Quelle est l'importance des relations internationales pour une université ?
Tout d'abord, c'est dans la nature même d'une université d'être ouverte sur le monde. La science ne se fait pas dans les frontières nationales, les communautés de recherche sont par essence internationales, les chercheurs et enseignants-chercheurs sont en "coopétition" avec leurs homologues du monde entier, lisent et évaluent les articles les uns des autres, passent du temps dans d'autres laboratoires à l'occasion de séjours post-doctoraux, de sabbatiques ou de visites plus courtes, etc. La science, en tant que connaissance partagée de l'humanité, se construit et se développe de cette manière, pierre après pierre. Comme en génétique, on a aussi besoin en science de "mélanger les chromosomes" et d'avoir de la fertilisation croisée pour garantir la vitalité des idées et du progrès scientifique.
Nous avons aussi tout intérêt à former des étudiants ouverts sur la richesse, la diversité mais aussi la complexité du monde actuel. Inclure un séjour à l'étranger dans un cursus de formation apporte un plus indéniable ; certains programmes européens comme Erasmus, dont nous avons fêté les 30 ans l'année dernière sont de ce point de vue remarquables, ils ont contribué à former des générations de citoyens européens qui sont maintenant pour beaucoup d'entre eux dans des postes à responsabilité publics ou privés dans les différents pays européens, et qui sont passés par la "case Erasmus". Quel meilleur vaccin contre le repli sur soi et le populisme que de former la jeunesse dans cet esprit d'ouverture ! Plus on passe des frontières, moins on a peur des frontières ! Et naturellement, envoyer nos étudiants dans des universités de pays partenaires implique d'accueillir les leurs...
Au-delà de ces échanges, des universités accueillantes et ouvertes sur le monde contribuent au pouvoir d'influence - soft power - de notre pays, de notre culture, de notre environnement économique.
Pour toutes ces raisons, l'université, mais aussi les institutions nationales, européennes et internationales, proposent un certain nombre de dispositifs d'accompagnement et de facilitation de ces multiples échanges et collaborations. C'est tout le sens de l'action européenne et internationale d'une université.
Quelles sont les grandes lignes de la stratégie internationale de l'Université de Lorraine ?
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Encourager et développer la mobilité entrante et sortante, des étudiants, des doctorants et des personnels
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Mettre l'accent sur l'attractivité du site, en adossant des formations très ouvertes à l'international à nos raies scientifiques les plus brillantes, en développant aussi des services d'accueil pour étudiants et chercheurs internationaux
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Développer un vrai positionnement d'université européenne sur la base de notre réseau transfrontalier Université de la Grande Région
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Développer notre présence dans les réseaux européens et dans des projets européens ambitieux, en formation comme en recherche
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Établir un ensemble limité de partenariats stratégiques avec des universités internationales, avec lesquelles nous partageons idéalement des activités de recherche conjointes, des thèses en cotutelle, et des formations conjointes ou en partenariat. La cible est d'avoir une dizaine à une quinzaine de tels partenariats privilégiés, sur lesquels nous pouvons flécher des moyens spécifiques.
Quelles sont vos réactions sur la position actuelle de l'Université de Lorraine dans le classement de Shanghai ?
Tout d'abord, il faut rester sobre. Il serait illusoire de penser que quelque classement que ce soit reflète à lui seul les caractéristiques, les forces et les faiblesses d'une institution aussi complexe et aussi variée qu'une université. Se baser uniquement sur un classement pour juger de la valeur d'une université serait aussi simpliste que se baser uniquement sur la prise de température d'un patient pour diagnostiquer son état. Mais cela ne veut pas dire qu'on jette le thermomètre ; tout limité qu'il soit, il donne une mesure et permet aussi de constater des évolutions, positives ou négatives. C'est la manière dont nous analysons la position de l'Université de Lorraine, notamment dans le classement de Shanghai.Ce dernier est très orienté recherche et rayonnement scientifique. Dans un contexte global de poussée vers le haut des classements de nombre de nouvelles universités, notamment asiatiques, on dit parfois que maintenir son rang est déjà un signe de vitalité et de qualité.Une université comme la nôtre, qui s'est clairement positionnée sur des priorités qui pour beaucoup touchent à l'ingénierie prise au sens large, est évidemment sensible à son évolution absolue et relative dans le classement par disciplines, notamment celles de l'ingénierie. Pour celles-ci, nous sommes classés cette année dans 13 de ces 22 disciplines, contre 11 l'année dernière. Cela inclut de très belles progressions qui reflètent bien l'analyse que nous faisons nous-mêmes de nos points forts : 24e mondial et 1er français (2e européen) en génie minier et minéral, 39e mondial et 2e français en automatique et contrôle, 48e mondial et 3e français en métallurgie, progression de la tranche 201-300 à la tranche 151-200 (tranche 7-12 au niveau national) en science et génie des matériaux, 1er rang français réaffirmé en génie des procédés malgré le recul en trompe-l’œil dans le classement mondial (nous étions 48e sur 300 universités l'année dernière, nous sommes dans la tranche 76-100 sur 500 universités cette année)...Mais le côté pluridisciplinaire de notre université n'est pas pour autant aux abonnés absents ; nous sommes aussi classés dans au moins une discipline de chacune des autres grandes catégories, avec des positionnements très corrects dans de grandes disciplines présentes partout, comme les sciences de la terre, les mathématiques, les sciences agronomiques ou la biologie, avec un très beau positionnement (50e mondial et 1er français) en santé publique, notamment.Nous avons aussi le plaisir cette année d'apparaître pour la première fois dans les sciences sociales, plus précisément en sciences de gestion / management, à une place qui reste certes plus modeste (tranche 401-500 au niveau mondial, 16-19 au niveau français), mais ce n'est qu'un début.Au total, l'Université de Lorraine est classée dans 23 disciplines sur 54.Nous ne fermons pas les yeux sur les quelques domaines où notre classement est en baisse ou sur la discipline pour laquelle nous disparaissons du top 500.Mais ce classement et surtout les évolutions disciplinaires d'une année à l'autre nous donnent quelques indications - plutôt encourageantes - sur notre trajectoire, notre rayonnement, la solidité de nos équipes de recherche et notre potentiel d'attractivité à l'international.
