[Interview] Première soutenance de thèse LUE : Faustine Gomand

 
Publié le 10/10/2019 - Mis à jour le 3/05/2023
Faustine Gomand

La première soutenance de thèse LUE a eu lieu jeudi 10 octobre 2019. Faustine Gomand, doctorante recrutée sur fonds LUE au sein du laboratoire LIBIO, sous la direction de Claire Gaiani et Frédéric Borges a soutenu sa thèse intitulée "Structuration de la matière molle : rôle-clé des interactions adhésives entre bactéries et composants de la matrice alimentaire". Elle revient sur ces 3 années passées en Lorraine et aux Etats-Unis et les résultats de ses travaux :

Vous avez obtenu une prestigieuse bourse Fulbright pour effectuer une partie de vos travaux aux Etats-Unis. Quel impact cette opportunité a-t-elle eu sur votre recherche ?

L’objectif du séjour de dix mois que j’ai réalisé aux Etats-Unis en collaboration avec le Pr Spagnolie de l’Université du Wisconsin-Madison, grâce à ma bourse Fulbright, était de développer un modèle numérique permettant de prédire l’évolution des capacités adhésives de cellules bactériennes en réponse à un stress mécanique (de type cisaillement).

Ce séjour a été très riche, reposant sur un dialogue pluridisciplinaire constant entre la vision mathématique de modélisation du comportement bactérien soumis à un stress, et la vision expérimentale de l’adhésion bactérienne, qui a été étudiée au LIBio une fois le séjour aux Etats-Unis terminé. Ce dialogue a permis d’améliorer la connaissance des acteurs en présence de la culture, des valeurs, et des méthodes de travail issues du pays partenaire. En outre, le statut de boursière Fulbright m’a permis de passer les deux derniers mois de mon séjour de recherche au sein du Flatiron Institute (Computational Center for Biology), à New York, au sein de l’équipe Biophysical Modeling, spécialisée dans la modélisation et simulation de systèmes complexes à l’interface entre biologie et physique de la matière molle condensée. Cet environnement de travail extrêmement riche et stimulant intellectuellement m’a permis de prendre du recul sur ses travaux en échangeant avec des chercheurs du monde entier, l’équipe étant constituées d’une vingtaine de membres provenant chacun d’un pays différent. Cette mobilité a ainsi ouvert de nouveaux horizons de recherche des deux côtés, de nouvelles questions ayant été abordées qui pourraient déboucher sur de nouveaux projets à construire en commun, à l’interface entre mécanique des fluides, microbiologie et physico-chimie alimentaire.

Vous soutenez votre thèse sur les interactions adhésives entre bactéries lactiques et composants alimentaires et leur potentiel probiotique. Pouvez-vous expliquer au grand public quels sont les enjeux de la production d'aliments plus fonctionnalisés ?

Les bactéries lactiques sont communément utilisées dans l’industrie agroalimentaire depuis des décennies pour la production de nombreux aliments fermentés, tels que le yaourt, le fromage, le saucisson, la choucroute, la bière, etc. Depuis une dizaine d’années, on a également mis en évidence le fait que certaines de ces bactéries pouvaient, si elles étaient capables d’adhérer à l’intestin et de le coloniser, prodiguer des bénéfices santé à leur hôte : c’est ce que l’on appelle leur « potentiel probiotique ». Le laboratoire où je travaille a également récemment mis en évidence le fait que certaines de ces bactéries pouvaient, en plus d’adhérer à l’intestin, adhérer à certains composants de l’aliment. Cela pourrait avoir un impact positif sur leur protection au sein de l’aliment, qui permettrait de les garder en vie plus longtemps, et ainsi de maximiser la fonctionnalité de l’aliment. Cependant, ces interactions bactéries-aliment seraient également susceptibles d’entraver la mise en place d’interactions bactéries-intestin, limitant ainsi la colonisation bactérienne, et donc les effets santé associés. Il est donc important d’étudier plus en profondeur les interactions bactéries-aliment, afin d’être capable de produire des aliments optimisés vis-à-vis de leur effet santé.

Pouvez-vous nous donner votre ressenti sur la fin de cette période et vos projets pour la suite ?

Ces trois ans auront été une belle aventure, riche en expériences, en découvertes et en rencontres. Je garderai notamment d’excellents souvenirs de mon séjour new-yorkais, tant d’un point professionnel que personnel, ayant eu un véritable coup de cœur pour la ville (j’ai d’ailleurs réalisé un blog de dessin sur mon séjour, accessible en cliquant ici)  ainsi que de ma dernière année au LIBio, les copines étant une source inépuisable de bonne humeur… et un très bon leitmotiv pour venir travailler le matin !

En ce qui concerne la suite, ayant eu la chance d’avoir plusieurs opportunités à la fin de mon contrat, j’ai longtemps hésité entre partir pour un post-doctorat dans le privé, qui m’aurait permis d’enrichir ma vision académique d’une approche entreprise plus orientée « produit », et poursuivre dans l’académique. J’ai finalement choisi cette dernière voie, au sein d’un laboratoire en physique, ce qui me permettra de renforcer les compétences que j’ai développées en fin de thèse et de capitaliser plus efficacement sur mes acquis américains. Je pourrai ainsi proposer ensuite une offre de compétences plus étendue à de futurs employeurs, qu’ils relèvent du domaine public ou du domaine public.

Pour en savoir plus sur la thèse de Faustine Gomand, vous pouvez lire la précédente interview d'elle sur Factuel.

Si vous souhaitez plus d'informations sur LUE c'est ici.