L’objectif de la Journée d’étude Éducation à l’interculturel en question(s) coorganisée par l'ESPÉ de Lorraine et les laboratoires ATILF (UL/CNRS) & LISEC le 28 mai dernier était d’explorer le thème de l’éducation à l’interculturel à travers la théorie, la recherche et la pratique. Tout d’abord, la théorie avec l’invitation faite à Martine Abdallah-Pretceille, professeure émérite qui a fait dans les années 1980 un travail fondateur du domaine, ensuite la recherche universitaire avec la présentation du projet Diperlang soutenu par l’ESPÉ de Lorraine, co-dirigée par Véronique Lemoine-Bresson et Stephanie Lerat et enfin, la pratique par la présentation d’ateliers pédagogiques d’interculturalité en actes, réalisés par des étudiants du parcours Master 2 PEPA de l'ESPÉ (site de Nancy-Maxéville).
La journée a commencé avec une conférence en deux temps menée par la conférencière invitée, avec la présence de plus de 40 participants, étudiants, formateurs, universitaires et membres de la communauté enseignante. Dans la première partie de la conférence intitulée De la différence à la diversité, Mme Abdallah-Pretceille a expliqué l’importance d’une conception de l’interculturel en tant que démarche et de la prise en compte des élèves dans leur individualité en résistant à la pratique trop courante de les mettre dans une case a priori. Elle a montré les problèmes que posent les explications déterministes et unicausa fréquemment relevées dans les représentations communes. La première partie a été suivi d’un temps d’échange animé où les idées ont été débattues qui s’est poursuivi autour d’un café préparé avec soin par le service restauration de l’ESPÉ. Dans la seconde partie de la matinée, Mme Abdallah-Pretceille a présenté de l’Éthique de la diversité et de l’altérité, en évoquant, entre autres, les thématiques de la laïcité et l’éducation civique. La matinée s’est terminée dans une ambiance d’échanges avec des interactions enrichissantes entre les différents participants, enseignantes et étudiantes concernant l’application pratique dans le contexte de l’école.
La pause de midi s’est faite autour d’un repas convivial proposé par l’ESPÉ où tous les étudiants PEPA étaient conviés. S’en est suivi un après-midi portant sur la recherche et la pratique avec une présentation du projet de recherche Diperlang rassemblant 4 chercheures de 3 laboratoires de recherche : Véronique Lemoine-Bresson et Stephanie Lerat de l’ATILF (UL/CNRS), Marie-José Gremmo du LISEC (UL), et Virigine Trémion de l’ICP Paris sur la thématique de la formation de et par l’interculturalité. Cette présentation a permis de contextualiser la suite du programme, à savoir la présentation des ateliers de mise en actes de l’interculturalité par les étudiants.
Bien que la journée d’étude ait été programmée en pleine période des oraux du concours CRPE, les étudiants du Master 2 PEPA inscrits dans l’option « Langues et Interculturalité » sont venus en force pour présenter leurs ateliers conçus dans le cadre de l’option et mis à l’épreuve du terrain plusieurs fois auprès d’élèves dans des écoles de Nancy, de Vandoeuvre sur des temps scolaires et périscolaire et à l’école européenne Kirchberg au Luxembourg. Mme Abdallah-Pretceille, pionnière de la conceptualisation de l’interculturalité dans les mondes francophones, a pris part aux débats autour des ateliers des étudiants qui ont osé une mise en pratique originale des contenus théoriques co-construits en cours et qui abordaient chacun de leur façon l’interculturalité.
