La Faculté des Lettres de Nancy en mai 68

 
Date(s): 
Jeudi 5 avril 2018 - 12:00 - 22:00
Lieu(x): 
Campus lettres et sciences humaines
23 boulevard Albert 1er - BP 60446 BU Lettres, MDE, Préau du campus, Amphi Déléage
54001 NANCY CEDEX

Présentation de l'exposition par Jérôme Pozzi

L’année 2018 est le 50e anniversaire de l’événement Mai 68. Une exposition La Faculté des Lettres en Mai 1968, agrémentée de rencontres, conférences et débats est proposée à la bibliothèque universitaire de lettres, sciences humaines et sociales de Nancy. Le projet est porté par la bibliothèque universitaire de lettres, sciences humaines et sociales de Nancy, avec le soutien du service Culture scientifique et technique de l’Université de Lorraine.

50 ans après, les événements qui se sont produits en mai 68 sont toujours présents dans la mémoire de nos contemporains. Les images des cortèges d’étudiants ou de salariés du printemps 1968 ne cessent de rejaillir dans l’actualité au gré des commémorations. Par ailleurs, nombreux ont été les acteurs de premier ou de second plan du «Mai français» à publier leurs témoignages, qu’il s’agisse d’anciens leaders de mouvements étudiants, d’hommes politiques occupant des positions importantes au cœur de l’Etat ou de simples militants.

Le 50ème anniversaire qui se profile en mai 2018 est l’occasion de porter notre focale sur Nancy en 1968 et notamment sur la faculté des lettres. Crise étudiante, mais également sociale et politique, mai 68 fait figure d’«événement Janus» (Jean-François Sirinelli) dont les «vies ultérieures» (Kristin Ross) ont été multiples. Si les manifestations et les débordements du Quartier latin ont marqué les esprits, elles ont eu tendance, de par leur ampleur et leur intensité, à masquer les événements des villes de province. Avec 21000 étudiants en 1968, la cité ducale a connu un doublement de ses effectifs depuis 1960, soit une proportion sensiblement proche de l’augmentation constatée à l’échelle nationale. Dès la première semaine de mars, des lycéens se mobilisent pour obtenir plus de souplesse dans les règlements intérieurs et les étudiants demandent que la mixité soit mise en place dans les résidences universitaires. Dans le centre-ville, la salle Poirel est occupée et devient, toute proportion gardée, une sorte d’«Odéon lorrain», lieu d’une tribune permanente. A la faculté des lettres, l’espace est redéfini, ainsi que l’attribution des salles. L’amphithéâtre 52 est le siège des AG permanentes et la cafétéria est rebaptisée «Bar prolétarien». Les journées sont rythmées par des réunions au cours desquelles les participants rêvent d’un monde meilleur et critiquent pêle-mêle la consommation de masse, la société bloquée et l’impérialisme américain. Leurs débats sont animés par de la danse, de la musique ou encore des représentations théâtrales puisqu’un certain nombre d’étudiants ont participé au Festival mondial du théâtre universitaire qui s’est déroulé quelques semaines auparavant à Nancy. Enfin, certains bâtiments sont occupés nuit et jour par des étudiants entre le 28 mai et le 7 juin.

50 ans après les événements, il convient de dresser un état des lieux et de mettre en perspective  les mobilisations étudiantes nancéiennes. Connue pour la sérénité de sa vie universitaire et une certaine modération politique, Nancy a-t-elle été touchée par des manifestations et des affrontements violents entre étudiants et forces de l’ordre, à l’instar de ceux qui ont eu lieu dans la capitale ?  Quels ont été les mots d’ordre des étudiants de la faculté des lettres en mai 1968 ? Se sont-ils contentés de suivre les directives et les slogans parisiens ou ont-ils essayé de porter des revendications locales ? La chronologie des événements est-elle la même à Nancy qu’à Paris ? Un certain nombre de réponses à ces questions peuvent être apportées grâce aux documents qui ont été collectés en mai 1968 par Gérard Thirion, alors bibliothécaire à la BU de lettres. Tracts, affiches, articles de presse sont autant de sources qui permettent de retracer l’histoire d’un des moments clés de la vie politique et sociale de la France dans la seconde moitié du XXe siècle.

Progamme de la Journée du 5 Avril 2018 à la bibliothèque de lettres, sciences humaines et sociales

CONCERTS 12h-15h
Deux formations de «rock improvisé» du Loria et d’INRIA interpréteront des morceaux de musique pour rappeler  l’ambiance musicale dans laquelle évoluaient les événements de Mai 68.
1er groupe  Sylvain CONTASSOT-VIVIER au saxophone, Antoine FALCONE aux claviers, Emmanuel NATAF à la basse et au chant, Pierre-Jean SPAENLEHAUER à la guitare, Philippe VINCENT à la  batterie.
2ème groupe  Guitare : Pierre-Jean PANTEIX, Basse : Gwendal KERVERN, Batterie : Pierre-Jean SPAENLEHAUER.
Valérie FORTUNE  Etudiante, poétesse, conteuse  de l’Université de Lorraine introduira les concerts en slammant sur ses propres textes.

THEATRE 15h-16h

Lecture d’extraits de «La Grève» par les étudiants du Théâtre Universitaire de Nancy dirigés par Caroline BORNEMANN et Denis MILOS.

Cette  pièce écrite en mai 1968 par des membres du théâtre universitaire d’alors et en collaboration avec des ouvriers occupant leur usine, rend hommage aux luttes ouvrières. Jouée aux portes des usines occupées, elle se rattache au courant de l’Agit-prop, celui d’un théâtre qui se voulait «au service du peuple». 

Suivra un moment de contextualisation de «La Grève». Des témoignages, par certains contributeurs de la pièce de théâtre, permettront de revivre les moments forts la faculté des lettres en mai 68.

CONFERENCE 17h-19h

Pascal RAGGI Maître de conférences HDR en histoire contemporaine - Université de Lorraine - Nancy - Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire (CRULH) introduira les conférences. Il débutera la séance par la présentation d’un projet pédagogique autour du fonds d’archives «mai68» de la bibliothèque universitaire de lettres, sciences humaines et sociales. Ses étudiants en L2 Histoire, présenteront les posters réalisés à partir des affiches, des journaux et des tracts de l’époque des événements sur la faculté des lettres en 1968.

Jérôme POZZI Maître de conférences en histoire contemporaine - Université de Lorraine - Nancy - Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire (CRULH) - EA3945

«Les étudiants de Nancy en Mai 68»

Cette conférence a pour objectif de présenter un panorama du milieu étudiant à Nancy en mai 1968. Comment se répartissent les 20000 étudiants présents dans la cité ducale à cette date et comment s’organise leur vie universitaire ? Nous mettrons également l’accent sur la politisation réelle ou supposée des étudiants dans les années 1960 à l’échelle d’une ville de province, réputée comme plutôt calme. Nous verrons que l’engagement des étudiants se manifeste au travers  d’organisation politiques, mais aussi dans le cadre d’associations, à l’instar de l’Association générale des étudiants de Nancy (AGEN).

Magali ROUX Doctorante, Université de Lorraine, Lisec, Laboratoire Interuniversité en Sciences de l'Education et de la Communication (EA 2310)

«La crise de Mai 68 : Le rôle de l’Université en question»

Notre communication s’appuie sur une thèse en sciences de l’éducation portant sur la dimension politique de la formation.  Nous questionnerons les transformations et réformes du système éducatif à l’œuvre durant la crise de 1968, et plus particulièrement la remise en question du rôle de l’université dans le système global de formation professionnelle.