Yamina Tadjeddine Fourneyron est professeure de sciences économiques à la Faculté de droit, sciences économiques et gestion, chercheuse au BETA et associée à EconomiX. Elle participera le 13 décembre prochain à « Osez l'économie de Demain » au titre de la chaire interdisciplinaire « Finance-Responsabilité-Numérique ». L’objectif de cette chaire est de créer des liens durables et féconds entre les mondes professionnels confrontés à la digitalisation de leur métier et les mondes scientifiques qui étudient au sein de leur discipline (économie, droit, gestion, informatique, mathématiques) les conséquences de cette évolution.
Quelle est votre définition de l'intelligence artificielle & collective ?
Si je prends comme référence la banque, le recours à ces nouvelles technologies permet une décentralisation de l'information et l'abandon d'une structure hiérarchique de contrôle pour un réseau horizontal.
Comment se remarque l’intelligence artificielle dans votre activité ?
Le numérique transforme actuellement l’espace monétaire, bancaire et financier par différents aspects qu’il convient d’étudier distinctement. La première rupture, la plus fondamentale selon moi, provient de la technologie blockchain qui ne rend plus essentielle la médiation par les banques ou les institutions financières dans la transmission des informations et la mise en relation des acteurs. Cette technologie conduira inexorablement à l’avènement d’un nouveau support pour la monnaie souveraine. La deuxième rupture concerne le Big Data et pose des questions juridiques sur la nature des données conservées ou à conserver et sur la disponibilité de ces données. La troisième concerne enfin l’intelligence artificielle qui remplace déjà certaines taches opérées avant par le conseiller bancaire et financier.
Les blockchains seront à l'origine d'une communication non hiérarchique
Qu’apportera cette intelligence artificielle dans le futur ?
Pour le champ de recherche qui est le mien (économie monétaire, bancaire et financière), les transformations vont d'abord concerner le rôle des banques. Elles avaient acquis avec la financiarisation de l'économie un statut pivot dans la circulation de la monnaie mais aussi de l'information, en tissant une structure hiérarchique avec un ancrage local et l'interlocuteur des Banques Centrales. Avec la digitalisation, la proximité territoriale et humaine va disparaître et les blockchains seront à l'origine d'une communication non hiérarchique. Dans le futur, de nombreuses agences disparaîtront et une large partie des taches routinières seront assumées par des algorithmes. Les paiements en euro pourront se faire en billets, en pièces, les chèques auront disparu et sur internet, la technologie blockchain sera usuelle.