Colombie, Mexique, Afrique du Sud, Corée, Chine, Japon, Russie, USA, Royaume Uni, Italie, Allemagne… 300 participants sont réunis à Nancy jusqu’au 12 mai pour Pyro 2016, la 21ème conférence internationale sur l’analyse et les applications de la pyrolyse. « C’est sans doute la plus grosse édition qu’ait connu la conférence créée en 1965, nous avons dû revoir notre organisation pour faire face à l’affluence » constate Anthony Dufour, chargé de recherche au Laboratoire réactions et génie des procédés (LRGP, une UMR CNRS), où, avec ses collègues, il prépare la conférence depuis deux ans. En Lorraine, la pyrolyse concerne plus de cinquante chercheurs, « cela fait de nous l’un des plus importants groupes dans ce domaine, au niveau mondial » juge Anthony Dufour après avoir dénombré les chercheurs concernés dans les laboratoires LERMAB, GéoRessources, LIEC, LCP-A2MC, LEMTA, CRM2 ou à l’Institut Jean Lamour.
« Lorsque l’on chauffe un solide, un liquide ou un gaz en l’absence d’oxygène, on casse les molécules pour en obtenir d’autres. C’est la pyrolyse. » résume Anthony Dufour. « Cela s’applique aux pneus, peintures, bois, sols, déchets, combustibles fossiles, boues, plastiques… » poursuit Guillain Mauviel, maître de conférences à l’ENSIC. La pyrolyse trouve de nombreuses applications, notamment dans le champ des procédés liés à la transition énergétique. C’est aussi un outil pour comprendre les phénomènes naturels tels que la formation des gisements pétroliers, tracer les polluants dans l’environnement ou analyser les matériaux : « cette semaine, certains présentent des travaux dans le domaine de la police scientifique, de l’archéologie ou pour l’analyse d’œuvres d’Art » ajoute Guillain Mauviel.
Face aux enjeux climatiques et énergétiques, les précédentes éditions de la conférence ont mis de plus en plus l’accent sur le recours à la pyrolyse dans les procédés de valorisation de la biomasse. En la matière, le projet Lorver est emblématique : il mobilise une dizaine de laboratoires lorrains autour de la requalification de friches industrielles grâce à la culture de biomasse destinée aux besoins non-alimentaires, et notamment à la production de « biochar », un charbon d’origine végétale, obtenu par pyrolyse. Outre ce projet, la Lorraine compte deux pilotes importants de pyrolyse tels qu’il n’en existe qu’une vingtaine de par le monde.
Cette année, la conférence Pyro 2016 rétablit un équilibre entre les applications prometteuses de la pyrolyse destinées à la transition énergétique et ses autres domaines d’application. « La pyrolyse permet aussi de produire des matériaux à forte valeur ajoutée : des composites utiles à l’aéronautique et à l’aérospatiale » souligne Valérie Vitzthum, maître de conférences à l’EEIGM. Dans tous ces domaines, les chercheurs lorrains bénéficient d’un environnement de choix, grâce à la présence d’équipements de pointe tels que les spectromètres de masse, les RMN ou des laboratoires de pyrolyse à haute pression. Enfin, les laboratoires lorrains sont un véritable vivier pour le partage de compétences autour des outils d’analyse de tous types de produits de pyrolyse, solides, liquides ou gaz