générale, 173 de la voie technologique et 245 de la voie professionnelle – ont obtenu leur baccalauréat dans l’un des huit lycées du territoire – 4 lycées publics, 3 privés et un lycée agricole – tandis que Parcoursup offrait 324 places en formation initiale et en apprentissage réparties, pour l’essentiel, entre 8 BTS, 4 certificats de spécialisation et un diplôme d’état d’infirmier. L’université de Lorraine n’a pas d’offre de formation post-baccalauréat sur le territoire du SDUT puisque l’INSPÉ est la seule composante présente sur place. Elle propose le Master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, mention Premier degré) accessible via la plateforme Mon Master.
Sur les 923 étudiants originaires du territoire qui sont inscrits à l’Université de Lorraine, la majorité étudie à Nancy (84 %), principalement dans 4 collégiums : Santé (25%), SHS (17%), Technologie (14%) et DEG (11%).
Compte tenu de l’écart à la moyenne dans la poursuite d’études, le SDUT barrois devra porter une attention particulière aux facteurs facilitant l’accès aux études supérieures et veiller à lever les freins qui empêchent les jeunes de se projeter : méconnaissance de l’offre, méconnaissance des métiers, phénomènes d’autocensure… Il conviendra de considérer les variables explicatives qui peuvent être d’ordre culturel, géographique, psychologique ou encore socio-économiques. L’expérience de l’INSPÉ comme tête de cordées de la réussite pourra servir de point d’appui à d’autres initiatives.
Attractivité et développement économique
Pour ce deuxième axe, le diagnostic consiste à identifier les principaux secteurs d’activités qui caractérisent le territoire en considérant à la fois le nombre et la taille des établissements employeurs, notamment du point de vue des effectifs salariés. L’indice de spécialisation établi par l’OREF permet de repérer les branches sur ou sous représentées par rapport au poids qu’elles représentent sur le plan national et régional. Cette approche est enrichie par des données plus qualitatives concernant les projets en cours, ce qui nous permet de définir des écosystèmes territoriaux d’innovation qui correspondent peu ou prou à ce que l’on pourrait appeler la « signature territoriale » sur laquelle nous proposons de travailler dans le cadre du SDUT en matière d’attractivité et de développement. On complète avec des éléments plus prospectifs issus des scénarii de France Stratégie et de la DARES pour évaluer les besoins en compétences à l’horizon 2030 et plus.
La Communauté d’Agglomération de Bar-le-Duc Meuse Grand-Sud est un territoire d’industrie et d’agriculture comptant 2 300 établissements employeurs qui offrent de belles perspectives en termes d’insertion professionnelle, de recherche et d’innovation. L’industrie est marquée par trois principales activités qui sont en plein essor : la fabrication de matériels de transport (Mercedes-Evobus, Gaming Engineering, Jigé International, Safran), la fabrication de produits industriels (Essilor, FSM, Segor Industries, etc.) et bien évidemment le nucléaire avec le projet Cigéo qui mobilise tous les poids lourds de la filière (EDF, Orano, Andra…).
Des connexions existent d’ores et déjà entre l’université et bon nombre de ces acteurs mais les liens existants pourront être renforcés et rapprochés – voire de nouveaux liens créés – dans le cadre des écosystèmes d’innovation identifiés par ce diagnostic dans une perspective territoriale. Les liens privilégiés entretenus entre le Carnot Icéel et le CRITT TJFU pour la partie fabrication de produits industriels, tout comme ceux qui associent le GIP Objectif Meuse avec certaines composantes de l’université sur le sujet du nucléaire pourront servir d’inspiration.
Responsabilité sociétale (vie universitaire, liens science et société)
L’Université de Lorraine conçoit la vie étudiante dans son acception la plus large : de la réussite académique à l’épanouissement personnel, de l’accès à la culture à l’accès au sport, de l’accès aux soins et à la prévention à l’accompagnement dans l’insertion professionnelle, de la reconnaissance de l’engagement étudiant au soutien des actions des associations.
Le Schéma Directeur de la Vie étudiante (SDVE), en cours d’élaboration, contribue au développement de l’attractivité des différents campus, en cohérence avec leurs singularités et en parfaite cohésion avec la politique étudiante des territoires.
Actuellement les étudiants du Master MEEF sont au nombre de 60. Les locaux de l’INSPÉ se situent Place de l’École Normale et sont la propriété du Conseil départemental. L’INSPÉ propose un service de restauration qui pratique les tarifs du CROUS, à savoir 1€ par repas pour les étudiants boursiers et 3,30€ par repas pour les autres étudiants. Le campus comporte une bibliothèque universitaire ainsi qu’un gymnase. Pour ce qui est de l’hébergement, il existe un foyer universitaire à Bar-Le-Duc, le foyer Jean Moulin, sis Côte Sainte-Catherine. Il propose un tarif de 382€ en co-location et de 335€ pour un studio.
Concernant la diffusion de la Culture Scientifique Technique et Industrielle (CSTI), quelques actions existent sur le territoire comme la labellisation La Main à la Pâte du Collège de Ligny-en-Barrois ou la programmation d’événements de médiation scientifique à Bouligny à l’initiative de l’association Citoyens et territoires.
Le SDUT aura à cœur d’envisager la Vie étudiante de manière globale, conformément à la philosophie du SDVE de l’université, et pour l’ensemble du périmètre considéré. Il s’agira de penser les actions envisagées à destination de toute la population étudiante du territoire afin d’encourager les synergies.
Perspectives
La prochaine réunion aura lieu le 25 juin et se tiendra sous la forme d’ateliers participatifs pour faire naître les projets que les acteurs du territoire souhaitent porter en commun en vue de répondre aux enjeux identifiés lors de l’étape de diagnostic.
