Master class de Stéphane Brizé à l’IECA

 
Publié le 6/04/2016 - Mis à jour le 12/04/2016
Stéphane Brizé

Mardi 29 mars, Stéphane Brizé, réalisateur de La Loi du marché, s’entretenait avec Michel Ciment, directeur de Positif, devant les étudiants de l’Institut européen du cinéma et de l’audiovisuel (IECA).

C’est en pleine post-production de son dernier film adapté d’Une vie de Maupassant, que Stéphane Brizé a effectué le voyage jusqu’à Nancy pour présenter une master class dans l’amphi bondé de l’IECA. Comme pour la leçon de cinéma des frères Dardenne l’année dernière, c’est Michel Ciment, directeur de la revue de cinéma Positif, qui mène les débats, basés sur des extraits de films : La Loi du marché, Le Bleu des villes, Je ne suis pas là pour être aimé, Entre adultes, Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps.

Cette master class est ma première rencontre avec des étudiants. Michel Ciment m’a proposé de parler de mon parcours, de mes choix et de mon travail à des jeunes gens qui sont à ce moment de la vie où ils décident de ce qu'ils feront. Le cinéma est une question de point de vue et cela commence, avant même de capter sa première image, par la nécessité d'affirmer son désir contre vents et marées. Imposer sa propre histoire avant de commencer à en raconter d'autres. Il me parait important de partager cette expérience.

La leçon débute par La Loi du marché, récompensé par deux fois du prix d’interprétation masculine à Cannes et aux César pour Vincent Lindon. Le réalisateur développe les parti-pris de mise en scène et le travail avec les acteurs permettant d’atteindre l’effet de réel qui fait la force du film. L’occasion pour lui de décrire longuement la relation qui l’unit à Vincent Lindon, véritable alter ego avec lequel il a tourné trois de ses films. Mais que ce soit à propos des stars ou des acteurs non professionnels, le regard et le discours de Stéphane Brizé sont remplis de tendresse et d’attention. Alors que se suivent les extraits de ses films, il évoque les hommes et les femmes rencontrés, et la manière dont les films ont parfois changé leur vie.

Si le cinéma a changé une vie, c’est bien la sienne. Issu d’un milieu extrêmement modeste, il suit une voie rassurante pour ses parents sous la forme d’un DUT d’électronique pour lequel il réalise un stage à France 3 Rennes, comme technicien et s’y fait embaucher pendant un an. Lui qui n’ouvrait que rarement des livres et n’allait pas au cinéma, il découvre un monde inconnu qui le passionne. Il a 20 ans et il va, comme il le dit lui-même, « trahir son milieu social » en montant à Paris prendre des cours de théâtre. Une décision qui mènera son père à ne plus lui parler pendant 6 ans. Les années passant, il met en scène des pièces de théâtre, écrit des scénarios et bientôt réalise des courts métrages qui le mèneront au long.

Cette rupture de situation sociale est au centre de ses films, à travers une galerie de personnages qui se trouvent en position de changer de vie.

Devant la vie, Stéphane Brizé a gardé la confiance de l’innocence. A l’écouter, chacune de ses expériences, même négative, est une chance de progresser et de forger son style, et, au-delà, d’avancer personnellement et de se questionner sur son être intime.

Et son désir de cinéma reste plus fort que les blocages budgétaires :

Entre adulte a été tourné avec 2 caméras en 4 jours. Et c’est le petit budget de La Loi du marché qui lui donne cet effet de réel. Alors faire des films, même avec peu d’argent, c’est possible.

Stéphane Brizé et Michel Ciment
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Stéphane Brizé et Michel Ciment