Développer de nouveaux aliments fonctionnels : les premiers pas de deux doctorantes

 
Publié le 12/11/2014 - Mis à jour le 2/12/2014

Fernanda Haffner est arrivée du Brésil au début de l’été. Venue de Roumanie, Ileana Pavel l’a rejointe en septembre. Toutes deux sont doctorantes au laboratoire Structure et Réactivité des Systèmes Moléculaires Complexes (SRSMC) dans le cadre du projet Bibafoods.

Bibafoods est réseau de formation de jeunes chercheurs (ITN – initial training network) spécialisé dans la science alimentaire et coordonné à l’Université de Copenhague.  Le réseau regroupe huit universités partenaires en Europe, parmi lesquelles l’Université de Lorraine est la seule représentante française au travers du SRSMC. Cinq industriels sont aussi associés. Le réseau Bibafoods est issu du réseau de coopération en sciences et technologies d’ingénierie bio-colloïdale (COST CM1101) dont Andreea Pasc, leur directrice de thèse, fait partie.

La moitié des yaourts ne contient aucune bactérie probiotique vivante

Bibafoods cherche à « former de jeunes chercheurs au développement de nouveaux aliments fonctionnels » : des aliments aux effets bénéfiques sur le plan physiologique ou psychologique.  Le travail de recherche de Fernanda Haffner porte sur l’encapsulation de bactéries probiotiques grâce à de la silice hiérarchisée :

Les bactéries probiotiques peuplent notre flore intestinale. On dit souvent que les yaourts contribuent à la reconstituer, pourtant la moitié des yaourts ne contient aucune bactérie probiotique vivante ! La micro-encapsulation doit permettre de maintenir les bactéries vivantes jusqu’à ce qu’elles atteignent l’intestin.

Pour Ileana Pavel, il s’agit aussi d’encapsulation, mais appliquée à des enzymes : « cela permettrait de mieux  contrôler la maturation de produits laitiers ou fromagers, et leur assimilation par l’organisme ». En ligne de mire de ces recherches : les carences et intolérances favorisés à nos modes de vie contemporains, notamment l’intolérance au lactose.

Rapprocher le monde académique et le monde de l’industrie

Les travaux conduits par les deux doctorantes dans le cadre de leur thèse resteront au stade de l’étude in vitro. Mais l’objectif est de rapprocher le monde académique et le monde de l’industrie. « Dans un laboratoire nous travaillons à petite échelle sans nous soucier des coûts liés à la mise en œuvre à l’échelle industrielle » explique Fernanda, qui prépare une publication comparative entre les approches du monde académique et de celui de l’industrie. Titulaire d’un diplôme en ingénierie Agroalimentaire, Fernanda Haffner a exercé ses talents chez un industriel Allemand, dans un laboratoire Californien et comme consultante dans une start-up Brésilienne. Le doctorat s’imposait pour élargir son horizon professionnel : la jeune femme se destine au secteur industriel. Pour sa part, Ileana aimerait poursuivre une carrière universitaire : « je veux poursuivre mes recherches, découvrir de nouvelles choses », ce à quoi Fernanda rétorque : « tu peux aussi le faire dans l’industrie ! »

Fernanda et Ileana s’apprêtent à rencontrer d’autres jeunes chercheurs lors à la première session de regroupement du réseau Bibafoods, au Portugal. Trois jours de visite chez des industriels suédois sont également prévus sous peu. A quoi s’ajoutera bientôt l’organisation de la journée des doctorants lorrains en sciences DocSciLor 2015, pilotée par le club jeune de la Société Chimique de France, dont elles sont membres.