Entreprendre au féminin #4 : Rencontre avec Manon Philipp et son projet Les meublés du Forum

 
Publié le 8/03/2021 - Mis à jour le 10/05/2023

Manon PHILIPP est étudiante-entrepreneure au sein du PeeL. Après être passée par une formation en psychologie, elle s’oriente vers un master en ingénierie et coordination pour la santé dans le maintien de l’autonomie. Âgée de 26 ans, elle est à la tête du projet “Les meublés du Forum”. Rencontre avec cette jeune entrepreneure…

  • Pouvez-vous nous parler de votre projet et de son histoire ?

Mes premières expériences professionnelles ne m’ont pas satisfaite. Je cherchais un champ d’action plus large, davantage d’agilité. Le plaisir de prendre des décisions pour orienter le développement d’une activité. Au même moment, nous proposions en famille un 1er logement sur Airbnb. Il était libre 4 mois, une période trop courte pour un bail classique. Concrètement : j’achète, je rénove moi-même et je gère des logements à Metz centre. Il s’agit aussi de mutualisation en famille. Pour proposer une gamme répondant à des besoins différents, nous mettons en commun 6 appartements. Nous partageons nos outils pour les rénovations, une impressionnante quantité de linge et surtout, nos compétences respectives. Nous avons plusieurs labels mais ils n’en disent pas autant que les 600 commentaires de nos clients. Ces derniers nous ont attribué la note de 4,9 sur 5 sur Airbnb.

  • En quoi le PeeL vous a aidé dans la création et le développement de votre projet ?

Depuis la rentrée 2020-2021, j’ai entamé ma 2ème année au PeeL. Lorsque je doute je sollicite Maxence, le chargé de projets qui m’accompagne avec beaucoup de bienveillance. Nos échanges m’aident à me poser les bonnes questions. C’est crucial pour m’orienter dans un environnement complexe. Maxence me redirige parfois vers certains partenaires du PeeL - expert-comptable YZICO, INPI, Metz    Métropole - qui apportent des réponses très précises aux questions que je me pose. De cette manière, j’ai pu obtenir un prêt grâce à la BPALC qui fait aussi partie des partenaires pour financer un nouveau logement à  rénover. Ajoutez à ça la richesse des échanges avec des étudiants venant d’autres filières. Un vrai décloisonnement qui ouvre le regard et les perspectives ! L’accompagnement que le PeeL m’offre est concret, sur-mesure et efficace. Son soutien à chaque étape contribue largement au développement de mon projet.

  • Le contexte sanitaire a-t-il impacté votre projet ? Comment avez-vous fait pour rebondir ?

Le 1er confinement a été violent avec des annulations en masse. 24h après les annonces du gouvernement, nous nous retrouvions avec 6 locations vides. Nous avons alors décidé de les mettre à disposition de plusieurs infirmières à titre gracieux pour faciliter leur quotidien. Le PeeL a contribué à temporiser certaines décisions pour nous réorganiser. Nous accueillons désormais davantage de professionnels et de personnes s’installant à Metz. Les  logements sont à nouveau remplis. Pourtant… qui n’a pas été stressé par les événements marquant le monde depuis un an ? Nous envisageons de créer un lieu plus particulièrement propice à la détente, avec une atmosphère permettant l’évasion. Entre la chaleur d’un sauna et les bulles du jacuzzi, se ressourcer sur fond de musique enveloppante. Le but est de toucher une clientèle très locale dans un contexte de réduction de la mobilité.

  • Pour vous, que signifie "entreprendre au féminin" ?

Pour moi, c’est lié au sentiment d’être à sa place. Peu importe les circonstances. Être capable de décevoir, accepter de déplaire. Ne pas se conformer à certaines attentes par facilité ou simple convenance. A mon sens, cela ne signifie pas « réussir à tout prix » mais plutôt essayer malgré les craintes. Je trouve les mots de Christiane Taubira pleins de sens et de force lorsqu’elle dit « j’ai réglé tous mes comptes avec la peur » au cours d’un entretien avec Léa Salamé dans Femmes Puissantes. C’est précisément là que ça se joue, dans le rapport à la peur qui peut empêcher, bloquer. Il n’y a pas une façon unique d’entreprendre au féminin. Il y en a autant que d’individus et de contextes. La nuance et la complexité sont propres à la fois à l’entrepreneuriat et au genre, à la vie.

  • Le fait d'être une femme a-t-il eu une quelconque influence sur votre façon d'aborder/de mener votre projet ?

Une jeune femme qui prospecte, rénove elle-même des logements de l’électricité à la plomberie, ça a pu surprendre. Mais je n’ai jamais été empêchée. En revanche, je suis convaincue de l’influence de la socialisation de genre. Une attention bienveillante, garder mon téléphone allumé la nuit au cas où un client aurait besoin de quelque chose... Les hommes le font aussi. Mais globalement, les femmes tendent davantage vers ça, avec l’intention de prendre soin comme moteur de l’action. Une idée que l’on retrouve sous le concept de care dans les gender studies. Dans le cadre de la semaine des droits des femmes, j’ai intégré le réseau 100 000 entrepreneurs pour accompagner des élèves. Cette démarche prolonge une intervention auprès d’étudiants en BTS au lycée Schuman de Metz, lors d’un atelier entrepreneuriat. L’échange et le partage comptent beaucoup pour moi.

  • Que conseilleriez-vous aux femmes qui souhaiteraient se lancer dans l'entrepreneuriat ?

Je conseillerais aux femmes et aussi aux hommes de se faire confiance. Ne pas craindre le doute mais l’apprivoiser pour le transformer. Il est le lien entre nous et notre environnement. Récemment j’ai découvert des ressources du PeeL assez inattendues et pourtant au cœur du sujet. Les vidéos de Nicole Saliba-Chalhoub, professeur de psychanalyse qui nous offre des pistes pour mieux identifier les enjeux qui animent notre projet afin de le mener à bien. Les choses sont toujours mouvantes. On le ressent peut-être plus fortement cette année. Ce qu’on peut faire, c’est s’en saisir. Homme ou femme, ce n’est pas seulement notre genre qui est déterminant mais la façon dont on le vit. Tout dépend de ce qu’on en fait.

Finalement, la meilleure recommandation que je pourrais faire, c’est de rejoindre le PeeL.