Brunch Industrie du Futur : la place de l’homme au cœur de l’usine 4.0

 
Publié le 21/06/2017 - Mis à jour le 22/06/2017

Le Brunch a pris une dimension Grand Est le 14 juin en se greffant à la première édition du salon Industrie du Futur à Mulhouse. Lors de cet évènement rassemblant des centaines d’entreprises venues des quatre coins de la région, la table ronde a permis, pendant la pause méridienne, son habituel alliage d’industriels et d’universitaires, réunis pour échanger sur le thème de la “Fabrique Grand Est Durable Résiliente”. Comment les PME peuvent-elles s’adapter à ce que nomment les experts comme étant la “4ème révolution industrielle” ? Quels sont les outils à intégrer, à penser, pour que l’usine d’aujourd’hui devienne l’usine de demain ?

En marge de l’espace d’exposition du salon, le Brunch a permis aux méninges de s’exercer, posant la réflexion sur l’alliance entre l’homme et la machine dans un environnement hyperconnecté. Quelle place pour l’homme dans l’industrie du futur ? Le virage technologique est déjà opéré, mais roule-t-on à la bonne vitesse, avec le bon conducteur ? PSA, acteur dominant du circuit, assurait son implication par la présence de Stéphane Cubaynes, responsable innovations et subventions du groupe PSA de Mulhouse.

L’hyperflexibilité : première tendance adossée à la mise en place d’une plateforme connectée tel que le site PSA de Mulhouse. Stéphane Cubaynes témoigne : “L’usine du futur amène à une mutation technologique des compétences”. Certes, les objets, les outils et la logistique sont connectés, mais l’homme doit pouvoir suivre. “Le changement vient de l’intérieur mais faut-il encore pouvoir y accéder” prévient Farouk Yalaoui, directeur du Laboratoire d’Optimisation des Systèmes Industriels de l’UTT de Troyes. L’usine du futur représente une rupture assurant la connectivité, l’idée étant de faire converger les systèmes pour communiquer de l’information. Selon Farouk Yalaoui, l’usine 4.0 c’est avant tout “insérer les outils de transformation au sein de la société”.

Le challenge de la connectivité structurée amène à la problématique des données, et par là même, la gestion des risques liés à celles-ci. “Plus on a de données à gérer, plus on a du mal à les différencier, à identifier leur criticité” avertit Laurent Legand, chercheur associé dans le Laboratoire PERSEUS et fondateur de la start-up innovante Perform Management. Sa démarche ? Mettre en place des modules afin de hiérarchiser au mieux les données. Par la déclaration d’un incident se crée un processus amenant à une reconsidération de la prise de décision face aux risques. A terme, l’objectif étant de détecter les erreurs commises par l’homme. L’innovation, elle, demande une gestion tout aussi exigeante. Johan Claire, président de la startup Innovation Way, saisit sa casquette d’entrepreneur et joue le jeu de la projection : “Moi PME : l’industrie du futur c’est bien joli, mais comment voulez-vous que j’aille chercher la lune ?” L’énorme enjeu reposant sur le dos du concept ne doit pas parasiter la demande forte des PME. Johan Claire insiste : “On fait maturer les technologies mais on a oublié de faire maturer les PME (...) elles doivent pouvoir produire de l’innovation.”

Les problématiques débattues ont amené à considérer de nouveaux enjeux pratiques et le besoin de cibler une question centrale : comment dépasser les technologies pour envisager la performance globale ? Le consensus se fait au cœur des échanges sur la stratégie à adopter. Benoit Iung, professeur au CRAN, référent Usine du Futur au sein de l’Université de Lorraine et animateur du Brunch pour l’occasion, insiste sur “la nécessité d’avoir une vision unique sur le thème de l’industrie du futur”. Penser collectif face à un enjeu rassembleur amène à synchroniser la vitesse de marche. “On est dans un monde qui bouge très vite, la volonté c’est d’aller encore plus vite pour avoir un coup d’avance.” propose Stéphane Cubaynes. La recherche d’une connectivité humaine au-delà des évolutions technologiques, c’est reconsidérer la place de l’humain dans l’industrie du futur. Fritz Lang le clamait dans son chef d’œuvre visionnaire, Metropolis : “Entre le cerveau et la main, le médiateur doit être le cœur.” Au cœur du travail se niche le sens. Laurent Legand conclut : “la première chose à faire pour les travailleurs, pour les usagers, c’est créer du sens”.

Pour tout renseignement complémentaire, contactez Morgane STEFAN : morgane.stefan@univ-lorraine.fr ou à l'adresse suivante : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr

Article rédigé par Alexandre POUPENEY, en 1ère année de Master "Documentation numérique", en charge de la digitalisation du Brunch (Mail : alexandre.poupeney3@etu.univ-lorraine.fr)
Photographies et captation par Hugo COHEN et Jean MARQUES, Étudiants à l'IECA

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