English version
How important are international relations to a university?
First of all, it’s in a university’s nature to be open to the world. Science doesn’t only happen within national borders, research communities are, by essence, international. Researchers and faculty members “compete” with their international counterparts, read and review each other’s articles, spend time in other labs during post doctorate visits, sabbaticals or shorter stays, etc. Science, as the shared sum of humanity’s knowledge, is built and expanded that way, brick after brick. Just like in genetics, we need diversity and cross fertilization to guarantee vitality in our ideas and scientific progress.
It’s also in our best interest to train students who are open to the wealth and diversity of today’s world, as well as its complexity. Including stays abroad in a curriculum is an undeniable plus; some European programs such as Erasmus, which celebrated its 30 years in 2017, are remarkable in that respect and have contributed to creating generations of European citizens. Many of those who went through the “Erasmus phase” are now working at high level positions in the public or private sector in different European countries. What better vaccine against isolationism and populism than to educate our young people to open mindedness! The more we cross borders, the less we fear them! Naturally, sending our students in foreign universities means welcoming theirs…
Aside from these exchanges, welcoming universities open to the world contribute to the influence or, soft power of our country, our culture and our economic environment. For all of these reasons, a university but also national, European and international institutions offer a large number of means to assist and facilitate these multiple exchanges and collaborations. Therein lies the whole purpose of a university’s European and international agenda.
What are the bullet points of the Université de Lorraine’s international strategy?
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Encouraging and developing inbound and outbound mobility of students, postgraduates and personnel.
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Emphasizing our territory’s attractiveness, by linking curriculums that are internationally oriented with the fields of scientific expertise in which we excel as well as developing our welcoming services for international students and researchers.
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Developing an actual policy of Europeanization through our Université de la Grande Région (Belgium, Luxembourg, Saarland and Lorraine) alliance.
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Developing our participation in European networks and ambitious projects in teaching as well as in research.
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Establishing a limited number of strategic partnerships with international universities, with whom we ideally share research activities, joint PhD degrees and joint or partner curriculums. The goal is to have between ten and fifteen of these privileged partnerships towards which we can direct dedicated funds.
What are your reactions on the Université de Lorraine’s current position in the Shanghai Rankings?
Above all, we need to keep cool. It would be unrealistic to think that any ranking could reflect on its own the characteristics, strengths and weaknesses of an institution as complex and diverse as a university. Relying solely on a ranking to judge a university’s value would be as simplistic as determining a patient’s condition based only on a thermometer reading. But this doesn’t mean you dump the thermometer; as limited as it is, it gives us a measure and allows us to observe evolution, positive of negative, which is how we analyze the position of Université de Lorraine, such as in the Shanghai rankings.
Those rankings rely heavily on scientific research and influence. In a global context of new universities, especially from Asia, rising to the upper ranks, it is sometimes said that maintaining one’s position is already a sign of health and vitality.
A university such as ours, which has set its priorities on engineering in a broad and global sense, is naturally aware of the absolute and relative evolution of its rank in various fields. Of the 22 fields related to engineering we are ranked in 13, whereas last year we only appeared in 11. This includes a few remarkable evolutions that are consistent with our own assessment of our strengths: 24th international and 1st French (2nd European) university in Mining & Mineral Engineering, 39th international and 2nd French in Automation & Control, 48th international and 3rd French in Metallurgical Engineering, as well as going from the 201-300th bracket to the 151-200th bracket (7-12 on the national raking scale) in Materials Science & Engineering.
However the multi-disciplinary aspect of our university isn’t lost in limbo; we’re also ranked in at least one discipline of every other category like Natural Sciences, Mathematics, Life Sciences, and most notably at the 50th international and 1st national position in Public Health.
We also have the pleasure of appearing for the first time in the social sciences ranking, more specifically in Management, at a modest position in the 401-500th bracket internationally and the 16-19th bracket domestically sure, but a promising start nonetheless.
In total, Université de Lorraine appears in 23 disciplines out of 54.
We do not avert our eyes from the few fields where our position is lower than before or even where we no longer even rank among the top 500 universities.
However, these rankings and the evolutions in the various fields from one year to another give a rather encouraging indication of our trajectory, our influence, the strength of our research teams and our potential to attract students and faculty on an international scale.