Le premier atelier, "Les notions de stéréotypages" créé par Marine Foury, Émeline Mathieu et Nolwenn Courrier, avait comme objectif de questionner les notions de stéréotypages de « l’autre, cet étranger ». Ensuite, Laura Choffe, Lucas Arnoult et Quentin Schmitz ont partagé leur atelier, "Essentialisation et altérisation" qui a été conçu autour de la fable La grenouille et le scorpion. L’atelier "Les effets de la catégorisation" réalisé par Nadriye Toparslan, Julie Vérut, Mahaut Habert, Marion Gérard et Marine Chotel partait du film Zootopia pour explorer le genre et les métiers. Fanny Grassiet, Adèle Mirachi ont partagé leur expérience par rapport à l’atelier qu’elle avait conçu avec Sonia Dirand, "La question des genres" qui portait également sur les assignations fille-garçon, mais dans le cadre des loisirs. Le dernier atelier, élaboré par Lucille Kress, Chloé Fiegel et Vanille Mazoyer « Les émotions d’Anatole » abordait la question des émotions liée aux handicaps à partir d’un album jeunesse, La petite casserole d’Anatole de Isabelle Carrier. Le retour sur les ateliers a été très positif avec des remarques et des pistes de réflexion pertinentes. Mme Abdallah-Pretceille a suggéré aux étudiants de réfléchir à l’éventuelle publication d’un ouvrage avec leur enseignante de l’UE "Langues et Interculturalité", d’une part théorique et d’autre part pédagogique pour satisfaire le véritable besoin de ce genre de ressources pour l’éducation à l’interculturalité dans le monde éducatif.
Les discussions ont continué bien après la fin officielle de la journée d’étude et notamment dans des échanges informelles entre Martine Abdallah Pretceille et les étudiants… les débats sont à poursuivre et pourraient certainement être repris l’année prochaine lors de la deuxième édition !
Retour sur expérience de nos étudiants
Nadriye, T., Master 2 MEEF, Parcours PEPA, site de Nancy-Maxéville
Avec les étudiants du master MEEF PEPA, nous avons participé à la journée d’étude « l’éducation à l’interculturel en questions ». Durant cette journée, nous avons eu l’occasion d’assister à la conférence de Martine Abdallah Pretceille, et par la suite nous avons pu échanger sur le thème de la diversité par deux exposés nommés « De la différence à la diversité » ainsi que « Ethique de la diversité et de l’altérité ».
Plus tard dans la matinée, nous avons assisté à la présentation de Diperlang qui est un projet qui porte sur la diversité des personnes et des langues dont la problématique était « comment les enseignants s’approprient les outils conceptuels et méthodologiques qui permettraient de mieux prendre en compte le soi ainsi que la diversité ? ». Nous avons donc pu lier la matinée qui avait pour objectif de tenter de former tout le personnel enseignant à la diversité, et notamment à travers des ateliers se déroulant l’après-midi qui avaient été mis en place par les étudiants de master MEEF PEPA de Véronique Lemoine-Bresson.
Nous avons animé différents ateliers, tous ayant pour finalité de remettre en question notre rapport à l’interculturalité.
L’atelier numéro un, permettait de travailler les notions de stéréotypages, plus précisément de « l’autre cet étranger » à travers un recueil de représentations et une activité d’expression de sa diversité.
Le second atelier portait sur les notions d’essentialisation ainsi que d’altérisation. Les étudiants ont pu étudier le début d’une fable qui se nomme « la grenouille et le scorpion » pour faire émerger des hypothèses quant à la suite de l’écriture de celle-ci.
Le troisième atelier, nous permettait de nous poser la question des genres en confrontant des points de vue sur le discours commun et permettre aux élèves de classe élémentaire de s’exprimer autours de leurs loisirs et de leurs goûts.
Le quatrième atelier concernait les effets de la catégorisation, à partir d’un film d’animation appelé « Zootopie » et dont le visionnage débouchait sur les métiers associés au genre.
Enfin, le cinquième et dernier atelier mis en place dans les écoles de Nancy portait sur les émotions d’Anatole, c’est-à-dire sur les émotions en situation de stigmatisation à l’aide d’un album jeunesse et d’un court métrage d’animation.Je suis étudiante en Master MEEF PEPA et je fais partie de l’enseignement langues et interculturalité avec Madame Véronique Lemoine-Bresson. Cette journée d’étude sur l’éducation à l’interculturel en questions a permis de clôturer notre formation de façon complémentaire. En effet, cette journée était complète, car dans un premier temps nous avons bénéficié d’une partie théorique grâce à la conférence de Martine Abdallah Pretceille et dans un second temps, par la partie pratique.
