[Ma thèse en 180 secondes] Rencontre avec Marc Guépratte : comment préparer les doctorants au concours ?

 
Publié le 7/10/2020
Marc Guépratte - doctoriales Mai 2019

Marc Guépratte est formateur pour les doctorants participant au concours Ma Thèse en 180 secondes, il nous explique quel est son rôle et comment il travaille avec eux pour leur apporter une aisance scénique et la capacité à transmettre clairement leur discours à un public profane.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis comédien professionnel et co-directeur de la compagnie Théâtre en Kit, je fais ce métier depuis plus de trente ans. J’ai une petite particularité : j’ai une maîtrise d’économie et lorsque je suis devenu comédien, j’ai mixé ce que je connaissais de la formation et du théâtre.

C’est pour cela que je peux prétendre enseigner la prise de parole en public : donner les éléments qui permettent d’être dynamique et entendu, et utiliser les techniques du comédien.

Vous apportez une aisance orale aux doctorants …

Oui, complètement. À la fois une aisance orale qui leur permet d’être convaincant dans les trois minutes, et également, comme ils sont sur une scène, une théâtralisation.

Il y a plusieurs situations en fonction des thèmes et de chaque individu : comment il va bouger ou ne pas bouger – on n’est pas obligé de faire des sauts périlleux sur scène pour être vu ! – comment il va faire des respirations, des silences, comment il va appuyer sur tel type de phrase ou de mot pour le mettre en valeur …

Il s’agit d’un discours au départ complexe qui doit devenir simple, est-ce que cela ajoute une difficulté ?

Oui, c’est ce qu’on appelle la vulgarisation. Il y a une équipe de l’université qui va faire en sorte que ce qui est dit est compréhensible et juste d’un point de vue scientifique, et j’interviens à la charnière : le public à qui le doctorant va s’adresser, ce sont des gens comme moi, c’est-à-dire qui ne sont pas spécialiste du domaine. Si personnellement je ne comprends rien dans les trois minutes, c’est qu’il y a un problème. Je joue le rôle de naïf.

Les candidats choisissent des éléments vulgarisés qui peuvent parfois s’éloigner de la vérité, de ce qui est vraiment réalisé par le chercheur, car ils doivent faire plus court, mettre de l’image… Ceci étant, si un jour ils doivent expliquer leurs travaux à un banquier dans le but d’avoir un financement, il est important que ce banquier comprenne ce qui est dit au bout de quelques minutes.

J’apporte donc l’aisance et en même temps une sorte de contrôle sur le fait que l’information qui est envoyée soit compréhensible.

 Souvent, c’est bien à l’écrit et en le disant on change quelques détails pour le rythme, l’articulation. Il peut y avoir des allitérations qui ne sont pas agréables à dire.

Il y a une vraie scénographie qui est créée …

Ça va assez loin car on travaille sur les mouvements du corps. Il y a même des choix de théâtralisation. Je ne les impose jamais, en fonction de l’aisance du candidat. Le micro bloque aussi une main, il faut voir ce qu’on peut faire ou ne pas faire avec le reste du corps. On peut même aller un peu plus loin que la conférence en y mettant du jeu qui surprend.

Par exemple, la candidate Nathalie Carol (qui a gagné la finale régionale en 2018) parlait de l’ONF : elle a « joué » l’organisation. Et par un petit mouvement de pas et de tête, on a compris qu’elle se mettait ensuite dans le rôle de la doctorante. On a ici un effet de mise en scène efficace avec très peu de mouvement.

On peut aller assez loin dans les trois minutes, et travailler « au couteau » comme une sculpture en affinant le rythme, le jeu du texte théâtral.

Les doctorants sortent complètement de leur quotidien.

Oui et depuis six ans que je participe à Ma Thèse en 180 secondes, je constate que la majorité des candidats pensaient ne pas pouvoir le faire et qu’ils sont ensuite complètement « débloqués ».

La confiance en soi est augmentée.

Oui parce qu’ils ne sont pas qu’entre eux. Par exemple, je travaillais avec une candidate, elle pensait que le texte était trop simple et je lui ai dit qu’il fallait encore simplifier, elle a réussi à trouver un moyen de le faire. Elle s’est entraînée à faire ses trois minutes dans sa famille et sa sœur lui a dit « ah c’est ça que tu fais comme métier ! ». Ça faisait des années que sa famille ne comprenait pas ce qu’elle faisait !

Finalement les doctorants qui acceptent de faire ce challenge ont l’impression de faire un grand pas vers nous. Notre compréhension de leur sujet en est nettement améliorée.

La vulgarisation passe aussi par des références connues de tous.

Oui, elle passe par des détours : un film, une image, un incident … c’est aussi cet effet qui permet de retenir l’attention du public. Ce n’est pas forcément la compétition qui est importante, même si ça ajoute du « fun ». Ce qui compte c’est qu’ils se rendent compte que la barrière saute et que leur sujet devient clair.

 

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 21 octobre, rendez-vous sur http://www.univ-lorraine.fr/180secondes pour plus d’informations.