Jérôme Pozzi – Maître de conférences en Histoire contemporaine au campus Lettres et Sciences Humaines depuis septembre 2015 – est spécialiste d’histoire politique et culturelle du XXème siècle.
Il s’est intéressé en particulier :
- aux mouvements gaullistes (son sujet de thèse publié sous le titre Les mouvements gaullistes. Partis, associations et réseaux 1958-1976, Rennes, PUR, 2011) et donc à leurs opposants, notamment à travers les périodes électorales et lors des événements de Mai 68.
- à la question de Mai 68 à l’échelle nationale et locale, qui est centrale dans l’histoire politique, sociale et culturelle de la seconde moitié du XXème siècle.
- aux oppositions au processus de construction européenne (souverainisme et euroscepticisme).
- à l’histoire des entourages des hommes politiques et notamment à la question des conseillers en communication.
« Explorons le hasard »
En 2003, à l’occasion d’un colloque nancéien sur le thème de la provocation, organisé par Didier Francfort (Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Lorraine) et dont les actes ont été publiés (D. Francfort, dir., Culture de la provocation, Nancy, PUN, 2007), Jérôme Pozzi effectue une communication sur Mai 68 à Nancy. Il utilise pour cela principalement 2 sources de documents : les archives départementales pour la version officielle, et des archives retrouvées cette année-là à la bibliothèque universitaire de Lettres, Science Humaines et Sociales située sur le campus nancéien pour la version « étudiante », de l’intérieur du mouvement.
C’est Gérard Thirion, bibliothécaire au moment de Mai 68 et qui a ensuite poursuivi sa carrière à la Bibliothèque nationale de France, qui a pressenti l’intérêt des tracts politiques et autres affiches produites par les étudiants à cette époque et a entrepris de les collecter. Ce petit trésor a été découvert bien préservé dans une armoire de la BU.
Les tracts des mouvements politiques UEC (Union des Etudiants Communistes), GLEM (Groupement de Liaison des Etudiants Marxistes), anarchistes, etc., tous situés à « la gauche de la gauche », avaient des thématiques variées : la contestation du pouvoir bien entendu, mais aussi des sujets qui concernaient directement l’université tels la remise en cause de son organisation, la question de la mixité, demander un décloisonnement des rapports entre enseignants et étudiants …
Un des aboutissements de cette lutte a pris forme dans la loi sur l’orientation de l’enseignement supérieur mise en place par Edgar Faure en novembre 1968, qui a permis une meilleure représentation des étudiants dans les instances de décision de l’université (Conseil universitaire), la création des unités d’enseignement et de recherche (UER), la généralisation des travaux dirigés en plus des traditionnels cours magistraux, un nouveau système d’examens avec l’instauration des Unités de valeur (UV)…
Redonner vie à Mai 68
Un projet pédagogique est né autour de ces archives, encadré par Jérôme Pozzi ainsi que Pascal Raggi, maître de conférences également, et Frédérique Péguiron, responsable de la BU de Lettres, Science Humaines et Sociales. En sélectionnant des affiches, des étudiants en 2ème année de Licence Histoire ont réalisé des posters et créé une exposition qui met en valeur leur intérêt historique. Elle sera inaugurée à l’occasion des JACES (Journées des Arts et de la Culture dans l’Enseignement Supérieur) le 5 avril à 19h.
A partir de là, et à l’occasion des 50 ans du mouvement, le 5 avril sera une journée particulière pour le campus Lettres qui nous fera revivre l’ambiance de Mai 68 à travers :
- des concerts
- du théâtre
- des expositions dont celle des étudiants en Histoire
- 4 conférences par des enseignants chercheurs de l’Université de Lorraine et une doctorante
- Ouvriers et étudiants en Lorraine en Mai 68 par Pascal Raggi (MCF, UL, CRULH)
- Les étudiants de Nancy en Mai 68 par Jérôme Pozzi (MCF, UL, CRULH)
- Les musiques de Mai 68 par Didier Francfort (PR, UL, CERCLE)
- La crise de mai 68 : le rôle de l’Université en question par Magali Roux (Doctorante, UL, LISEC)
Pour l’avenir
Au-delà des JACES, un projet d’inventaire et numérisation des archives retrouvées à la BU Lettres, Sciences Humaines et Sociales est mené par un étudiant en première année de Master Patrimoine.
Ce mouvement peut être remis en perspective avec des problématiques actuelles et des mouvements ouvriers et étudiants plus contemporains, comme les mobilisations contre le projet de loi Devaquet en 1986 ou contre le Contrat Première Embauche (CPE) en 2006.
Jérôme Pozzi s’intéresse désormais aux questions qui concernent la communication politique et les entourages, avec entre autres la publication prochaine des actes d’un colloque qu’il avait organisé, intitulé De l’attachée de presse au conseiller en communication. Pour une histoire des spin doctors, Rennes, PUR, 2018.
En attendant, toute la programmation du 5 avril en cliquant ici.