Aussi, nous avons pu mettre en place les ateliers dans différentes écoles de Nancy et nous les avons ensuite présentés durant la journée d’étude. Pour la présentation d’ateliers, nous avons eu différents choix : remettre l’atelier en place mais avec un public différent (ici des adultes) ou choisir de leur expliquer la conception de la séance par les méthodes utilisées, les idées et le choix du thème abordé. Par conséquent, nous avons de réels exemples et nous avons pu partager nos retours sur les échanges que nous avons partagés avec les élèves des différentes écoles. Nous étions libres concernant nos choix allant de l’élaboration de nos séances jusqu’à la présentation de celles-ci sous formes d’ateliers.
Concernant les réponses que les élèves nous ont donnés, il est surprenant de voir qu’une majorité d’élèves semblent avoir des stéréotypes et ne pensent pas qu’il est possible que chacun fasse ce qu’il veuille, mais plutôt ce qu’il « peut » faire par rapport à son genre.
Il est important de souligner ici que durant notre atelier portant sur les effets de la catégorisation, les notions de déterminisme et de stéréotypes ont été étudiées en vue de les déconstruire, puisqu’ils sont toujours mis en application, par les élèves eux-mêmes. A la fin de nos interventions dans les classes, les élèves étaient capables de comprendre et définir ce qu’était un stéréotype et de comprendre que chacun pouvait faire ce qu’il voulait sans empêchement et sans s’arrêter sur le genre auquel il appartient.Il était intéressant de présenter ces ateliers, mais aussi très enrichissant de pouvoir écouter nos camarades nous expliquer les leurs. Cela nous effectivement a permis d’ouvrir nos regards sur les diverses méthodes mises en œuvre pour aborder de multiples thèmes aussi sensibles les uns que les autres. De plus, tout cela nous apprend à nous remettre en question de façon constante sur notre rôle à jouer en tant qu’acteur dans l’enseignement. Et cela quel que soit notre place dans l’institution ou tout simplement en tant qu’être humain vivant en collectivité et dans la société plurielle d’aujourd’hui.
Guillaume C., Master 2 MEEF, Parcours IP, site de Nancy-Maxéville :
En tant qu'étudiant.e, on hésite parfois à participer aux différentes journées d'études et séminaires organisé.e.s par l'Université. En tant que jeunes, majoritairement, on pense toujours avoir mieux à faire, on compte le temps passé à la fac et œuvrons pour ne surtout pas faire d'heures supplémentaires. Grâce, notamment à Mme Lemoine-Bresson, enseignante en Interculturalité pour ma promo de M2 Ingénierie Pédagogique, j'ai appris à ouvrir ma curiosité aux diverses invitations de l'Université et cette journée d'étude interculturelle fut ainsi ma première fois. Et quelle première ! Je recommande vivement à tou.te.s les étudiant.e.s curieu.se.s d'oser s'aventurer aux différentes journées d'études et séminaires qui s'organisent car pour moi ce fut un début que je perpétue encore aujourd'hui et surtout un véritable bol d'air intellectuel, des discussions intéressantes et cela m'a, d'une part, offert une autre vision de l'Université et, d'autre part, m'a permis de construire un projet personnel plus assuré par les rencontres que j'ai pu y faire.
Laura B., Master 2 MEEF, Parcours IP, site de Metz-Montigny :
Cette journée m'a permis d'étoffer mon mémoire qui interroge des notions d'interculturalité. J'ai pu consolider mes connaissances par rapport aux concepts d'assignation, d'identité. Grâce à la conférence de Madame Addallah Pretceille, j'ai pu découvrir toutes les notions d'éthique qui existaient dans ce domaine et qui me serviront dans mes futures expériences professionnelles, en tant qu'ingénieur pédagogique. Le fait de pouvoir écouter les échanges entre le public et la chercheuse fût également une expérience très intéressante pour voir quelles interrogations les autres participants avaient et comment Madame Pretceille y répondait. Ce fût très formateur pour la partie questions du mémoire lors de ma soutenance.