[Automne du handicap] Accueil de stagiaires en situation de handicap : « On s’enrichit à partager ! »

 
Publié le 18/11/2021 - Mis à jour le 4/05/2023
Nathalie Fick, directrice des relations internationales et européennes de l'Université de Lorraine

Nathalie Fick, directrice des relations internationales et européennes (DRIE) de l'Université de Lorraine, est particulièrement engagée sur la thématique de la mobilité internationale et du handicap au niveau européen, au travers d’ateliers, de conférence… Rencontre à l’occasion de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH).

Le handicap est-il un frein à la mobilité internationale ?

Nathalie Fick : La mobilité internationale dans son concept même, est un marqueur fort des différences entre les personnes, que ce soit d’un point de vue économique, culturel, niveau d’étude etc. Bien souvent, nous constatons que les personnes s’auto-censurent et n’osent pas franchir le cap par peur du jugement des autres, ou pour d’autres raisons. En ce qui concerne la mobilité internationale, il n’est pas toujours facile de divulguer son handicap de peur de se voir fermer des portes, alors qu’au contraire, beaucoup de portes s’ouvrent !

En coopération avec la cellule Handicap de l’Université de Lorraine, nous mettons en place des actions d’information sur la mobilité des étudiants en situation de handicap, idem pour les personnels. En effet, notamment grâce au programme Erasmus + , il est tout à fait possible de partir en mobilité internationale, simplement le projet se prépare un peu plus longtemps à l’avance en liaison avec l’université partenaire ou l’entreprise d’accueil. Nous opérons le même processus pour ce qui est de la mobilité entrante. Nous avons mis en place un guide de la mobilité entrante des étudiants internationaux en situation de handicap, et travaillons sur la même thématique pour la mobilité sortante.

Ce travail a été entamé par un étudiant autiste asperger dans le cadre d’un stage. Il avait lui-même fait un séjour académique Erasmus en Espagne.

Vous accueillez régulièrement des étudiants en situation de handicap en stage ?

N. F. : J’ai commencé à prendre des stagiaires en situation de handicap à mon arrivée à la DRIE, avec un étudiant aveugle sénégalais qui étudiait en sciences sociales et qui a fait un travail remarquable. Ce fut un enrichissement personnel inestimable, l’apport était réciproque. 

C’est à partir de ce moment que j’ai indiqué la disponibilité de la DRIE auprès de la cellule Handicap, pour prendre chaque année un·e étudiant·e handicapé·e quelle que soit la nature du handicap. Par ailleurs, forte de cette expérience, j’ai contribué à la rédaction d’ un guide de la mobilité étudiante pour étudiants en situation de handicap dans le cadre d’un projet européen, SIEM project Guidelines for inclusive mobility promotion.

Avez-vous particulièrement préparé l'accueil de ces stagiaires avec votre équipe ?

N. F. : Avec mon équipe, oui. D’autant que nous accueillons de stagiaires sur nos 3 missions, en coopération, en mobilité et à l’accueil international. A chaque fois, nous avons présenté toutes les actions de la DRIE en mode systémique (toutes les relations aussi bien en interne qu’en externe), et avons présenté et accompagné les étudiants à bien définir les problématiques demandées pour leur stage (avec fiche mission, documents annexes, diaporama de présentation finale etc…). Nous accompagnons les étudiants de A à Z.

Nous accueillons les gens tels qu’ils sont, nous ne nous posons pas de questions ni ne portons de jugement. En ce qui concerne l’accueil de nos stagiaires, nos relations continuent même s’ils ne sont plus à l’Université de Lorraine ou ont évolué vers d’autres formations, ce qui prouve que non seulement les étudiants sont accueillis, mais que ces derniers se sentent bien à la DRIE (et aimeraient pouvoir y rester !). On est toujours sur du gagnant/gagnant !

Quels bilans pouvez-vous faire de ces rencontres ?

N. F. : Ce sont des rencontres toujours plus enrichissantes et qui font relativiser sur un tas de choses. La différence ne doit pas être vue de manière négative, mais bien au contraire comme un apport positif. On s’enrichit à partager !